Une seconde avant Noël.
Romain SARDOU.
Editions Pocket, janvier 2007 (Chez XO Editions en 2005)
288 pages
Thèmes abordés : aventures, quête d'identité, amitié, confiance en soi, Noël, croyances.
Vous pensez vraiment connaître la véritable origine de Noël ?! Oubliez-la, elle n'est que mensonge !
Voici la vraie, qui nous est contée par Romain Sardou. Il devine d'ailleurs notre incrédulité en s'adressant à nous, et en nous accompagnant tout au long du récit pour témoigner de sa véracité.
Il ya déjà plus de mille ans de cela, les Anges, Génies et Immortels qui peuplaient la Terre s'en sont allés à cause de la propension des Hommes à vouloir s'emparer de leur Pouvoir. Ce fut Le Grand Départ vers un ailleurs au-delà de la couverture nuageuse.
Garants du merveilleux, ils ne laissèrent d'eux aux Hommes qu'un souvenir diffus présent dans les contes, les légendes et les croyances.
Mais au fil des siècles, leur capacité à rêver s'en trouva toujours plus diminuée, affectant toujours plus les enfants. Si les enfants ne sont plus capables d'imaginer, de s'inventer des histoires, si les légendes se perdent, vers où va l'humanité ? Et, qu'adviendra-t-il d'Eux, bannis volontaires ?! Aucun retour possible sur Terre ne serait plus envisageable.
En cette fin de XIXe siècle, 1851 précisément, à l'approche de Noël, le Conseil présidé par la Fée Dora est particulièrement tendu et conscient du problème.
Il leur faut agir.
Pour cela, un génie révoqué, Balbek, est envoyé sur Terre.
Tu ne dois pas seulement inventer un personnage, tu dois créer un esprit de Noël, un esprit de fête et de communion entre les grands et les petits, c'est cela qui fait le plus cruellement défaut au monde. Noël ne signifie plus rien. Tu dois redonner du sens à cette date.
Pour cela, il faut partir des enfants. C'est eux la clé de tout. Ne te méprends pas, tu vas accomplir la première intervention des Anges sur la terre depuis très longtemps : eh bien, que cela soit par et pour les enfants, c'est primordial.
Page 48.
Dans le même temps, nous faisons connaissance avec Harold Gui, neuf ans, gamin des rues de la triste et noire cité industrielle de Cokecuttle, échappé de l'infâme orphelinat appelée End's End de l'acariâtre Miss Parrot.
Il vit sous un pont avec un clochard lettré appelé Le Falou, qui lui conte autant qu'il le peut des histoires et des légendes tout en regardant le ciel étoilé.
Mais ce dernier est assassiné, Harold inculpé d'homicide en plus d'escroquerie et envoyé en Ecosse dans la ferme de redressement du frère de Miss Parrot.
Contre toute attente, cette succession d'évènements tragiques va être déterminante pour son avenir. De petits riens en petites choses, la vie d'Harold va peu à peu prendre une tournure extraordinaire.
Il fait la rencontre de lutins qui vont l'aider et qu'il va aider. Il est leur Sauveur. Ensemble (chose nouvelle pour les lutins), ils vont œuvrer, petit à petit, par petites touches ou grands changements, à ériger un nouveau mythe pour les enfants, loin du sordide monde des adultes. Et ainsi donner naissance au Père Noël et à son univers.
L'originalité de ce roman (au titre interrogateur) ne tient pas tant dans le destin d'Harold que l'on devine, très vite, merveilleux et extraordinaire, mais plutôt dans le déroulé, voire les explications, de la construction du mythe de Noël et de sa magie.
Il y avait d'abord un problème de communication avec les populations, il fallait ensuite faire admettre l'étrange mission voulue par des lutins invisibles et surtout ne pas se laisser prendre pour des vagabonds ou des bohémiens. Comment atteindre les enfants sans passer par ces adultes qui se méfiaient de tout ?
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Les Lutins, le choix du Pôle Nord, les rennes, l'usine à jouets, les courriers des enfants, la physionomie ronde et joviale du Père Noel (et d'ailleurs pourquoi ce nom ?), le passage dans la cheminée, la faculté de faire le tour du monde en une nuit, les clochettes.
Jusque dans la chronologie.
Le récit se termine avec la réussite du Premier Noël d'Harold en tant que Père Noël, en 1852.
J'y vois un trait malicieux avec la parution, réelle, trois ans après du poème (fondateur du Père Noël) de Clement Clarke Moore : La Nuit avant Noël.
L'instant où les enfants découvraient pour la première fois le cadeau mystérieux avec leur nom écrit dessus était partout similaire, quels que soient le pays, la civilisation ou l'âge des petits : l'œil devenait brillant, il y avait un moment de flottement, d'hésitation, une seconde magnifique où tous les malheurs du monde s'effaçaient, puis une poussée de joie et tous se précipitaient ! Les parents, les mais, les adultes qui assistaient à cette seconde magique ne pouvaient y rester indifférents ; l'enfant qu'ils avaient été, lui aussi, ressentait la force de ce moment unique.
Page 277
Romain Sardou arrive à nous embarquer dans son récit à la fois très réaliste et tout à fait fantastique, grâce à une écriture sobre mais très imagée.
Il se sert des croyances, traditions et questionnements des enfants pour ficeler son récit et lui donner un côté vraisemblable et véridique et faire perdurer le pouvoir de l'espérance. J'ai vraiment beaucoup aimé cet aspect du roman.
Il a écrit deux autres romans sur Noël : Sauver Noël et L'Arche de Noël et autres contes.
Ce roman participe au Challenge " Christmas Tome 2016 " de Mya.Belles lectures et découvertes,
Blandine.