Et je danse aussi. Anne-Laure BONDOUX et Jean-Claude MOURLEVAT - 2015

Et je danse aussi. Anne-Laure BONDOUX et Jean-Claude MOURLEVAT - 2015

Et je danse aussi

Anne-Laure BONDOUX et Jean-Claude MOURLEVAT.

Editions Pocket, février 2016. (Fleuve Editions, 2015)

311 pages

Thèmes abordés : relation épistolaire, acte d'écrire, amitié, aventure, humour.

Adeline Parmelan a fait parvenir à son écrivain préféré, Pierre-Marie Sotto, une grosse enveloppe mais qu'il ne daigne même pas regarder, croyant qu'il s'agit là d'un manuscrit.

Le mail de départ ne devait servir qu'à demander à cette importune son adresse postale pour la lui renvoyer.

Le 26 février 2013
Chère Adeline Parmelan,
Oui, nous nous écrivons beaucoup, mais il n'y a pas d'égalité entre nous : vous savez beaucoup de moi, et moi je ne sais rien de vous. Il vous suffit d'aller sur internet et de taper mon nom sur un moteur de recherche. Vous trouverez ma date de naissance (eh oui, j'ai 60 ans), ma biographie, des photos qui me représentent à tous les âges de ma vie, les dernières sans pitié pour ma calvitie récente. Vous pouvez entendre le son de ma voix. Bref je suis exposé. A nu. Vous, au contraire, êtes confortablement tapie dans votre anonymat. Et les maigres indications que vous me donnez sur vous-même en disent bien peu.

Page 14

Et c'est ainsi qu'un dialogue s'engage, avec des courriels de plus en plus sympathiques, puis chaleureux. L'humour fuse, quelques révélations se glissent entre et dans les mots, une attente s'installe, une amitié naît et des confidences s'échangent.

Mais l'enveloppe, soigneusement remisée au bas d'une étagère par Pierre-Marie, reste quand même comme un petit caillou désagréable. Elle sait se faire rappeler : Adeline qui dévoile un peu de son contenu, puis que ne veut pas que Pierre-Marie l'ouvre, qui souhaite la récupérer...

Comme une danse.

Le personnage d'Adeline m'a beaucoup plu, elle est vive, naturelle, et ne cherche aucunement à se dissimuler. Quant à son interlocuteur, d'abord froid et distant, il se laisse prendre au jeu, en devient sympathique, attachant.

Le point de vue se centre d'ailleurs davantage sur Pierre-Marie, qui semble être moins fantasque, avoir une vie plus ordonnée, mais toute aussi solitaire que celle d'Adeline.

On découvre ses autres envois de mails, parfois presque des copiés-collés ou les petits arrangements qu'il y glisse avec la vérité. Il n'est pas le seul d'ailleurs à le faire Adeline la travestissant davantage encore.

Et de mails en mails, leur passé se dessine.

Oh Pierre-Marie, en vous balançant tout ça par mail, j'ai la désagréable impression de vous infliger une torture. Je ferais sans doute mieux de me taire, de vous laisser à votre terrasse, à votre Jeu des 1000 euros, à votre fils si calme, à votre chat aventureux. La seule raison qui me pousse à continuer n'est pas très honnête : j'ai besoin de vous retenir.
Certes, je vous dois la vérité, mais quel prix êtes-vous prêt à mettre pour l'entendre ? Quel prix accordez-vous à une femme de 43 ans qui fait le deuil définitif de la maternité, seule sur l'île d'Oléron, en attendant de se délester d'un cloître où elle ne veut pas finir comme sa mère ? En quoi cela vous concerne-t-il finalement ?

Page 258

Bien sûr, l'arrivée d'Adeline dans la vie de Pierre-Marie n'a rien d'un hasard.

Et tout au long de cette relation épistolaire 2.0 de 8 mois, je me suis souvent demandée qui elle était vraiment, quelle était la signification de sa démarche et de combien leurs histoires personnelles étaient entremêlées. Il y a du suspense dans leur échange.

La fin est ouverte et convient parfaitement à ce roman. Et c'est en plus un procédé que j'aime beaucoup.

C'est vraiment un bon moment de lecture, qui se lit d'une manière haletante, tant par l'histoire, que du fait de sa forme. Il n'y a pas de parties ou de chapitres. Ce sont les envois de mails qui ponctuent la narration (avec parfois un petit dessin à la fin). Ils sont souvent courts, parfois très longs.

Outre les vies et caractères des deux protagonistes que le récit dévoile peu à peu, ce roman nous parle de l'acte d'écrire, des relations humaines, de transmission.

Vous écrivez bien Adeline, au point que quelquefois je me demande qui est l'écrivain de nous deux !
Vos mensonges, sur votre âge, sur votre passé, n'en sont pas, pour moi. Ils sont des habits que vous avez endossés un instant pour les besoins de notre histoire. Vous avez remis les vôtres, à présent, mai c'est bien vous qui êtes dessous et vous êtes inchangée. Et vous n'avez pas touché à l'essentiel : Philémon et votre mère.

Page 259

On trouvera forcément des résonnances avec nos propres vies, nos propres parcours.

Est-ce le fait de l'avoir écrit à 4 mains qui nous le rend si proche, si vrai, si familier ?

(Je me suis d'ailleurs souvent demandée qui avait pu écrire quoi Jean-Claude Mourlevat et Anne-Laure Bondoux).

Lecture commune avec Magali, je vous propose d'aller à présent découvrir son avis, ICI. C'était le premier roman que je lisais de Jean-Claude Mourlevat, mais ma troisième d'Anne-Laure Bondoux après : Elle participe au " Petit Bac 2016 " d'Enna pour ma 7e ligne, catégorie Spectacle. Et je danse aussi. Anne-Laure BONDOUX et Jean-Claude MOURLEVAT - 2015

Belles lectures et découvertes,

Blandine.

Et je danse aussi. Anne-Laure BONDOUX et Jean-Claude MOURLEVAT - 2015Retrouvez-moi sur Facebook, Twitter, Pinterest, Instagram, tumblr et Google+.