Les Charmes discrets de la vie conjugale de Douglas Kennedy,
Publié aux éditions Pocket et Omnibus,
Le destin d'une femme à travers les mutations de son temps, les mystères de l'union conjugale, l'électrique confrontation entre aspirations progressistes et valeurs conservatrices... Et l'exceptionnel talent de Douglas Kennedy. Pour ses intellectuels de parents, Hannah Buchan est une vraie déception. A vingt ans, au lieu de grimper sur les barricades et de se fondre dans l'ébullition sociale des années soixante-dix, elle n'a d'autre ambition que d'épouser son petit ami médecin et de fonder une famille. Installée dans une petite ville du Maine, Hannah goûte aux charmes très, très discrets de la vie conjugale. C'est alors que le hasard lui offre l'occasion de sortir du morne train-train de son quotidien : malgré elle, Hannah va se rendre complice d'un grave délit....Je termine le recueil de romans de Douglas Kennedy aux éditions Omnibus avec Les Charmes discrets de la vie conjugale. Si La poursuite du bonheur a été un coup de cœur, Une relation dangereuse un très bon bouquin, ce dernier livre est pour moi un poil en-dessous des autres.
L'intrigue démarre pourtant bien. Hannah est une jeune femme intelligente qui fait des études de lettres en Nouvelle-Angleterre dans les années 60. Son père, professeur à l'université, est un fervent activiste dans la lutte contre la guerre du Vietnam. Sa mère est une artiste qui ne parvient pas à s'épanouir dans leur petite ville de province. Ici Douglas Kennedy dresse avec brio le portrait d'une mère narcissique, à la limite de la perversion. Même s'il va parfois loin avec ce personnage, il permet d'expliquer en grande partie la voie qui sera choisie par Hannah.
Alors qu'elle est brillante et qu'elle pourrait partir étudier à Paris, Hannah tombe amoureuse de Dan, un étudiant en médecine. Elle fait alors le choix de se marier et d'avoir un enfant à 23 ans. S'enterrant à Pelham, un coin paumé, Hannah va vite déchanter. Elle prend conscience de la limite de ses rêves et s'enferme dans une relation morne jusqu'au jour où un ancien étudiant de son père frappe à sa porte....
Dans cette première partie du bouquin, Hannah fait donc le choix de renoncer à ses rêves pour épouser l'homme qu'elle aime et " s'embourgeoiser ". Douglas Kennedy peint avec réalisme et cruauté cette vie qu'embrasse Hannah. Coincée dans sa ville, elle devient l'épouse du médecin, condamnée à entretenir la maison et à s'occuper des enfants. Nous sommes dans les années 60 et beaucoup pensent que la place d'une femme est à la maison. Hannah a peut-être fait le mauvais choix au final. Mais qui n'a jamais renoncer à un rêve, à un projet par lâcheté et facilité? Douglas Kennedy parvient à nous intéresser à la vie bien monotone de cette femme jusqu'au moment où sa vie va basculer.
La seconde partie s'ouvre en 2003. Nous retrouvons Hannah âgée d'une cinquantaine d'années. Je ne vous dévoilerai rien sur sa vie personnelle pour ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir ce qu'elle est devenue. Cependant, l'intrigue se concentre ici sur la disparition de sa fille Lizzie. Le roman vire peu à peu au thriller. J'ai aimé cette direction prise par l'intrigue même si j'ai trouvé qu'elle mettait du temps à se mettre en place. C'est peut-être ce qui m'a un peu déçue dans ma lecture car je ne voyais vraiment pas du tout où l'auteur voulait en venir. Néanmoins, le roman monte en puissance et comme dans presque tous les Douglas Kennedy, il y aura une chute retentissante. Le passé trouble d'Hannah va refaire surface et cette dernière va devoir affronter ses erreurs.
Les Charmes discrets de la vie conjugale n'est pas le meilleur roman de Douglas Kennedy. Cependant, j'ai passé un très bon moment avec Hannah. J'ai adoré la manière qu'il a, parfois très cruelle, de disséquer la vie de couple et ses aléas. Je remercie une nouvelle fois les éditions Omnibus de m'avoir fait confiance en m'envoyant ce recueil de romans dédié à ses héroïnes.