Voici donc quels étaient les romans de l'année à ne pas manquer (pas de stress, il est toujours temps de rattraper le temps perdu).
- En 5e position : L'insouciance, de Karine Tuil.
Dans ce roman foisonnant, Karine Tuil nous raconte la trajectoire de plusieurs personnages pris dans des jeux de pouvoir et de politique, brisés par la guerre d'Afghanistan, luttant de toutes leurs forces pour voir advenir leur ascension sociale, des êtres avides et désespérés, submergés par les événements dont ils se retrouvent acteurs. On en sort aussi subjugué qu'essoufflé.
- En 4e position : En attendant Bojangles, d'Olivier Bourdeaut
Sur un air de Nina Simone, Olivier Bourdeaut nous fait valser auprès d'une famille excentrique, nous fait sourire et aimer avant de nous frapper d'effroi, sans accroc, sans violence, comme sur un pas de danse. Incontestablement l'une des grandes découvertes de 2016.
- En 3e position : Tropique de la violence, de Natacha Appanah
Une entrée de dernière minute, puisque j'ai refermé le livre il y a quelques jours à peine, et ai le plus grand mal à déterminer précisément l'impact qu'aura sur moi, dans le temps, Tropique de la violence. Car il s'agit d'un roman qui fait mal, sans concessions, où une certaine esthétique et une certaine pureté de ton le disputent au sordide de la situation relatée, à la solitude et à l'abandon de ces enfants laissés pour compte sur l'île de Mayotte. Une lecture coup de poing.
- En 2e position : Le grand marin, de Catherine Poulain
Sans doute la lecture la plus intime de mon palmarès, assez paradoxalement! J'ai conscience qu'il s'agit ici de l'expression d'un goût très personnel, car l'incongruité et la puissance qui émanent du récit de Catherine Poulain ont eu sur moi le plus bel effet. Aux côtés d'une anti-héroïne tout au long de la saison de la morue noire, on s'interroge sur cette quête qui n'en est pas une, sur ce que viennent chercher les hommes tout au bord du monde, à ses extrémités.
- En 1ère position : L'amie prodigieuse et Le nouveau nom, d'Elena Ferrante
La plus belle révélation de l'année a été pour moi la saga d'Elena Ferrante, l'histoire de deux petites filles qui grandissent ensemble dans les quartiers populaires et défavorisés de Naples dans les années 50. L'écriture est libre, presque orale, envoûtante, c'est la vie à l'état brut qui transperce dans les romans de Ferrante. Bonne nouvelle : le troisième tome, Celle qui fuit et celle qui reste, est publié en français en janvier chez Gallimard. Je suis extatique de liesse et d'impatience.
Mentions spéciales à des romans qui méritent amplement leur place dans la liste, et qui resteront pour ma part de très belles découvertes 2016 : La maladroite, d'Alexandre Seurat, la saga Le poids des secrets, d'Aki Shimazaki, La route étroite vers le Nord lointain, de Richard Flanagan, Règne animal de Jean-Baptiste del Amo, L'autre qu'on adorait de Catherine Cusset, Beaux rivages de Nina Bouraoui, Un paquebot dans les arbres de Valentine Goby, Cannibales de Régis Jauffret et L'étrangère de Valérie Toranian.
En matière de polars, j'ai été bluffée par Six fourmis blanches de Sandrine Collette, et enfin, pour ce qui est de la poésie, ne manquez pas Noireclaire du grandissime Christian Bobin, un recueil d'une puissance évocatrice et d'une tendresse folles.
En somme, une bien belle année livresque...