Gunnar Staalesen : L’Enfant qui criait au loup

Gunnar Staalesen Gunnar Staalesen, né en 1947 à Bergen, est un écrivain et dramaturge norvégien, auteur de nombreux romans policiers. Après avoir étudié l'anglais, le français et fait des études supérieures en littérature à l'Université de Bergen, Gunnar Staalesen commence à publier des romans en 1969 et son œuvre assez importante s’ouvre aussi au théâtre. L’Enfant qui criait au loup (2014) qui vient de ressortir en poche, est un roman du cycle « Varg Veum » qui compte plus d’une quinzaine de livres.

Varg Vum, héros récurrent de la série, est un ancien salarié de la Protection de l'Enfance devenu détective privé après avoir eu des déboires avec sa hiérarchie. Quand débute le roman, Varg Vum reçoit un appel téléphonique d’une vieille connaissance réclamant son aide : un gosse nommé Janegutt, dont il s’était occupé dans le passé, aujourd’hui jeune adulte, s’est planqué au fond d’un fjord, cerné par la police qui le soupçonne du double crime de ses parents adoptifs et il ne veut parler qu’avec lui.  

Voilà un roman qui m’en a fait voir de toutes les couleurs, je l’ai trouvé bavard mais bien écrit, pénible à lire parfois mais sans l’abandonner pour autant, incompréhensible dans son intrigue dans un premier temps mais intrigant néanmoins et maintenant que je l’ai refermé, je ne peux m’empêcher de la qualifier de bon roman policier. Allez-y comprendre quelque chose…

Si vous avez l’intention de lire cet ouvrage, à mon avis il faut bien avoir en tête que la Norvège est après l'Islande le pays le moins densément peuplé d'Europe. Ce qui peut expliquer ce qui m’a semblé relever de l’abracadabrantesque dans l’intrigue : tous les personnages – et ils sont sacrément nombreux – sont tous parents directs ou indirects, en relations d’affaire ou autre si l’on peut dire, les uns avec les autres et ça m’a longtemps particulièrement agacé, comme une succession de coïncidences peu crédibles, jusqu’à ce que je replace tout cela dans le contexte démographique que j’ai indiqué. Ajoutons à cela, les patronymes difficilement mémorisables et ces liens familiaux où j’ai toujours beaucoup de mal à ne pas me noyer, sans oublier que l’intrigue se déroule sur plusieurs époques : mes prises de notes et ma boussole ne m’ont pas toujours permis de tout suivre pas à pas…

Donc en gros (en très, très, gros même), un gamin (Janegutt) de quelques mois retiré à sa mère biologique droguée, une première famille d’accueil dont le père meurt dans des circonstances pas claires pour ne pas dire suspectes, puis une seconde dont les deux sont assassinés et à chaque fois, Janegutt semble un coupable potentiel ; en parallèle un ancien florissant commerce de contrebande d’alcool, un avocat qui suit le gosse depuis le début, d’autres trucs et machins qui se greffent à l’histoire et en fin de compte, tout est évidemment lié pour le meilleur et pour le pire.

Lecture prise de tête (« Je lui donnai toutes mes informations, et elle finit par avoir l’air aussi perdue que j’étais en passe de le devenir. ») mais c’est aussi ce qui m’a tenu en éveil car je ne peux nier qu’il se dégage de ce bouquin un certain charme qui le rend finalement très attachant.

Comme dans tous les polars on y lira en filigrane, une critique sociale du pays et en particulier ici, la problématique de la protection de l’enfance, ces gamins qu’on retire à leurs parents biologiques défaillants, pour leur bien à priori, mais qui au final – comme pour Janegutt – ne fera que les envoyer de Charybde en Scylla.