Après avoir eu un coup de cœur pour son roman Ce que tient ta main droite t’appartient qui nous entraîne dans les coulisses de l’embrigadement en Syrie, j’ai eu la chance de pouvoir poser quelques questions à son auteur, Pascal Manoukian qui a gentiment accepté de me répondre par mail.
Vous pouvez retrouver ma chronique en cliquant sur la photo du roman.
– Votre précédent roman Les Echoués a été notamment lauréat du prix Première en 2016 et raconte le parcours de trois migrants en 1992. Comment avez-vous vécu l’accueil très positif qui a été réservé à ce roman? Avec un grand bonheur. Quand on écrit un premier roman on espère d’abord être publié, puis être lu et enfin être remarqué. J’ai été comblé. C’est une chance pour un premier roman. Une chance dont je suis pleinement conscient. Voilà près d’un an et demi que je parcours la France pour répondre aux questions que se posent les lecteurs à propos de Chanchal, Virgil, Assan et Iman. Dernièrement, ce sont des détenus qui m’invitent à venir parler du livre, en 2017, « Les échoués » seront joués (si tout va bien en Avignon). Ils commencent une nouvelle vie en Italie où je suis traduit et je viens d’apprendre qu’ils seront aussi traduits en Allemagne. Je n’imaginais pas vivre tout ça en écrivant. – Votre nouveau livre « Ce que tient ta main droite t’appartient » évoque la radicalisation, un phénomène en plein cœur de l’actualité aujourd’hui. Pourquoi écrire sur ce sujet? Les récents attentats vous ont-ils influencé dans votre projet? Parce que je veux écrire sur des sujet importants. La vie est trop courte en général et surtout à mon âge pour se disperser. Je crois que la littérature peut faire avancer les choses. J’ai eu l’idée de ce livre au moment du passage à l’acte de Mohamed Merah en 2012. J’ai commencé à l’écrire après les attentats de Novembre dernier et je l’ai terminé juste avant les attentats de Nice. – A travers ce roman, quel message avez-vous envie de transmettre? Le véritable terreau de l’obscurantisme (comme du populisme) c’est le manque d’espoir. – L’aspect réaliste de ce récit m’a beaucoup marqué lors de ma lecture. Cette fiction s’inspire t-elle de personnages réels? Comment avez-vous travaillé face à ce sujet très sensible? Comme un candidat au Djihad. J’ai surfé sur internet et puis j’ai rencontré des recruteurs, des candidats, des repentis. Je connais aussi très bien la région pour y avoir travaillé en tant que journaliste. Mes personnages sont inventés mais ils évoluent malheureusement au plus près de la réalité. – J’ai été stupéfaite par l’ampleur et le poids des réseaux sociaux dans l’embrigadement des jeunes. Comment expliquer le pouvoir si important du virtuel et cette emprise si forte qu’il a sur les futures recrues? C’est tout l’enjeu de cette guerre, la vraie ligne de front, là que se gagnera ou se perdra la guerre. Ben Laden était un vieillard qui envoyait des vidéos neigeuses mal filmées dans les montagnes d’Afghanistan, Daesh c’est Al QuaÏda version 2.0. L’organisation a su détourner tous les codes de notre Pop culture (jeux vidéo, télé réalité, séries…), pour les retourner contre nous, en garder la forme et en changer le fond pour qu’une partie des jeunes s’auto embrigade devant leurs ordinateurs. – Après l’immigration et l’endoctrinement, avez-vous une idée du thème de votre prochain romain? Oui mon troisième roman s’intéressera certainement au phénomène de « déclassement » et de précarité dans notre société. Merci encore à Pascal Manoukian! Son livre Ce que tient ta main droite t’appartient sort le 5 janvier 2017 aux éditions Don Quichotte. Pascal Manoukian, ancien reporter de guerre, a dirigé l’Agence Capa. En 2013, il publie un récit, Le Diable au creux de la main, dûment salué par la critique. Son premier roman, Les Échoués (2015), a reçu le prix Première en 2016.