Récits du Vieux Royaume, Tome 1: Janua Vera de Jean-Philippe Jaworski

Récits du Vieux Royaume, Tome 1: Janua Vera de Jean-Philippe Jaworski

Récits du Vieux Royaume, Tome 1: Janua Vera de Jean-Philippe Jaworski,

Publié aux éditions Les Moutons électriques,

Né du rêve d'un conquérant, le Vieux Royaume n'est plus que le souvenir de sa grandeur passée... Une poussière de fiefs, de bourgs et de cités a fleuri parmi ses ruines, une société féodale et chamarrée où des héros nobles ou humbles, brutaux ou érudits, se dressent contre leur destin. Ainsi Benvenuto l'assassin trempe dans un complot dont il risque d'être la première victime, Aedan le chevalier défend l'honneur des dames, Cecht le guerrier affronte ses fantômes au milieu des tueries... Ils plongent dans les intrigues, les cultes et les guerres du Vieux Royaume. Et dans ses mystères, dont les clefs se nichent au plus profond du cœur humain...

C'est avec Maureen du Bazar de la littérature que j'ai effectué cette lecture. J'avais envie de découvrir la plume de Jean-Philippe Jaworski et quoi de mieux que des nouvelles pour se mettre en jambes? J'ai beaucoup aimé ma lecture. Ces récits denses et puissants m'ont conquise.

La plume de l'auteur est d'abord magnifique. Toutes ses phrases sont travaillées, léchées, magnifiées. Il possède un réel talent de conteur pour évoquer la magnificence d'une Cité ou au contraire le lugubre d'un bois hanté, d'une combe déserte.

Ensuite, l'auteur nous plonge au cœur d'un moyen-âge à la fois bien réel mais également fantasmé. On ne sait pas vraiment où se déroule ses histoires bien que les noms des villes évoquent tantôt l'Italie, tantôt des contrées plus au Nord et plus rudes. Jean-Philippe Jaworski créé un univers bien à lui auquel on ne peut qu'adhérer sans concession.

Enfin chacune de ses nouvelles est diablement bien ficelée et travaillée avec une grande maîtrise de l'intrigue et du suspens. Le recueil est assez dense et la lecture se fait délicieuse. Je n'ai pas trouvé qu'une nouvelle se situait au-dessous d'une autre. On peut donc saluer cette performance car les recueils de nouvelles proposent bien trop souvent des textes inégaux. Chose remarquable aussi, l'auteur donne au lecteur un fil rouge à suivre d'une nouvelle à l'autre. Il peut parfois s'agir d'un personnage ou d'un événement historique au beaucoup plus ténue, l'évocation d'une légende, d'un roi. On retrouve ainsi une certaine continuité et une cohérence entre les nouvelles.

Sans grande surprise, j'ai adoré la nouvelle " Mauvaise donne " consacrée à Benvenuto, maître assassin appartenant à la Guilde. Ce personnage plus anti-héros qu'autre chose, va découvrir qu'on la manipulé. Sous des dehors bourrus et mal dégrossis, se cache en réalité un personnage perspicace qui m'a beaucoup plu.

Certaines nouvelles comme " Le service des Dames " font explicitement référence aux histoires courtoises du moyen-âge où le chevalier, honnête, se met au service d'une Dame. C'est bien vu et bien traité de la part de l'auteur qui dépoussière le genre.

D'autres nouvelles sont beaucoup plus sombres. " Une simple offrande " nous plonge au cœur d'une guerre sanglante à la rencontre du guerrier Cecht qui devra lutter contre ses démons intérieurs pour se libérer au cœur d'une forêt bien sombre et menaçante.

Cependant mon coup de cœur revient à la nouvelle intitulée " Un amour dévorant ". J'ai frissonné d'un bout à l'autre. Un petit village, perdu au fond d'une vallée, est hantée par des fantômes baptisés les appeleurs. Ils ne trouvent pas le repos et gare à celui qui n'est pas calfeutré dans sa maison à l'heure où les ombres s'étirent sur la forêt. L'auteur a su me plonger dans une ambiance froide et emplie de légendes. J'ai adoré avoir peur et être confrontée à ces mystérieux appeleurs. C'est pour moi la nouvelle la plus réussie car elle renvoie aux peurs de l'enfance et la fin m'a véritablement secouée me faisant inexorablement penser au tableau de Millais " Ophélie" .

Janua Vera est un recueil de nouvelles inoubliables qui m'a plongée pendant quelques heures au cœur des légendes médiévales. Jean-Philippe Jaworski joue à la perfection avec le tissu mythique pour nous offrir un univers riche dans lequel la violence côtoie la beauté d'âme la plus pure.