Cerise, quarante ans révolus, vit seule avec ses deux enfants. Un soupçon hypocondriaque, mais toujours attentive à tous, responsable, elle se pose mille questions. Pourquoi lui a-t-on toujours imposé de tout gérer ? Devant un verre de vin, elle gamberge… Entre un mari désireux de revivre avec elle, un boulot qu’elle voudrait quitter et ses deux enfants, de vrais petits garnements qui lui donnent du fil à retordre, une mère fantasque, Cerise fléchit. Déjà petite, sa mère lui confiait son frère lors de ses sorties et puis plus tard, lorsqu’elle s’est mariée avec un homme dilettante, elle devait tout assumer. À présent qu’elle est divorcée, elle ne connaît guère d’accalmie puisque c’est de Marie, sa mère, qu’elle doit se soucier. Un matin d’ailleurs, celle-ci lui téléphone et lui déballe ses dernières péripéties. Le discours est lancinant, comme à l’accoutumée. Cerise n’y prête pas attention et à la question qui tue « j’ai eu raison n’est-ce pas ? », Cerise marmonne quelque vague affirmation. Car pour une fois, elle est bien décidée à résister.
Le soir, elle reçoit un appel de la gendarmerie l’informant que sa mère est en garde à vue… Mais bon Dieu, qu’a-t-elle pu faire pour en arriver là ? Cerise n’en saura rien…
Alors que la mère est libérée de sa garde à vue, celle-ci invite toute la famille. Dans ce huis-clos ressurgissent des tensions et l’atmosphère est pesante à souhait. Chacun y va de ses rancunes, de ses tragédies et Cerise explose de ne pouvoir enfin braver les vents contraires que souffle sur elle cette famille bancale, parler de ses ressentis, de ce que la quarantaine lui insuffle de souffrances intérieures.
L’auteure scrute avec brio les relations familiales dans ce qu’elles donnent de joyeux et de plus grave. Ici, c’est à coup de marteau-piqueur qu’elle fracasse l’intime pour nous relater ce qu’elle a retiré de ses sondages. L’humour corrosif s’immisce dans les dialogues entre les membres de cette famille explosée. Le ton de l’histoire sonne juste, certes, le style est tantôt enlevé, tantôt plus ralenti, voire ronronnant.
Hélas, je déplore une fois de plus la banalité de la thématique, qui traite d’une sempiternelle histoire de famille, avec ce qu’elle porte comme fardeaux et rancunes, jadis tus, qui ressurgissent au gré de dîners ou réunions, sous l’égide de celle qui est « en haut » sur l’arbre généalogique.
Juste un bon livre, sans plus.
Maman est en haut par Caroline Sers, éd. Buchet-Castel
Date de parution : 03/10/2016