Raymond Radiguet – Le Diable au corps

radiguetLe Diable au corps, j’en connaissais vaguement l’histoire. C’est la première guerre mondiale et le narrateur, un garçon de quinze ans, devient l’amant d’une jeune femme dont le mari se bat sur le front. Si Radiguet s’en est défendu, le narrateur pourrait bien être l’auteur lui-même. Romancier précoce, aussi jeune que prodigieux, il aura vécu la même idylle que son personnage et mourra à vingt ans, ce qui finira de créer le mythe.

C’est une littérature très début de siècle, écrite dans une langue fine et élaborée que Radiguet manie avec une aisance rare. Cette belle histoire d’amour, d’autant plus belle qu’elle n’est pas très morale, est également un roman existentialiste qui s’interroge sur la relation filiale, le rapport à la mère, l’amour, l’amitié et l’adolescence. Le personnage se questionne sur le sens de l’existence, il réfléchit beaucoup, un peu trop parfois, il est intelligent, présomptueux, regarde ses concitoyens d’un œil désabusé et semble tout connaître de la vie comme de l’amour. Pècherait-il par excès de maturité ou d’impertinence ? Un peu des deux, probablement.

Par ailleurs, le jeune homme agace parfois par sa capacité à cerner avec autant de justesse la psychologie humaine et il semble presque louche de faire preuve d’une telle plénitude à son âge. A la lecture de ce roman, à la vision cynique que son auteur propose des thématiques abordées, on pourrait même se demander s’il n’a pas été écrit par un vieux blasé plutôt que par un adolescent. Mais non. C’est juste que Radiguet n’est pas n’importe quel adolescent. Encore jeune, peut-être était-il déjà vieux ?