Plus de morts que de vivants

Plus de morts que de vivants Guillaume Guéraud

publié en 2015

246 pages

    " Des larmes jaillissant des yeux de Charlotte. Des larmes brunes teintées de sang. L'évidence du pire. Cess et Juli et Nino tétanisés. Charlotte déjà hors de vue. Et Matt hors de lui. De la douleur dans ses cris. De la douleur dans ses yeux. De la douleur jusque dans ses mains persuadées de ne plus jamais pouvoir la toucher. "
    " 14h23. Vomissements et saignements. Ecoulements de bave. Nez et oreilles plein d'écume écarlate. 14h23. Des organes arrosés d'acide. Des dents déchaussées et des brassées de cheveux par terre. Et comme des coups de hache dans les hanches. 14h23. Des jugulaires éclatèrent et des aortes rompirent. Des milliers de lésions dans des milliards de cellules. Des nuques brisées et des trachées ouvertes. 14h23. Une masse considérable de corps s'écroulèrent. Presque tous en même temps. [...] 14h24. Plus de trois cents corps jonchaient la cour comme si un avion passant au-dessus du collège venait juste de les lâcher en plein vol. 14h24. Et ceux que la foudre éparna tremblaient. "

Pour être une surprise, c'est une surprise. Voire une énorme surprise. Si Plus de morts que de vivants m'a intriguée rien qu'avec son titre, j'étais loin de savoir ce qu'il renfermait quand je l'ai commencé... J'en ressors étonnée, épuisée, et surtout sous le choc. Comment se fait-il que je n'ai jamais entendu parler de ce roman ?

Le pitch est plutôt simple : un matin normal dans une ville normale, nombre de collégiens se rendent à leurs cours. Si la journée démarre bien, les élèves vont vite se rendre compte que quelques trucs clochent... Quelques trucs ? Non, c'est carrément tout le collège qui déraille. L'auteur nous emmène directement dans le vif du sujet : après quelques pages seulement, les premiers symptômes apparaissent, et les premiers signes de peur font surface. Et comme c'est compréhensible... Tout est poussé à l'extrême, tout en étant très bien décrit, c'est gore, à vomir, et j'ai ADORE ! J'ai commencé ce roman pendant mon petit déjeuner, autant vous dire que je l'ai vite reposé quand les premiers signes de maladie sont apparus, tous plus dégoûtants les uns des autres : des têtes qui explosent, des corps qui se cassent seuls, des doigts qui tombent, bref du sang partout. ça peut paraître très barbant comme ça, mais je vous rassure tout de suite : côté décès, l'auteur a de l'imagination et aucune mort ne ressemble à une autre...

Mais il n'y a pas que ça, car tout est imprévisible dans le récit : qui vit, qui meurt, qui est atteint...et qui survit. Des protagonistes s'écroulent les uns après les autres, et il y a des retournements de situation à foison. En d'autres termes, c'est explosif, flippant, et incroyablement réaliste ! Surtout, c'est IMPOSSIBLE à lâcher. IMPOSSIBLE. J'ai essayé, je vous jure ! C'est aussi dû au style de l'auteur qui est à tomber : il utilise de courtes phrases percutantes, avec quelques éléments de réflexion sur notre manière de gérer les choses par ci par-là, il y en a pour tous les goûts.

Quant aux personnages, il y en a qui m'ont marquée, notamment Slimane que j'ai adoré ! L'auteur se met bien dans la peau de ces ados complètement apeurés, et c'est une réussite totale.

Aussi, je ne vous le cacherai pas, la fin est légèrement ouverte, mais pour moi qui déteste ça je l'ai adorée ici. Elle apporte quelques éléments de conclusion, même si j'aurais préféré que l'auteur continue dans sa lancée...

En bref, à quelques pas du coup de coeur, mais lisez-moi ça !!