Le vrai héros des Soviets en couleur, c’est Milou!

Le vrai héros des Soviets en couleur, c’est Milou!

Tintin au pays des Soviets (Hergé – Editions Casterman – Editions Moulinsart)

Mille milliards de mille sabords! 88 ans après sa première apparition dans les pages du « Petit XXème », Tintin fait toujours recette. Les chiffres le démontrent. Le premier tirage de la version en couleur de « Tintin chez les Soviets », qui sort en librairie ce mercredi 11 janvier, s’élève à 350.000 exemplaires, tandis que l’on s’attend à ce que 500.000 exemplaires de l’album soient vendus rien qu’en 2017. Avec de tels chiffres, il est logique que les éditions Casterman et les éditions Moulinsart, qui se sont associées pour sortir cet album, aient voulu frapper un grand coup. Et qui de mieux que Tintin lui-même pour les aider? A l’image de son retour triomphal à Bruxelles en 1930, le reporter à la houppette est revenu de Moscou (où il faisait -30 degrés!) en véritable héros le week-end passé. Le samedi 7 janvier, Tintin a débarqué dans une superbe voiture Amilcar rouge sur la Grand-Place de Bruxelles. Le lendemain, il s’est rendu à Louvain-la-Neuve, où il a visité le Musée Hergé. Et le lundi, il a embarqué dans un train décoré aux couleurs des Soviets pour rejoindre le musée du Train World, à Schaerbeek, où se tient actuellement une exposition consacrée au célèbre personnage de Hergé et où a eu lieu la conférence de presse de lancement du nouvel album. Bien sûr, ce ramdam médiatique est destiné avant toute chose à doper les ventes. Mais il n’empêche: cela prouve que la sortie d’une version colorisée de « Tintin chez les Soviets » représente bel et bien un événement majeur dans le monde de la bande dessinée. Cette histoire, dessinée par Hergé quand il n’avait que 21 ans, n’avait en effet jamais été mise en couleurs, à l’exception de deux pages parues dans l’édition de Noël du « Petit XXème » en 1929…

Le vrai héros des Soviets en couleur, c’est Milou!

Longtemps considéré comme moins important que les autres albums de la collection (dont il ne fait officiellement partie que depuis 1999), « Tintin chez les Soviets » prend un tout autre éclat grâce à la couleur. En relisant cet album, qui était carrément devenu introuvable entre sa sortie en 1930 et sa première réédition en 1969, on découvre avec étonnement qu’il s’agit en réalité d’un livre plus burlesque qu’engagé, avec une dimension comique particulièrement prononcée. Avec le passage à la couleur, l’histoire gagne en lisibilité, en action et surtout en humour. On se rend compte que le trait d’Hergé fait déjà preuve à l’époque d’un dynamisme incroyable, alors qu’il s’agit pourtant de sa toute première bande dessinée. C’est d’ailleurs en voulant exprimer la vitesse d’une voiture qui accélère que Hergé relève définitivement la mèche de Tintin sur son front, créant ainsi sans le savoir l’un des personnages les plus iconiques du XXème siècle. « Tintin chez les Soviets n’est ni un album inexistant ni un album primaire, comme cela a été dit pendant de longues années », souligne Philippe Goddin, le biographe d’Hergé. « Il faut apprécier cet album pour ce qu’il est, c’est-à-dire une oeuvre de jeunesse encore maladroite, certes, mais pleine de promesses. » La colorisation très réussie de « Tintin chez les Soviets », que l’on doit au travail de Michel Bareau (le directeur artistique de Moulinsart), a un autre effet inattendu: elle fait de Milou la véritable vedette de ce livre, allant parfois jusqu’à éclipser Tintin. Dans ce premier album, où l’on ne croise évidemment ni le capitaine Haddock ni le professeur Tournesol ni Dupond et Dupont, qui n’apparaîtront que bien plus tard, le chien de Tintin fait preuve d’une insolence et d’une effronterie souvent hilarantes. « C’est vrai: la colorisation met en avant le personnage de Milou », sourit Michel Bareau. « Etant donné que Milou reste blanc alors que tout le reste est désormais en couleurs, il ressort davantage et prend une dimension supplémentaire. Dans ce nouvel album, son caractère facétieux explose véritablement. » Et si c’était Milou, le vrai héros de « Tintin chez les Soviets »?

Le vrai héros des Soviets en couleur, c’est Milou!