Le samedi, c'est jeunesse!

Par Marie-Claude Rioux

Un nouveau rendez-vous jeunesse, cette fois-ci partagé avec ma sauterelle. Pour une fois, nous avons la même appréciation, à une exception près!

Ici, nous sommes des inconditionnelles d’Oliver Jeffers. Nous avons tous ses albums. Impossible de résister à L'enfant des livres et à Mon ami Fred, même s’il ne signe pas le texte, seulement les illustrations.

Avec L’enfant des livres, Oliver Jeffers vient insérer son coup de crayon sur les œuvres typographiques de Sam Wilson, pour créer une œuvre poétique mettant à l’honneur les classiques de la littérature jeunesse.

Une enfant des livres se laisse porter par son imagination. Elle traverse une mer de mots pour inviter un garçon à la suivre. Ils escaladent des montagnes imaginaires, découvrent des trésors, se perdent dans la forêt des contes de fées...  Le garçon devient à son tour un garçon des livres, un monde d'histoires.

Notre maison est une maison que nous inventons. Ouverte à tous, elle appartient à chacun, car l'imagination est notre bien.

Un hymne à la lecture et à sa richesse, le plaisir de partager. Peu de mots ici. La richesse de l'album émerge des illustrations. Les mots et les lettres dansent et virevoltent, les tranches de livres deviennent des arbres. La petite fille (qui, je pense, représente l'imagination) devient de plus en plus bleue à mesure que le garçon développe son imaginaire. La couleur est de plus en plus présente au fil des pages. Le code graphique et l'implicite ne sont pas si faciles à décoder...Si ma sauterelle a fait un gros bof en refermant l'album, j'ai pour ma part davantage apprécié. Avouons que les univers poétiques n’ont pas trop la cote ici. Les grands et petits rêveurs apprécieront certainement. Ceux qui, comme nous, sont bien ancrés sur le plancher des vaches, resteront plus sur leur faim.



L’enfant des livres, Sam Winston (texte) et Oliver Jeffers (illustrations), Scholastic, 40 pages, 2016. 
À partir de 3 ans.

Sam se sent seul et ça n'a rien de drôle. Heureusement, un ami imaginaire peut se pointer lorsqu'il en a besoin. Voilà Fred, qui vient à sa rescousse. Ensemble, ils sont heureux. Le rêve de Fred, c'est qu'un ami ait toujours besoin de lui. Lorsque Sam rencontre la jolie Sammi, une réelle amitié se développe entre eux. Fred deviendra l’ami de Frida, l’amie imaginaire de Sammi. Plus personne ne se sent seul. Sam et Sammi seront amis pour la vie. Fred et Frida aussi.

Dans Mon ami Fred, Oliver Jeffers illustre une histoire créée par Eoin Cofler, l’auteur de la série Artemis Fowl. Il y est question de solitude et d’amis imaginaires. Le texte, sublime, est accessible et dynamique. Une fois encore, les illustrations d'Oliver Jeffers font mouche.

Si Léa et moi avons apprécié le coup de crayons et les couleurs d’Oliver Jeffers, l’histoire ne nous a pas emballées plus qu’il n’en faut. C'était surtout un tantinet trop long. À force, ça devient répétitif. Dommage... Cet album peut être d'un précieux secours pour les p'tits loups qui peinent à se faire des amis et qui souffrent de solitude.


Mon ami Fred, Eoin Colfer (texte) et Oliver Jeffers (illustrations), Gallimard jeunesse, 48 pages, 2016. 
À partir de 5 ans.

Deux albums dans lesquels l’imagination et la poésie sont à l'honneur. Les grands rêveurs se régaleront. Quant aux p’tits loups… ça reste à voir.

Finalement, on préfère quand Oliver Jeffers est à la barre du texte. Du coup, nous en avons profité pour relire nos classiques de l’auteur-illustrateur!

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Les neufs mois de la grossesse sont racontés dans cet album imprégné d'onirisme et de douceur. Utilisant la métaphore de la Terre-mère, le bébé pousse dans le ventre de la Terre, jusqu'à sa naissance.

Vous vous en doutez, cet album est trop aérien pour nous plaire. Ma sauterelle n'écoutait que d'une oreille, m'arrêtant pour me demander la signification de certains mots. Ça casse le rythme! Les illustrations de Fanny Ducassé lui ont toutefois beaucoup plue. Elle s’est mise à dessiner en s’inspirant de ces traits et de ce fourmillement de couleurs. En somme, trop classique et conservateur pour nous, tant dans la mise en pages que dans le texte.Pour moi, il y a deux types d'albums en littérature jeunesse. Ceux qui parlent davantage aux grands et ceux qui sont à hauteur d'enfance. Simpliste? Peut-être. Ici, j'ai bien l'impression que nous sommes dans la première catégorie. Un bel album à offrir à une future maman! Noukette et Jérôme ont quant à eux adoré. Quand à leurs enfants... je l'ignore.
Dans le ventre de la Terre, Cécile Roumiguière (texte) et Fanny Ducassé (illustrations), Seuil jeunesse, 32 pages, 2016. 

À partir de 6 ans.
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Ce n’est pas nouveau, le loup est la terreur de la forêt. Des animaux sont morts, plusieurs sont disparus. Ceux qui restent le craignent, avec raison. Mais le loup est-il aussi effrayant qu'il n'y paraît? Peut-être bien que non... La vieille chouette à eu la générosité de tricoter un slip au loup parce qu'il se plaignait d'avoir toujours les fesses gelées. Lorsque le loup quitte son promontoire et débarque dans la forêt, tout doux et gentil, revêtu d’un slip rayé rouge, les animaux n’en croient pas leurs yeux. Plus plus personne n’a peur. Mais quand la peur guide les habitudes des animaux de la forêt et qu’elle n’est plus là... Comment vivre, maintenant? Et si ce n’est pas le loup qui fait tant de grabuge dans la forêt, qui c’est? Mystère. Et surprise!

Voilà le genre d'albums qui nous plaît, parlant autant aux grands qu'aux moyens et petits. Ma sauterelle et moi avons eu un énorme coup de cœur pour ce Loup en slip. C'est fin, subtil, drôle, coloré et un brin déjanté. On peut y passer des heures à observer, revenir en arrière, rire, s'interroger. Efficace et d'une grande richesse. 


Les vieux fourneaux, ça vous dit quelque chose? Eh ben, Cauuet et Lupanosont ici aussi aux commandes, accompagnés par les dessins d'ItoïzBonne nouvelle: c’est le tome 1. On peut donc prévoir qu’il y aura une ou des suites. Nous, on sera au rendez-vous.

Le loup en slip, Cauuet (texte), Lupano (scénario), Itoïz (dessins et couleurs), Dargaud, 36 pages, 2016. 
À partir de 4 ans._____________________________________________
Raymie, dix ans, vit à Lister, en Floride, dans les années 1970. Depuis que son père a quitté la maison avec l’hygiéniste dentaire, elle se sent perdue. Heureusement, elle a un plan pour le faire revenir à la maison: devenir majorette et gagner le concours Little Miss Central Florida Tire. Ainsi, elle fera la une du journal, son père brillera de fierté et reviendra. Tout pourra redevenir comme avant. 

Au cours de maniement du bâton dirigé par l'indigeste Ida Nee, Raymie rencontre deux aspirantes majorettes. Louisiana, une orpheline sensible aux évanouissements, qui vit avec sa grand-mère excentrique. De gagner le concours (un prix de 1975,00$) représente pour elle la liberté et lui permettra de pouvoir fuir la travailleuse sociale. Beverly, la fille d'une ancienne reine de beauté, a en tête de saboter le concours. Ensemble, les trois filles s'épaulent. Tantôt pour récupérer un livre sur Florence Nightingale, tantôt pour sauver un chat. Mais toujours, pour faire le bien. Car, c'est bien connu, le bien attire le bien.

Des chapitres courts, une prose simple, une belle réflexion sur la vie, la mort, l'amitié et le sens de la vie. Les personnages sont colorés et bien dépeints. Des personnes âgées aux jeunes pré-ado, tous possèdent une forte personnalité.

Il y a longtemps que je ne m’étais pas plongée dans un roman jeunesse. Ça me manquait. Le dernier roman lu de Kate DiCamillo remonte à… loin. C’était La quête de Despereaux. Conquise, j’ai retrouvé la même verve, la même énergie que j'aime tant dans les romans de Susie Nielsen. Arriver à traiter avec intelligence et légèreté de sujets aussi lourds que le deuil, l’abandon, la solitude relève toujours de l’exploit. Une belle réussite que ce roman! Et chapeau pour la couverture (la même que celle de l'édition anglaise originale), qui m'a tout de suite attiré l'oeil.


Raymie Nightingale - Un été marquant, Kate DiCamillo, Scholastic, 224 pages, 2016.
À partir de 10 ans.