Ce que tient ta main droite t’appartient de Pascal Manoukian

Ce que tient ta main droite t’appartient de Pascal ManoukianTitre : Ce que tient ta main droite t’appartient

Auteur : Pascal Manoukian

Editeur : Don Quichotte

Date de parution : janvier 2017

285 pages

« L’inculture est le terreau de tous les fanatismes. »

Comme j’étais tendue à la lecture des premières lignes du roman ! Je craignais tellement de ne pas apprécié autant que le précédent. Le premier roman de l’auteur, Les échoués, m’avait totalement conquise et m’avait même donné un élan particulier pour en écrire la chronique.

Heureusement, il ne m’a pas fallu beaucoup de pages pour entrer de plein fouet dans le vif du sujet et surtout pour retrouver l’écriture alerte de l’auteur. Au passage, j’ai adoré ce petit clin d’œil au roman précédent à travers un personnage tellement emblématique… Mais je n’en dirai pas davantage !

Je n’ai aucune envie de raconter l’histoire, d’autres s’en chargeront.

En revanche, je vais tenter de trouver les mots pour traduire l’intégralité de mon ressenti face à ce roman. Pas simple !

La difficulté cette fois-ci réside dans l’actualité du sujet. Actualité brûlante ! L’auteur a pris un risque, ici. Le risque de choquer son lectorat en évoquant des événements dont la France ne se remet pas. Comment parler de ceux qui ont frappé à mort la liberté, l’insouciance ? Avec quels mots ? Comment réussir le pari de ne pas verser dans la caricature ou de ne pas faire pleurer dans les chaumières ? La ligne de démarcation est mince. Et Pascal Manoukian l’a franchie avec succès. De l’émotion, de la colère, mais pas de pathos !

L’histoire qu’il nous raconte est édifiante. On en devine l’issue très vite. Mais au-delà de ça, c’est avec un esprit journalistique qu’il parvient à nous transmettre son point de vue, sa vision du monde. L’auteur est suffisamment subtil et averti pour nous raconter une histoire (une vraie avec des personnages et un contexte social) tout en dénonçant les atrocités commises par Bachar El Assad ou par les djihadistes de Daech en Syrie, et en mettant le doigt sur l’incroyable facilité avec laquelle ils recrutent en Europe des hommes et des femmes pour soutenir leurs actions. J’ai retrouvé tout ce que j’avais vu dans les différents documentaires diffusés sur Arte (entre autres) et en même temps j’ai eu conscience de suivre une fiction passionnante.

Ce livre devrait être lu dans tous les lycées de France, par tous les jeunes susceptibles de se laisser embrigader, par ignorance (mot qui revient comme un leitmotiv dans le roman).

« L’imagination est une arme dangereuse, la littérature, c’est la liberté d’inventer d’autres mondes, or il n’en existe qu’un seul comme il n’existe qu’un seul livre, celui de Dieu. »

Mais cela n’empêche pas les djihadistes de singer les scènes cinématographiques cultes pour mettre en scène leurs propres atrocités. Il faut dire qu’ils ne sont pas à une contradiction près.

Une bonne fiction est souvent aussi percutante qu’un documentaire !

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