Histoire de se coucher moins bête ce soir, des Ovis aries, ce sont des moutons. Voilà, ça c’est dit. Mais pourquoi choisir les moutons comme thème ? Je ne sais pas… C’est tout doux, c’est tout mignon et puis une envie de me diversifier. Au début j’avais pensé aux chèvres. J’ai préféré rendre d’abord hommage aux moutons, moins plébiscités. Peut-être que les chèvres y auront droit plus tard. Petit classement par ordre de parution française pour cet opus.
Millie de Ragnhild Scamell (texte) et Sally Hobson (illustrations), à L’école des loisirs en 1993
Millie est une jolie brebis à la toison foisonnante. Quand un oiseau lui demande s’il peut lui prendre un peu de laine pour confectionner son nid, Millie accepte avec plaisir. D’autres animaux arrivent alors pour avoir leur part de laine. Si bien qu’au bout d’un moment Millie se retrouve toute nue. Cela ne la gêne pas, et elle continue à gambader joyeusement dans les près. Mais quand vient l’hiver, elle se retrouve grelottante sous les flocons de neige. Les animaux lui ayant pris un peu de laine lui proposent bien de l’héberger, mais Millie est trop grande pour entrer dans un nid ou un terrier. Elle se réfugie à la ferme où la propriétaire lui tricote un joli pull. Le lendemain, Millie rencontre de nouveau l’oiseau, qui lui demande un bout de sa nouvelle et très belle laine verte. Dans sa gentillesse, Millie accepte…
Une petite histoire toute simple, pleine d’amour, d’amitié et de partage. Un texte qui a plus de vingt ans, mais qui mérite encore sa place dans les rayonnages. Tourné comme un petit conte traditionnel, il ravira les petits. Petit point négatif tout de même : au premier abord, Millie ne ressemble pas du tout à un mouton, mais à une chèvre…
Lou, la brebis de Karin Serres (texte) et Hervé Le Goff (illustrations) chez Flammarion (Père Castor) en 1998
Lou est un agneau bien en peine : ses parents lui ont donné un prénom que personne n’aime. Faisant trop penser au fameux « loup », son prénom fait fuir tout le troupeau. La pauvre petite Lou n’a aucun ami. En grandissant, les choses ne s’arrangent pas. Elle ne trouve pas de bélier à aimer. Alors, Lou décide de partir loin d’ici, là où les gens n’auront pas de préjugés. Sur le chemin, elle tombe sur un loup. Elle s’apprête à fuir, quand elle comprend que le loup pleure. Celui-ci lui révèle qu’il s’appelle Ange et que tous les loups se moquent de lui à cause de ce nom trop gentillet. Les deux animaux vont passer un moment à parler et se réconcilier mutuellement avec leur prénom. Lou pourra retourner sereinement dans son troupeau en assumant son prénom.
Une petite histoire toute mignonne, aux illustrations délicates et au texte enchanteur. Un petit conte sans prétention pour assumer sa différence et se faire accepter des autres.
Une petite brebis pas comme les autres de Anu Stohner (texte) et Henrike Wilson (illustrations), paru chez Kaléidoscope en 2005
Charlotte est une jeune brebis différente du reste du troupeau. Alors qu’ils restent tous massés ensemble bien tranquillement, Charlotte adore s’essayer à de nouvelles expériences. Elle grimpe aux arbres, s’aventure près de la route, monte au sommet des montagnes, nage dans la rivière… C’est une petite brebis intrépide et tous les vieux moutons lui disent sans cesse que ça va mal finir. Mais quand le berger fait une mauvaise chute et ne peut rentrer seul, tout le monde est bien content que l’intrépide agneau prenne son courage à deux mains (ou quatre pattes plutôt) et se rende à la ferme pour chercher du secours.
Une histoire tendre sur la différence et l’entraide. Plus que l’histoire c’est le format qui m’a séduite. 38 cm de haut sur 27 cm de large (à quand les bibliothèques modulables par livre ?). Cela donne de l’ampleur aux illustrations, nous permet de voir d’un autre point de vue et de constater d’un meilleur angle les risques que prend la petite Charlotte. J’ai beaucoup aimé la page en gros plan sur quatre moutons, car le format nous donne presque l’impression qu’ils sont réels.
Le jour où les moutons décidèrent d’agir de Clément Chabert, chez De La Martinière Jeunesse en 2005
Dans la montagne, vit paisiblement un troupeau de moutons. Paisiblement ? Pas si sûr. Un loup de la forêt voisine ne cesse de venir capturer des moutons pour rassasier sa faim. De plus en plus d’ovins disparaissent. Un jour, ce fut la capture de trop. Un mouton décide d’agir et propose aux autres une solution : se grouper pour piétiner le loup ! Mais aucun mouton ne veut faire partie du premier rang de la charge. Un autre mouton propose alors autre chose : hisser un gros rocher en haut de la montagne et le balancer sur le loup. Mais aucun mouton ne veut se fatiguer à monter le rocher. Ainsi, plusieurs moutons proposent différentes solutions, mais à chaque fois les autres ne veulent pas se fatiguer ou prendre de risque. Tant pis, les choses resteront comme avant…
Cette histoire m’a bien fait rire car on retrouve le cliché du mouton dans toute sa splendeur : suiveur et paresseux. Toutes les techniques décrites dans l’album pour tenter d’éradiquer le problème du loup sont drôles et ingénieuses. Mais quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Par contre, un peu surprise par la fin. Je m’attendais à ce qu’une solution soit trouvée, pas à ce que le troupeau laisse tomber et que les captures du loup reprennent. Ça donne un peu l’impression que l’auteur ne savait pas comment finir son histoire.
Le voyage de Solo de Miriam Koch, paru chez Sarbacane en 2008
Solo est le seul mouton de son troupeau à être rayé de blanc et de rouge. Il ne se sent pas à sa place dans ce pré. Il décide donc de partir à la recherche d’un endroit où sa différence ne se verra pas tant, où il sera accepté et se sentira chez lui. Il explore divers endroits, mais rien ne lui correspond. Puis, un matin, après un long voyage en train, il découvre un nouveau troupeau de moutons, au bord de la mer. Là, il est accepté et se sent chez lui. Solo a enfin trouvé sa place.
Une mignonne petite histoire sur fond d’acceptation de soi et de différence. Ce qui m’a fait craquer dans cet album, c’est en réalité son format et les illustrations qui s’y conforment. Environ 47 cm de longueur pour 18 cm de hauteur (c’est d’un pratique à ranger dans une bibliothèque…). Ce format permet d’offrir une nouvelle perspective au niveau des illustrations. Dans un premier temps, les paysages sont magnifiques car on les a en format panorama. Mais le plus intéressant et que cela permet de nous mettre à la hauteur du petit mouton. On le voit lui en plein milieu de la page et le décor autour de lui à son niveau. On ne voit que les pieds des passants par exemple. Cela donne une autre dimension à l’histoire, qui nous fait voyager loin.
Le mouton farceur de Mark et Rowan Sommerset, paru chez Milan en 2014
Petit Bêê s’ennuie. Quand Dindon Dingo arrive, petit Bêê décide de lui faire un tour. Il lui fait croire que le tas de crottes près de lui est en fait un tas de petites pastilles à malice, qui rendent plus malins ceux qui les ingèrent. Dindon Dingo est un peu sceptique, mais aussi un peu bête. Après moultes discussions, le dindon se laisse finalement tenter. Mais il s’aperçoit vite de la supercherie… Petit Bêê est bien content de sa blague. Et s’il retentait l’expérience avec Biquet Benêt ?
J’ai choisi cette histoire dans les rayonnages de la médiathèque parce que la quatrième de couverture indique « On n’a pas fait aussi drôle depuis De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête. Signé : Mouton hebdo ». Finalement, c’est un argument un peu trompeur. Non pas que l’histoire ne soit pas drôle en elle-même, c’est vrai qu’elle est rigolote, surtout au niveau des dialogues. Mais c’était un peu fort de la comparer avec cet autre album qui a eu un sacré succès. A lire avec plaisir donc, mais sans prendre en compte la quatrième de couverture.
Pas assez de laine à filer ? Voici de quoi vous contenter :
- La suite du Voyage de Solo : Le rêve de Solo
- File la laine de Karen Irmer
- Pompon le mouton de Axel Scheffler
- Le voyage de Lou (la suite de Lou, la brebis)
Bonnes lectures moutonneuses les loulous !