Titre : Chanson douceAuteur : Leïla SlimaniGenre : littérature, thriller, drameÉdition : Gallimard, collection blanche, Août 2016Format : Broché, grand format, 240 pages (18€)Distinction : Goncourt 2016
Présentation de l'éditeur Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se
révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
ExtraitMyriam pose sa joue sur l’épaule de son mari. Louise sait qu’ils vont s’arrêter, dire au revoir, faire semblant d’avoir sommeil. Elle voudrait les retenir, s’accrocher à eux, gratter de ses ongles le sol en pierre. Elle voudrait les mettre sous cloche, comme deux danseurs figés et souriants, collés au socle d’une boîte à musique. Elle se dit qu’elle pourrait les contempler des heures sans se lasser jamais. Qu’elle se contenterait de les regarder vivre, d’agir dans l’ombre pour que tout soit parfait, que la mécanique jamais ne s’enraie. Elle a l’intime conviction à présent, la conviction brûlante et douloureuse que son bonheur leur appartient. Qu’elle est à eux et qu’ils sont à elle.
ExtraitPour la première fois de sa vie, Louise s’assoit sur le canapé et regarde quelqu’un cuisiner pour elle. Même enfant, elle ne se souvient pas d’avoir vu quelqu’un faire ça, juste pour elle, juste pour lui faire plaisir. Petite, elle mangeait le reste des plats des autres. On lui servait une soupe tiède le matin, une soupe réchauffée jour après jour, jusqu’à la dernière goutte. Elle devait la manger en entier malgré la graisse figée sur les bords de l’assiette, malgré ce goût de tomates sures, d’os rongé.
ExtraitOn lui a toujours dit que les enfants n’étaient qu’un bonheur éphémère, une vision furtive, une impatience. Une éternelle métamorphose. Des visages ronds qui s’imprègnent de gravité sans qu’on s’en soit rendu compte. Alors toutes les fois qu’elle en a l’occasion, c’est derrière l’écran de son iPhone qu’elle regarde ses enfants qui sont, pour elle, le plus beau paysage du monde.
VerdictTout de suite après avoir lu quelques lignes on comprend, oui on comprend pourquoi Leïla Slimani à obtenu le Goncourt 2016, pourquoi la critique est unanime sur la qualité du roman, pourquoi ? Parce que c'est tellement bien écrit, un style fort pour un récit dur, j'ai ressenti l'envie de lire le livre d'un coup sans m'arrêter dès les premières pages.
C'est également un roman difficile à classer dans une catégorie.Thriller ? Oui et non vu que l'ont connais très vite le dénouement et que Leïla Slimani va nous conter cette chanson douce pour sonder l'âme humaine et ses faiblesses tout du long mais qu'il s'agît de meurtres et du déclin d'une femme vers la folie.Littérature ? Oui sans conteste.Drame ? Oui mais raconté avec douceur et pudeur.
Les personnages sont tous intéressants mais c'est surtout la nounou qui est au centre du récit, un personnage froid, calculateur et perdu dont je me souviendrais longtemps.
Leïla Slimani à réussie avec cette Chanson douce à nous bercer tel des enfants lisants un conte macabre, et ce, avec une histoire qui fait froid dans le dos et ne vous laissera pas indifférent.Un livre qu'il faut avoir dans sa bibliothèque, mais attention, vous ne verrez plus les nounous comme avant !
Ma note 8,5/10