Titre : Petit paysAuteur : Gaël Faye Genre : Drame, guerre, littérature contemporaineEditeur : Grasset, août 2016Distinction : Prix Goncourt des lycéens 2016, Prix du roman Fnac 2016Format : Ebook (12,99€), existe en grand format broché, 224 pages (18€)
Description éditeur :En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel voit avec inquiétude ses
parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…
« J’ai écrit ce roman pour faire surgir un monde oublié, pour dire nos instants joyeux, discrets comme des filles de bonnes familles: le parfum de citronnelle dans les rues, les promenades le soir le long des bougainvilliers, les siestes l’après-midi derrière les moustiquaires trouées, les conversations futiles, assis sur un casier de bières, les termites les jours d’orages... J’ai écrit ce roman pour crier à l’univers que nous avons existé, avec nos vies simples, notre train-train, notre ennui, que nous avions des bonheurs qui ne cherchaient qu’à le rester avant d'être expédiés aux quatre coins du monde et de devenir une bande d’exilés, de réfugiés, d’immigrés, de migrants. »
Avec un rare sens du romanesque, Gaël Faye évoque les tourments et les interrogations d’un enfant pris dans une Histoire qui le fait grandir plus vite que prévu. Nourri d’un drame que l’auteur connaît bien, un premier roman d’une ampleur exceptionnelle, parcouru d’ombres et de lumière, de tragique et d’humour, de personnages qui tentent de survivre à la tragédie.
ExtraitLà, moi non plus je ne savais pas ce que je pensais. De toute façon, que peut-on penser de tout ça ? Alors j’ai demandé :– La guerre entre les Tutsi et les Hutu, c’est parce qu’ils n’ont pas le même territoire ?– Non, ça n’est pas ça, ils ont le même pays.– Alors... ils n’ont pas la même langue ?– Si, ils parlent la même langue.– Alors, ils n’ont pas le même dieu ?– Si, ils ont le même dieu.– Alors... pourquoi se font-ils la guerre ?– Parce qu’ils n’ont pas le même nez.ExtraitPlus tard, quand je serai grand, je veux être mécanicien pour ne jamais être en panne dans la vie.ExtraitPacifique s’abreuvait à plein gosier des paroles de la vieille. Sa tête dodelinait, il se laissait bercer par la nostalgie de sa grand-mère. Il s’est approché d’elle pour serrer sa petite main plate et osseuse entre les siennes et lui a soufflé que les persécutions s’arrêteraient, qu’il était temps de rentrer chez eux, que le Burundi n’était pas leur pays, qu’ils n’avaient pas vocation à rester des réfugiés pour l’éternité. La vieille s’accrochait à son passé, à sa patrie perdue et le jeune lui vendait son avenir, un pays neuf et moderne pour tous les Rwandais sans distinction. Pourtant, ils parlaient bien tous les deux de la même chose. Le retour au pays. L’une appartenait à l’Histoire, et l’autre devait la faire.Extraitle Rwanda était devenu un immense terrain de chasse dans lequel le Tutsi était le gibier. Un humain coupable d’être né, coupable d’être. Une vermine aux yeux des tueurs, un cancrelat qu’il fallait écraser.ExtraitAllongée sur le carrelage de la terrasse, ses feutres et ses crayons de couleur éparpillés autour d’elle, Ana dessinait des villes en feu, des soldats en armes, des machettes ensanglantées, des drapeaux déchirés.Verdict :J'ai attendu quelques jours avant de rédiger cet avis car ce récit à été, pour moi en tout cas, assez difficile à encaisser de part la dureté des faits et des sentiments qu'il procure. J'ai pourtant l'habitude de faire mes chroniques à chaud mais là je n'ai pas pu, c'est une réaction assez rare de ma part.
Nous suivons dans cette histoire, Gabriel, un jeune garçon métisse dont le père est français et la mère réfugiée rwandaise au Burundi. Gaby va au cours de cette jeunesse, essuyer les aléas de tout jeunes garçons pris entre deux cultures, dans un pays où la guerre ethnique va s'installer. Ce n'est déjà pas facile de grandir dans des conditions normales donc je vous laisse imaginer la montagne à gravir pour sortir indemne de cette enfance.
Ce jeune garçon m'a beaucoup plus, il est sensible, courageux et intelligent, de plus, malgré la guerre, le Burundi à l'air d'un pays très beau.Les thèmes abordés en parallèle de cette guerre civile et ethnique sont évidement la politique, l'amitié, la séparation, l'ennuie, la vie, la mort et encore plein d'autres thèmes et sentiments que je tairai pour ne pas trop dévoiler l'histoire.J'ai donc vraiment adoré ce livre, j'avais l'impression d'être avec ces gens tellement le récit respire le "vrai", tellement il m'as pris aux tripes, je ne pleure jamais sur un livre, je prend en général assez de distances pour faire la part des choses, mais la, la fin m'a tiré des yeux rouges et humides ainsi qu'un sentiment de tristesse immédiate. Relire un roman est une chose que je déteste et bien ici j'ai déjà envie de m'y replonger.À lire absolument, c'est une histoire qui va certainement jouer avec vos sentiments, elle est horrible et elle est si belle !Ma note : 9,5/10