L’insouciance de Karine Tuil

Publié le 21 janvier 2017 par Carocaro

Osman a été éducateur dans une cité parisienne avant de gravir les échelons et de se retrouver conseiller à l’Elysée. François est un grand patron, richissime amateur d’art. Romain revient d’Afghanistan où il s’était engagé contre le terrorisme. Marion a vécu une enfance difficile, elle est aujourd’hui journaliste et compagne de François.

Des destins tout tracés ?

Au contraire, Romain retrouve à grand peine sa femme Agnès et son fils Tommy qui ne le reconnaît plus après six mois d’absence. Lui souffre d’un stress post-traumatique, et ne rêve que de retrouver Marion, la journaliste qu’il a rencontré quelques jours avant son retour.

Osman, pour un mouvement d’humeur à l’évocation de ses origines noires, est soudainement exclu du pouvoir. Puis c’est sa compagne Sonia qui le quitte, tandis qu’il s’enfonce dans le ressentiment auprès de vieux amis de la cité.

François accordé une interview à un magazine. Mais la photo accompagnant le texte, le montrant assis sur une oeuvre d’art (une chaise en forme de femme noire), est interprétée comme un message raciste. Tout s’écroule autour de lui, ses moindres faits, ses moindres mots sont épluchés et expliqués à l’aune des reproches qu’on lui fait. Son ascendance juive lui est bientôt également reprochée, et il est livré à la vindicte populaire… ou politique. Tandis que Marion sa femme s’éloigne de lui…

Dans une langue précise et agréable, Karine Tuil décortique les failles, les fissures qui mènent de l’insouciance au drame, les descentes aux enfers, les montagnes russes du pouvoir qui fait et défait un homme en un instant.

Au gré des succès et des échecs des personnages, elle nous interroge sur la responsabilité de chacun dans son destin, sur le sens de la vie et de l’amour dans toute cette frénésie, le tout dans un roman très bien construit, où l’action nous prend souvent par surprise, jusqu’au dénouement, tragique ou rédemptoire.

J’ai beaucoup aimé l’histoire et l’écriture de ce gros roman qu’il me tardait de finir. J’en garde un goût doux-amer et le sentiment d’un livre réussi et d’un sujet habilement traité.

Karine Tuil, née le 3 mai 1972 à Paris, est une romancière française.

L’insouciance est paru en août 2016 aux éditions Gallimard (22€).

Morceaux choisis :

« dans la vie, il y a très peu d’occasions d’être heureux. L’amour en est une. Mais elle est rare et a une durée imitée. Alors que la lecture peut être quotidiennement renouvelée. »

« La plupart des gens préfèrent le confort à la prise de risque, dit-il enfin,  parce qu’ils ont peur du changement et de l’échec, alors que la plus grande des peurs devrait être celle d’une vie gâchée. »

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Classé dans:Romans adultes Tagged: Gallimard, Littérature française