La couverture de ce premier roman a beau ne donner aucune information et ne rien dévoiler de son contenu, elle annonce pourtant la couleur. Ce sera noir, ce sera sinistre et pas très drôle.
L’été des charognes est un livre halluciné et le portrait au vitriol d’une France rurale dégénérée. L’auteur y raconte une certaine jeunesse chez les cul-terreux, les jeux idiots de gamins qui ne le sont pas moins, le quotidien des laissés-pour-compte et des miséreux. Pas besoin d’aller dans l’Amérique profonde pour se frotter à cette version de Déliverance, c’est bien ici que ça se passe, chez nous.
Alors laissez derrière vous les images d’herbes folles et de papillons, vous avez les pieds dans la boue et les chiens grognent en vous regardant.
Cette vision pessimiste d’une campagne reculée et terriblement ravagée est un portrait touchant, poignant mais désespérant. L’éducation s’y fait à coups de lacunes et de racisme ordinaire, la population est ravagée, il n’y a aucune perspective. Et pourtant, aussi improbable que cela puisse paraître, c’est de ce vivier qu’arrive notre narrateur, un enfant moins mal loti que les autres, qui décrit son environnement, sa famille, ses amis et son nulle-part avec des mots justes, une langue sans détour et un humour grinçant.
Aussi sobre que ses personnages sont imbibés, voici un roman très aboutit, un livre qui colle à la peau et qui fait mal au bide. Et c’est exactement ma définition d’un bon livre.