Résumé :
Jusque là tout était clair dans sa tête. À la maison, il était Mo, parfois aussi Tit’tête ou bouffon à lunettes. À l’école, c’était Maurice Dambek. Chez lui, à l’étroit dans le petit appartement, ça parlait fort par-dessus la télé et ça disait des gros mots (pour être tranquille, Mo fait ses devoirs dans la baignoire !). En classe, on se tenait correctement et on parlait comme dans les livres. Ses deux vies étaient bien distinctes, il suffisait de ne pas se tromper de langage. Mais, un jour, Mo découvre la maison de son ami Hippolyte et le mur de photos dans le salon, où sont exposés tous les gens connus de la famille – un grand médecin humanitaire, un écrivain, un acteur de la Comédie française et même un prix Nobel ! À partir de ce moment, Mo commence à s’éloigner et à avoir honte de sa famille déglinguée, où il n’y a aucun héros, que des zéros. Mais dans un vieil album de famille, il va faire une découverte…
Mon avis
J’avais déjà eu l’occasion de lire un des romans de Jo Witek avec Rêves en noir, qui m’avait bien plu et c’est donc sans surprise, que j’ai jeté mon dévolu sur Y a pas de héros dans ma famille ! Je remercie d’ailleurs les éditions Actes Sud Junior qui m’ont fait une belle surprise en me proposant de lire certaines de leurs nouveautés. J’ai tout d’abord été attirée par la jolie couverture, haute en couleurs et le résumé a fini par me donner envie de découvrir ce roman jeunesse. J’ai ainsi passé un très bon moment de lecture !
Nous faisons donc la connaissance de Maurice Dambek, petit dernier d’une famille modeste d’origine polonaise. Chez lui, il se fait surnommer Mo ou encore Tit’tête et bouffon à lunettes par ses frères et soeur. Mo est persuadé que tous les enfants de son âge mènent une double vie, celle à la maison et l’autre à l’école. Car, voyez-vous, le quotidien de Mo est partagé entre un environnement familial bruyant où on parle fort, on utilise un vocabulaire grossier et où la maison ne desemplie pas et un climat scolaire où on doit parler poliment, être sage et avoir de bonnes notes. Toutefois, lorsque Mo se rend chez son ami Hippolyte, toute sa vision des choses est remise en question. En effet, chez ce dernier on vit dans le calme, on discute doucement et surtout on ne compte plus les prix Nobel et autres exploits familiaux. Mais voilà, chez Mo il n’y a pas de héros dans sa famille. C’est le drame !
Jo Witek nous entraîne à travers une analyse sociale et familiale, où les préjugés et autres stéréotypes sont pointés du doigt de manière parfois caricaturale mais toujours avec humour et émotion. La romancière nous décrit également avec justesse et délicatesse ce sentiment de honte que peuvent éprouver les enfants vis à vis de leurs proches à un moment de leur vue. On s’est tous retrouvés un jour ou l’autre dans des situations embarrassantes provoquées par nos chers parents ou un membre de notre famille. C’est donc sans mal que l’on compatit à la détresse de Mo, qui du jour au lendemain, prend conscience de sa différence et perd ses repères.
J’ai fini ce roman en quelques heures à peine, d’un côté, parce qu’il est assez court et de l’autre, grâce à la plume de l’auteure qui est toujours aussi agréable. La simplicité du style rend la lecture d’autant plus fluide et surtout très accessible. La narration à la première personne permettra aux plus jeunes de s’identifier à Mo et aux plus âgés d’entre nous de se remettre dans la peau d’un enfant l’espace d’un roman et ainsi, mieux comprendre son point de vue et son ressenti.
Par ailleurs, Jo Witek nous offre une sacrée palette de personnâges, à commencer par Mo et sa drôle de tribu. Je me suis des le début prise d’affection pour Mo. C’est un garçon timide, brillant à l’école mais se sent différent par rapport aux autres membres de sa famille. J’ai été à la fois attendrie et émue par ce personnage qui peine à trouver sa place. Après l’humiliation causée par la famille d’Hippolyte, Mo développera un regard plus critique sur les siens. Je vous laisse toutefois les découvrir par vous-mêmes pour ne pas vous gâcher ce plaisir. Ils ne sont peut être pas parfaits mais les héros ne sont pas toujours comme on les imagine.
En bref, Y a pas de héros dans ma famille ! a été une très bonne decouverte. Jo Witek nous livre un roman à la fois tendre, émouvant et rafraîchissant, qui ne manquera pas de ravir petits et grands !