A Rio de Janeiro, entre les années 1940 et 1960, vit une femme du nom d’Euridice Gusmão. Après une enfance sans éclats auprès de ses parents, après la fugue de sa sœur Guida, elle épouse Antenor, un homme de bonne stature sociale, avec qui elle a deux enfants. Parce que sa condition d’épouse et de mère l’exige, la vie d’Euridice se résume à son seul foyer familial, et c’est bien là son souci. Elle tente de se trouver un loisir, quelque chose qui puisse combler son ennui. Elle s’essaye tour à tour à la cuisine, à la couture, à la littérature, toujours sous l’œil tantôt méprisant, tantôt indifférent de son mari… Parviendra t-elle alors à (re)trouver son bonheur…?
Les personnages d’Euridice et de Guida, que l’on apprend aussi à connaître tout au long du roman, sont attachants. C’est essentiellement ce qui m’a permis d’aller au bout de ma lecture. On avance avec les deux sœurs. Avec elles, on espère, on déchante face à la réalité de la vie, on a envie de croire à un quotidien meilleur… La façon qu’a Martha Batalha de décrire les choses oriente la perception que se fait le lecteur des personnages de cette histoire. Le ton est incisif, accrocheur, drôle. La traduction semble alors de qualité (traduit du portugais). Par moments, le style d’écriture qu’emploie l’auteure m’a fait penser à l’univers des contes, des fables… Une fable sur la place et la condition de la femme dans la société brésilienne des années 40-60 ? Assurément. Dépendantes des hommes (souvent matérialistes et parfois lâches, comme on pourra le constater) elles n’en manquent pas moins de courage quand les situations l’exigent…
Le cours du roman est jalonné de nombreuses digressions. Dès que l’histoire se focalise un tant soit peu sur l’un des protagonistes de l’intrigue, l’auteure nous déroule tout son portrait, depuis l’enfance jusqu’à l’instant T, ou presque… Et de ce fait, j’ai perdu plusieurs fois le fil de ma lecture, en me demandant surtout quel était le but de tout cela. Mais je me suis accrochée, bien que ralentie à certaines reprises dans mon élan, et je pense avoir malgré tout bien fait. Je me suis surprise à compatir avec toutes les femmes de cette histoire, à sourire au gré des pages. Au final, j’ai terminé ma lecture sur une impression pas si négative que cela, même si ce roman ne me laissera pas non plus un énorme souvenir…
Je pense que ce qui a principalement guidé mon impression envers ce livre, c’est surtout l’image que je m’en étais faite, seulement à partir de sa couverture vivement colorée, d’autant plus que l’histoire se passe au Brésil (synonyme pour moi de soleil et de bonne humeur). Mais c’est bien connu, « l’habit ne fait pas le moine », et cela vaut aussi pour l’apparence d’un livre. Ne jamais juger un livre à sa seule couverture. L’attente était donc quelque peu importante, et c’est souvent lorsque l’on attend précisément quelque chose d’un ouvrage qu’on aboutit à un sentiment quelque peu en demi-teinte. Pourtant, je ne doute absolument pas des qualités / de l’intérêt de ce livre et du talent de son auteure, mais en ce qui me concerne, ce n’est pas tellement le coup de cœur escompté, à regret…