Toute sa vie, Eva entend cette question. Eva est née et a grandi tout au nord de l'Italie, dans le Sud-Tyrol ou Haut-Adige, un petit bout de territoire tombée dans l'escarcelle italienne à la fin de la Première guerre mondiale, où les habitants sont majoritairement germanophones.
Eva dort est un très beau roman à tous points de vue. L'histoire de Gerda, dans sa soif de liberté, est émouvante et désespérante. On découvre le contexte historique de ce petit morceau d'Italie, italianisé de force, ensanglanté par les attentats indépendantistes, et finalement autonomisé, le tout sur fond d'Italie des années 1960 et 1970, développement du tourisme et années de plomb compris. On s'attache à la beauté de ces vallées montagnardes, une beauté teintée de mélancolie.
Voilà une jolie pépite, qui prouve si besoin était la vitalité de la jeune littérature italienne (voir Silvia Avallone, dans un genre bien différent pourtant, avec D'acier).