C’est en exploitant cette idée qu’il se lance dans la biographie de Jonas Wergeland. Ma culture norvégienne étant ce qu’elle est et le livre s’ouvrant sur un intrigant avertissement, j’ai d’abord cru qu’il était inspiré d’une personnalité réelle du monde de la télévision, voire que l’homme existait vraiment. Il semblerait qu’il soit simplement fictif. Bref, imaginaire ou réel, Jonas Wergeland est un homme actif, énergique, influent, charismatique et les traits de sa personnalité s’expliquent par les histoires qu’il a vécues au cours d’une vie bien remplie.
Comme on peut donc s’y attendre, plus qu’un récit harmonieusement cousu, le livre est une succession d’histoires courtes liées par une trame proche du filigrane. Du fait de son principe même, ce livre de 600 pages, premier volume d’une trilogie, pourrait en durer 6000, n’avoir jamais de fin. Je craignais que ça ne sente l’exercice d’écriture et que l’auteur n’ait du mal à maintenir l’attention du lecteur. Mais non. Je suis resté jusqu’au bout avec plaisir, captivé par la narration, impressionné par la quantité de bonnes idées et la fluidité avec laquelle elles s’enchaînent.
La question est maintenant de savoir ce qu’il y a dans les deux volumes suivants, l’essoufflement ou le renouvellement. Je parie plutôt sur la confirmation de l’immense talent de Jan Kjaerstad.