Éditions Casterman, 2011 (64 pages)
Ma note : 18/20
Unique roman d’Alain-Fournier (paru en 1913), il paraît que Le grand Meaulnes fait partie de ces classiques de la littérature française qui méritent d’être lus au moins une fois. Je dois vous avouer un secret : il m’a été impossible d’achever la lecture de ce roman lors de ma première tentative (j’avais alors quinze ans). Aussi plus de dix ans plus tard, lorsque je suis tombée par hasard sur cette BD inspirée du roman d’Alain-Fournier, il me fallait essayer de me réconcilier avec l’auteur. Et j’ai très bien fait… Quelle merveilleuse histoire ! Cette lecture constitue mon deuxième coup de cœur 2017.
Lorsque François Seurel (un jeune homme calme et timide) rencontre Augustin Meaulnes, il ne sait pas encore que son quotidien s’en trouvera bouleversé. Les deux jeunes garçons se lient peu à peu d’amitié. Puis, quelques jours avant Noël, Augustin disparaît… Un endroit mystérieux. Un château dans lequel se prépare une grande fête. La rencontre de la jolie Yvonne de Galais. Augustin rencontre alors un décor onirique, sorte de paradis perdu. De retour à Sainte-Agathe, aidé de François, il n’aura plus qu’une hâte : retrouver le domaine des Sablonnière.
Si je ne connais pas (encore) le roman d’origine, je n’ai pu qu’être sensible aux thématiques abordées. La force de l’amitié. L’adolescence et ses tourments. Le passage de l’adolescence à l’âge adulte. L’idéalisation du premier amour. Je trouve que ces thèmes sont abordés très intelligemment, de même que l’intrigue aura su me captiver. J’ai comme été happée. Les pages filaient entre mes doigts. Les décors du Berry (région natale d’Alain-Fournier) dominent. De même que l’intrigue se centre énormément sur les relations qu’entretiennent nos personnages entre eux. Des triangles amoureux. Des promesses qu’on imagine devoir tenir. Un mariage raté. Une rencontre. Une quête fiévreuse de l’être aimé. Des retrouvailles. Sacrifier son bonheur pour permettre celui d’un proche. J’ai trouvé le tout passionnant, même si je ne m’attendais pas à ce que l’intrigue se termine ainsi. François. Meaulnes. Yvonne. Frantz. Valentine. Chaque personnage possède un rôle clef au niveau de l’intrigue, et c’est aussi ce qui m’a grandement plu…
Du côté des planches, j’ai trouvé cette BD très agréable à lire. Le tracé se fait précis. On alterne entre de froids paysages d’hiver et de sombres images d’automne. Les costumes (nous sommes en plein début du XXème siècle) correspondent à la mode d’alors. J’ai pu lire que Bernard Capo connaît très bien le Cher, département dans lequel se déroule l’action, et qu’il a tenu à retranscrire les décors décrits par Alain-Fournier le plus fidèlement possible. C’est plutôt bien pensé. Si l’adaptation du roman en BD était un pari plus qu’osé, c’est pour moi une totale réussite. Celle-ci fera peut-être découvrir l’intrigue aux plus jeunes ou encore à des lecteurs, qui comme moi, seront passés à côté de l’œuvre après une première tentative.
Pour résumer, cette BD m’aura fait découvrir l’intrigue du Grand Meaulnes. Mon seul regret est de ne pas m’y être replongée avant et d’avoir tant attendu… À l’image du vécu d’Alain-Fournier (mort sous les balles allemandes à presque vingt-huit ans), l’intrigue possède un côté tragique. Il me tarde pourtant de découvrir le roman d’origine, et ainsi la plume d’Alain-Fournier. Je termine mon billet avec cette phrase écrite par l’auteur lui-même dans une lettre : “Je ne demande ni prix, ni argent, mais je voudrais que Le Grand Meaulnes fût lu…”. Pour ma part, ce sera chose faite avant la fin de l’année !