Infinity 8 volume 1: Romance et macchabées (Lewis Trondheim – Zep – Dominique Bertail – Editions Rue de Sèvres)
Infinity 8 volume 2: Retour vers le Führer (Lewis Trondheim – Olivier Vatine – Editions Rue de Sèvres)
« Un space opéra pop et pulp ». Voilà le programme alléchant proposé par Lewis Trondheim (à la direction scénaristique) et Olivier Vatine (à la direction artistique) avec « Infinity 8 », une nouvelle série dont les deux premiers tomes viennent de paraître simultanément aux éditions Rue de Sèvres. Il s’agit d’un projet à la fois fou et ambitieux puisque cette histoire de science-fiction déjantée réunit pas moins de 8 dessinateurs et 8 scénaristes différents, Trondheim et Vatine étant chargés d’assurer la cohérence entre les 8 tomes prévus. Le casting de la série est une véritable dream team, dans laquelle on retrouve des auteurs de renom comme Zep, Bertail, Boulet, Guibert, Killofer, Kris ou encore Vehlmann. Excusez du peu! En gros, chaque album est signé par un dessinateur différent sur base d’une charte graphique déterminée par Olivier Vatine, tandis que le scénario de chaque album est assuré par Trondheim en collaboration avec un co-scénariste. Et ça parle de quoi? Pour résumer, « Infinity 8 » est le nom d’un vaisseau de croisière intergalactique qui transporte 88.000 passagers de 257 races différentes à travers l’espace. Au quinzième jour de son voyage, le vaisseau se retrouve bloqué par un gigantesque amas d’artéfacts, de bouts de planètes et de sépultures. Englué dans cet énorme mausolée plutôt répugnant, « Infinity 8 » court un grave danger. Pour pouvoir repartir vers sa destination finale (la galaxie d’Andromède), l’équipage n’a pas le choix: il va falloir sortir dans l’espace et explorer ce cimetière géant pour comprendre d’où il provient. Heureusement, le capitaine du vaisseau (une sorte d’énorme poulpe) a un super-pouvoir qui lui permet de faire 8 « reboots temporels » de 8 heures. Autrement dit, il est capable d’explorer plusieurs futurs alternatifs en générant huit boucles temporelles différentes, ce qui offre évidemment un peu plus de marge pour trouver une solution pour faire repartir le vaisseau. Par la même occasion, cette astuce scénaristique permet à Trondheim de raconter huit fois la même journée, comme dans le film « Un jour sans fin », si ce n’est que chacun des 8 tomes de la série « Infinity 8 » aura un personnage principal différent. Huit héroïnes qui, comme par hasard, sont toutes des agentes de l’espace hyper-sexy. Un clin d’oeil appuyé aux comics de science-fiction des années 50 et 60, auxquels « Infinity 8 » rend clairement hommage.
Dans « Romance et macchabées », le premier tome de la série, l’héroïne s’appelle Yoko Keren. Les formes généreuses de cette agente humaine auraient de quoi faire pâlir Marilyn Monroe. Et pourtant, elle ne parvient pas à trouver le meilleur géniteur possible pour son futur enfant. Entre deux interventions musclées pour rétablir l’ordre à bord du « Infinity 8 », Yoko passe son temps à scanner le potentiel génétique de tous les êtres qu’elle croise, afin de vérifier s’ils seraient compatibles avec le sien, mais sans résultat concluant jusqu’à présent. Convoquée en urgence par le capitaine du vaisseau pour une « procédure 8 » (un chiffre décidément utilisé à toutes les sauces), Yoko est envoyée dans l’espace pour explorer l’énorme amas d’artefacts hétéroclites qui empêche « Infinity 8 » de poursuivre son voyage et tenter d’en découvrir l’origine. Attaquée par une horde de Kornaliens, des êtres nécrophages excités par la présence de milliers de cadavres, Yoko ne va pas tarder à se retrouver dans de sales draps. Heureusement, elle peut compter sur l’aide de Sagoss, un Kornalien un peu benêt… mais fou amoureux de la jolie agente de l’espace.
Changement de trame temporelle, et donc d’héroïne, dans « Retour vers le Führer », le deuxième volume de la série. Exit Yoko, désormais on suit Moonkicker, une autre agente diablement sexy. Son petit pêché mignon, ce sont les selfies. Même dans les situations les plus délicates, elle n’oublie jamais de poster une photo d’elle sur les réseaux sociaux, ce qui lui vaut régulièrement des ennuis avec sa hiérarchie. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle est accompagnée en permanence par un robot de probation, dont le principal défaut est d’être dénué du moindre sens de l’humour, au plus grand dam de Moonkicker. Comme Yoko dans le tome 1, l’agente Moonkicker est convoquée dans le poste de commande, où le lieutenant Ruffo lui explique le problème rencontré par le vaisseau « Infinity 8 ». Envoyée dans l’espace pour explorer la zone, elle tombe sur une bande de nazis plutôt inoffensifs, mais qui ont l’idée saugrenue de vouloir récupérer la tête congelée d’Adolf Hitler à bord de l’épave d’un V4 jadis envoyé dans l’espace par Von Braun. Jusque-là, rien de très grave. Le hic, c’est que lorsque cette tête se retrouve branchée au robot de probation de Moonkicker, Hitler retrouve instantanément tout son pouvoir de nuisance. Fidèle à lui-même, le dictateur allemand sème rapidement le chaos sur le vaisseau spatial en prenant la tête d’une armée de robots. La mission de Moonkicker est alors de retarder l’avancée d’Hitler jusqu’au prochain « reboot » temporel…