Règle d'or apprise sur les terrains de foot ou dans d'autres sports, on ne change pas une équipe qui gagne. Du coup, pourquoi voudriez-vous que le binôme Chris Samnee et Mark Waid se sépare? Ces deux-là opèrent à nouveau ensemble, après un run de belle facture sur Daredevil, et s'occupent désormais du destin de la Veuve Noire, ou plutôt Black Widow comme il convient de la nommer en 2017, pour d'évidentes raisons marketing. La première bonne nouvelle, c'est pour le traducteur de la Vf, qui va pouvoir faire son travail en dix petites minutes, tant il y a peu de dialogues dans ce premier tome. Pas le temps de parler, car c'est l'action qui prime, et de fort belle et efficace manière. Dès la première page, Natasha est une fugitive. Elle se trouve au sein de l'héliporteur du Shield, et n'a qu'une seule idée en tête, s'en échapper. Apparemment, elle aurait volé quelque chose, ce qui n'est pas du tout du goût de Maria Hill. Au Shield, ce ne sont pas les gros bras qui manquent, alors pour pouvoir semer ses poursuivants, Black Widow doit en faire des tonnes. Combat corps à corps, saut en chute libre ou vol dirigé à bord d'une de ces voitures modernes qui peuvent à l'occurrence servir de petits avions, explosions, courses en moto, bref tout est bon pour se sortir de cette situation épineuse. Du coup la star c'est Samnee, qui a l'occasion de laisser parler son talent. De dessinateur, c'est évident, mais plus encore de story-teller, car c'est la mise en page, l'art d'agencer les vignettes et de rendre le récit frénétique, électrisant, mais toujours lisible, qui est la grande qualité de ce début en fanfare. Mark Waid avait promis de l'espionnage old school, avec une héroïne momentanément dans l'impossibilité de recourir à toutes sortes de gadgets ou de coups de main ultra technologiques, nous allons donc profiter de son habileté, fruit d'un entraînement et d'une vie passée à faire la nique aux services secrets du monde entier, pour voir ce qu'elle sait (encore) faire. Une série qui s'inscrit dans la courant moderne de ce que produit Marvel, à savoir des titres qui n'ont pas vocation à interagir fortement avec les autres, qui ne sont pas là pour bouleverser l'ordre établi, mais pour rendre attachants et humaniser les héros mis en scène. Et croyez-moi, Natacha va en baver...
On part ensuite du coté de la Russie, pour exhumer des souvenirs douloureux, extraits du passé de la Veuve. Vous le savez, elle ne fut pas toujours au service des Avengers, et sa formation n'a rien d'un bac littéraire, mais ressemble en fait à une expérience de survivalisme cruelle. La Chambre Rouge recrutait de gamins apeurés, pour en faire des armes infaillibles, des machines à exécuter les missions les plus périlleuses. Tuer est bien sûr une matière comme une autre, comme la géographie ou les sciences physiques. Pauvre Natasha, d'autant plus qu'elle est momentanément l'objet d'un chantage, ce qui l'oblige à obéir à celui qui la manipule, et dresse donc les forces du contre-espionnage contre elle. D'où le titre de ce premier tome, le Lion blessé, qui se réfère à qui tire les ficelles de tout ceci. Une remarque générale pour conclure : l'ensemble fonctionne parfaitement bien, sans le moindre complexe, sans temps mort. L'action est au coeur des débats, avant que des fragments du passé de la Veuve ne viennent compliquer l'affaire, et Samnee donne des leçons à un peu tout le monde, variant les cadrages et le rythme à la manière d'un réalisateur de cinéma. Un shoot d'adrénaline, pour un moment de lecture chez Panini Comics, qui ne bouleversera pas l'univers Marvel, mais justifie son achat jusqu'au dernier centime.
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