Cycle Auschwitz et autres atrocités (2)

Cycle Auschwitz et autres atrocités (2) Cycle Auschwitz et autres atrocités (2)

Après le génocide juif, j’ai lu deux livres de témoignages sur le génocide du Rwanda par le même auteur journaliste qui est allé là-bas. Avant de lire ces bouquins, je n’étais que très peu au courant de ce génocide, et c’était à peine si je savais où se trouvait le Rwanda sur la carte. Je me demandais si la distance géographique avec le Rwanda me rendrait les événements décrits plus difficiles à comprendre en terme géopolitique et culturelle.

Au contraire, le premier livre de la trilogie est une succession de témoignages de Tutsis qui ont réchappé par miracle aux Hutus, responsables du génocide du Rwanda en 1994. Même si les barrières culturelles existent, on est face à des humains blessés, face à des gens qui ont perdu toute leur famille et qui racontent leur souffrance et c’est un témoignage universel. J’avais les larmes aux yeux devant toutes ses personnes qui acceptaient de révéler leur calvaire devant un monde indifférent et des puissances européennes qui, non seulement avait fermé les yeux mais avait aussi encouragé ce massacre. Comment peut-on survivre indemne à une telle expérience? L’auteur cherche souvent à comparer ce génocide au génocide juif mais je pense que même s’il n’est pas comparable, on a dans ces témoignage un récit qui ne cherche pas à se poétiser ou à rendre les choses supportables contrairement à ceux de Primo Lévi. Les survivants veulent juste pour la plupart rester tranquilles, et ceux qui acceptent de témoigner le font avec beaucoup de sincérité et une simplicité admirable.

Le deuxième livre fait parler les Hutus, ceux qui ont participé aux massacres contre les Tutsis et ont profité des massacres pour voler aux Hutus. Je comprends la perplexité du journaliste devant ce massacre commis par des voisins contre des amis et son insistance pour essayer de comprendre malgré tout comment la nature humaine peut accomplir ces atrocités. Cependant, au-delà du fait que les meurtriers semblent ne regretter aucun de leurs actes et les justifient par des ordres venus d’au-dessus, l’auteur met en parallèle les témoignages des victimes avec ceux des coupables ce qui met mal à l’aise et place ce tome en contradiction avec les propos du premier livre. Je m’attendais à du repentir, à des hommes déboussolés qui se détestent pour ce qu’ils ont été obligés de faire et en réalité, on découvre des hommes à la fois normaux et monstrueux. Ces hommes ne regrettent rien sauf le fait de n’avoir pas pu terminer le massacre et cela pose une sacrée question philosophique: comment peut-on devenir un meurtrier sanguinaire en si peu de temps? Est-ce que n’importe qui peut le devenir? Et cela donne des frissons dans le dos!