Le bonheur... Et la sempiternelle quête pour l'atteindre. Eternels sujets pour la littérature, le cinéma... Eternelle question que tout un chacun se pose. Mais quelle définition donner au bonheur ? Car, finalement, nous avons chacun la nôtre et elle est sans doute différente pour chaque individu... Voici un roman que l'on peut ranger parmi les classiques de la littérature mondiale, qui aborde cette question en nous emmenant à la suite d'un personnage qui, dans l'Amérique de la première moitié du XXe siècle, va mener cette quête si personnelle, entre hauts et bas, succès et renoncements, passions et déceptions, polissant à chaque fois qu'un chapitre de sa vie prend fin sa vision idéale de ce bonheur... "Les aventures d'Augie March" est le troisième roman de Saul Bellow, écrivain américain, prix Nobel de littérature en 1976. Un livre que Gallimard a réédité en 2014 dans une nouvelle traduction signée Michel Lederer et qui vient de paraître en Folio. Une odyssée fleuve (900 pages dans l'édition de poche), jalonnée d'épisodes marquants et pleine d'un optimisme que les faits s'acharnent à démentir, mais aussi portée par une philosophie de vie à contre-courant, puisque le bonheur n'est, pour Augie March, en rien lié à la richesse matérielle.
Augie March est né dans le premier quart du XXe siècle, à Chicago, dans une famille juive originaire d'Odessa. Augie n'a pas de père, une mère dont l'esprit bat la campagne et un frère aîné, Simon, et un frère plus jeune, Georgie, simple d'esprit. Mais, surtout, il a une grand-mère, Grandma Lausch, chef du clan, sévère et rigide, qui ne mâche jamais ses mots.
Le train de vie de la famille est modeste, chaque cent compte, et, très tôt, Simon et Augie doivent mettre la main à la pâte et rapporter l'argent permettant de faire vivre tout ce petit monde. Simon va alors montrer des talents particuliers pour récolter quelques dollars, domaine dans lequel Augie se montre moins doué, s'attirant les critiques acerbes et les prévisions pessimistes quant à son avenir de la part de Grandma.
Il faut dire que, si Augie ne nie pas l'importance de l'argent pour vivre, ce n'est pas sa priorité dans la vie. Entre les deux frères, les différences vont apparaître très vite : Simon, l'appliqué, l'ambitieux, le malin ; Augie, le rêveur, l'inconstant, le maladroit... Difficile pour l'aîné de prendre son cadet sous son aile, car celui-ci lui attire plus d'ennuis qu'autre chose.
Alors, Augie va finir par suivre son propre chemin, dans l'existence. Et multiplier les rencontres-clés, les expériences variées, alternant des hauts et des bas, des périodes auprès de riches protecteurs et moments de dèche terribles. Un apprentissage à la dure, avec, en tête, toujours, sa famille qui se délite peu à peu...
Il va ainsi côtoyer un opulent homme d'affaires, William Einhorn, aussi puissant qu'il est faible, puisqu'il souffre d'un grave handicap, le privant de la majeure partie de son autonomie ; puis, ce sera Mrs. Renling, la rentière, qui l'emmène en vacances avec elle, au point de le faire passer pour son gigolo ; deux jeunes et séduisantes héritières, Esther et Thea Fenschel, et une actrice lunatique qui, toutes, vont faire battre son coeur.
Mais aussi des voyous, dont l'activité est florissante, avec la mise en place de la Prohibition, puis la crise et la Grande Dépression qui suit. Augie flirtera avec l'illégalité, franchissant parfois la ligne blanche mais toujours conscient que ce n'est pas la solution. Il rencontrera les proches de Trotsky. Il sera aussi hobo, militaire et naufragé aux côtés d'un improbable savant fou.
Quand je vous dis que la vie d'Augie March est une odyssée, au sens homérique du terme, en voilà la preuve ! Et je n'ai même pas parlé de son séjour mexicain au cours duquel il va s'initier, pour le meilleur et pour le pire, à la fauconnerie. Oui, ainsi résumé, la vie d'Augie March paraît assez improbable. Et c'est un peu le cas.
Car, et c'est sans doute ce qui m'a poussé à choisir cette phrase de titre pour ce billet, jamais on a le sentiment que le garçon a entièrement son destin en main. Il se laisse porter par les événements, naïf et sincère, profitant des opportunités se présentant à lui, mais toujours finalement insatisfait de ce qu'on lui propose : "Offre-lui de l'or, et il refuse, il préfère la merde !", dit de lui Mrs. Renling.
Augie est dénué d'ambition. Ou, plus exactement, dans une Amérique où la réussite se veut avant tout matérielle, qui va, à cette période, elle aussi, connaître des hauts fantastiques et une chute faramineuse, Augie est un être à part, capable de laisser tomber une situation confortable, auprès d'Einhorn ou des Renling, parce qu'il lui manque l'essentiel : le bonheur.
Alors, puisque la richesse n'est pas son objectif primordial, reste l'amour. Oui, mais, là encore, ce ne peut être son seul objectif. Aimer, être aimé, bien sûr, c'est important, mais ce n'est pas suffisant si cela ne s'accompagne pas d'une plénitude que Augie peine à trouver. En fait, sous des apparences parfois dilettantes, Augie March est d'une incroyable exigence dans sa quête d'idéal.
"Les aventures d'Augie March" (je précise au passage que c'est le titre original du livre) est un grand roman d'apprentissage, picaresque par certains côtés, dans une Amérique en plein bouleversement, colosse aux pieds d'argile, proche de l'effondrement et qui va se relever en tirant profit de la folie qui va s'abattre sur l'Europe et pousser le monde dans une guerre effroyable.
Augie traverse les événements en s'y adaptant tant bien que mal, toujours fidèle à ce qu'il est, réfractaire aux engagements définitifs, capable de rebrousser chemin quand il pressent les ennuis et les impasses, vivant les périodes d'aisance et encaissant les déceptions avec le même flegme, gardant toujours sa liberté de choix et de penser, pour repartir vers de nouvelles aventures.
C'est ce qui est fascinant chez Augie March : son absence de découragement, même face aux pires coups durs. Par exemple, lorsque son séjour au Mexique s'achève, on se dit qu'il ne se relèvera pas d'une telle rupture. Mais non, Augie est un incorrigible optimiste, persuadé qu'il finira par trouver son inaccessible étoile.
Il y a quelque chose d'un personnage antique, chez lui, habité par une mission qui dépasse tout le reste et qu'il aura hérité du Destin ou d'on ne sait quelle divinité. Ou alors, un personnage de fable, porteur d'une morale pouvant servir d'exemple, allez savoir. Sorte de Candide téléporté dans l'Amérique de la première moitié du XXe siècle, il avance, malgré tout.
Et, jusqu'aux dernières pages, jusqu'à ce dénouement ouvert, qui peut, surtout au bout de 900 pages, sembler s'achever en queue de poisson, il conserve cet espoir de parvenir au bonheur. Il n'y est pas encore, lorsqu'on le laisse, on l'abandonne partant dans le crépuscule, tel Lucky Luke, se dirigeant vers de nouvelles aventures, dont nous ne serons pas les témoins.
De nouvelles expériences, différentes des précédentes, mais dont il retirera de nouveaux enseignements utiles pour, un jour, peut-être, trouver enfin ce bonheur qui le fuit, qui le nargue, qui lui fait un signe du doigt avant de disparaître de sa vue et de se faire désirer. Augie cherche et cherchera encore. Longtemps ? Peut-être toujours, même si on lui souhaite, un jour, de trouver l'apaisement.
Augie March est un homme libre, qui ne se laisse jamais enfermer, qui conserve toujours le contrôle de sa vie, à défaut de celui de son destin. Oui, la notion est subtile, mais elle me semble pertinente : il décide de ses choix, des moments où il change de cap, mais il ne peut rien pour maîtriser les événemets qui se produisent autour de lui ou la personnalité de ceux qu'ils rencontrent.
Il y a, chez ces hommes et ces femmes qui influent sur l'existence d'Augie, une espèce de dépendance. Jamais Augie n'est en position de force, en particulier lorsqu'il se trouve auprès de personnes possédant l'opulence, le pouvoir que confère l'argent. Mais, même dans les moments de dèche, il ne sera que rarement le meneur, une seule fois, peut-être, et encore, brièvement.
La quête d'Augie, c'est aussi cette recherche d'une émancipation, d'une vie qui ne dépendrait de rien d'autre que de lui-même, dans tous les choix, matériaux et sentimentaux, entre autres. Peu importe l'aisance ou qui vous accompagne, si l'on ressent l'épanouissement. Et si l'on est pas lié à qui que ce soit, qu'on peut évoluer comme il nous chante.
Il serait amusant de faire la comparaison entre Augie March et un de ses contemporains littéraires, Holden Caulfield, le personnage central de "l'Attrape-coeur", de J.D. Salinger. Ce dernier paraît en 1951, "les aventures d'Augie March" en 1953. Et mon sentiment, mon modeste sentiment, c'est que, tout en étant le fruit d'une même époque, ils sont diamétralement opposés, tout en pourchassant des buts qui pourraient être proches.
Augie March se complique la vie. Ses exigences sont peut-être incompatibles avec l'existence humaine. Qui sait ? Il en devient attachant, dans cette quête courageuse. Qui résisterait à l'idée d'hériter d'une affaire prospère ou d'intégrer une famille adoptive où l'argent coule à flots ? Augie, lui, n'y trouve pas son compte et creuse son sillon.
Il y a, dans le roman de Saul Bellow, quelque chose de très contemporain. Si, dans la forme, l'Amérique et le monde entier ont forcément changé, dans le fond, les principes restent les mêmes, exacerbés, plus puissants encore. Plus oppressants, aussi. Et Augie March pourrait parfaitement poursuivre sa quête dans un pays qui connaît de nouveaux soubresauts et entre dans une nouvelle ère de turbulences.
Il est finalement un archétype, il traverse les époques, sa quête demeurant, en tous temps et en tous lieux, quelque chose d'actuel. Sans doute croise-t-on de nous jours bien plus de Simon, pragmatiques et capables de trouver leur bonheur dans le confort matériel et l'ambition d'avoir toujours plus, toujours mieux.
Mais, il reste aussi bien des Augie March, qui rêve d'une vie autre, loin des conventions, des concessions et des contraintes. Enfin loin des cons, quoi. Des mots commençant par con-, vous m'aviez compris, évidemment... Hum... Oui, l'idéalisme perdure, et c'est un vrai sacerdoce. Soyons attentifs, peut-être frôlons-nous chaque jour Augie poursuivant son inlassable quête. Sans jamais renoncer.
Augie March est né dans le premier quart du XXe siècle, à Chicago, dans une famille juive originaire d'Odessa. Augie n'a pas de père, une mère dont l'esprit bat la campagne et un frère aîné, Simon, et un frère plus jeune, Georgie, simple d'esprit. Mais, surtout, il a une grand-mère, Grandma Lausch, chef du clan, sévère et rigide, qui ne mâche jamais ses mots.
Le train de vie de la famille est modeste, chaque cent compte, et, très tôt, Simon et Augie doivent mettre la main à la pâte et rapporter l'argent permettant de faire vivre tout ce petit monde. Simon va alors montrer des talents particuliers pour récolter quelques dollars, domaine dans lequel Augie se montre moins doué, s'attirant les critiques acerbes et les prévisions pessimistes quant à son avenir de la part de Grandma.
Il faut dire que, si Augie ne nie pas l'importance de l'argent pour vivre, ce n'est pas sa priorité dans la vie. Entre les deux frères, les différences vont apparaître très vite : Simon, l'appliqué, l'ambitieux, le malin ; Augie, le rêveur, l'inconstant, le maladroit... Difficile pour l'aîné de prendre son cadet sous son aile, car celui-ci lui attire plus d'ennuis qu'autre chose.
Alors, Augie va finir par suivre son propre chemin, dans l'existence. Et multiplier les rencontres-clés, les expériences variées, alternant des hauts et des bas, des périodes auprès de riches protecteurs et moments de dèche terribles. Un apprentissage à la dure, avec, en tête, toujours, sa famille qui se délite peu à peu...
Il va ainsi côtoyer un opulent homme d'affaires, William Einhorn, aussi puissant qu'il est faible, puisqu'il souffre d'un grave handicap, le privant de la majeure partie de son autonomie ; puis, ce sera Mrs. Renling, la rentière, qui l'emmène en vacances avec elle, au point de le faire passer pour son gigolo ; deux jeunes et séduisantes héritières, Esther et Thea Fenschel, et une actrice lunatique qui, toutes, vont faire battre son coeur.
Mais aussi des voyous, dont l'activité est florissante, avec la mise en place de la Prohibition, puis la crise et la Grande Dépression qui suit. Augie flirtera avec l'illégalité, franchissant parfois la ligne blanche mais toujours conscient que ce n'est pas la solution. Il rencontrera les proches de Trotsky. Il sera aussi hobo, militaire et naufragé aux côtés d'un improbable savant fou.
Quand je vous dis que la vie d'Augie March est une odyssée, au sens homérique du terme, en voilà la preuve ! Et je n'ai même pas parlé de son séjour mexicain au cours duquel il va s'initier, pour le meilleur et pour le pire, à la fauconnerie. Oui, ainsi résumé, la vie d'Augie March paraît assez improbable. Et c'est un peu le cas.
Car, et c'est sans doute ce qui m'a poussé à choisir cette phrase de titre pour ce billet, jamais on a le sentiment que le garçon a entièrement son destin en main. Il se laisse porter par les événements, naïf et sincère, profitant des opportunités se présentant à lui, mais toujours finalement insatisfait de ce qu'on lui propose : "Offre-lui de l'or, et il refuse, il préfère la merde !", dit de lui Mrs. Renling.
Augie est dénué d'ambition. Ou, plus exactement, dans une Amérique où la réussite se veut avant tout matérielle, qui va, à cette période, elle aussi, connaître des hauts fantastiques et une chute faramineuse, Augie est un être à part, capable de laisser tomber une situation confortable, auprès d'Einhorn ou des Renling, parce qu'il lui manque l'essentiel : le bonheur.
Alors, puisque la richesse n'est pas son objectif primordial, reste l'amour. Oui, mais, là encore, ce ne peut être son seul objectif. Aimer, être aimé, bien sûr, c'est important, mais ce n'est pas suffisant si cela ne s'accompagne pas d'une plénitude que Augie peine à trouver. En fait, sous des apparences parfois dilettantes, Augie March est d'une incroyable exigence dans sa quête d'idéal.
"Les aventures d'Augie March" (je précise au passage que c'est le titre original du livre) est un grand roman d'apprentissage, picaresque par certains côtés, dans une Amérique en plein bouleversement, colosse aux pieds d'argile, proche de l'effondrement et qui va se relever en tirant profit de la folie qui va s'abattre sur l'Europe et pousser le monde dans une guerre effroyable.
Augie traverse les événements en s'y adaptant tant bien que mal, toujours fidèle à ce qu'il est, réfractaire aux engagements définitifs, capable de rebrousser chemin quand il pressent les ennuis et les impasses, vivant les périodes d'aisance et encaissant les déceptions avec le même flegme, gardant toujours sa liberté de choix et de penser, pour repartir vers de nouvelles aventures.
C'est ce qui est fascinant chez Augie March : son absence de découragement, même face aux pires coups durs. Par exemple, lorsque son séjour au Mexique s'achève, on se dit qu'il ne se relèvera pas d'une telle rupture. Mais non, Augie est un incorrigible optimiste, persuadé qu'il finira par trouver son inaccessible étoile.
Il y a quelque chose d'un personnage antique, chez lui, habité par une mission qui dépasse tout le reste et qu'il aura hérité du Destin ou d'on ne sait quelle divinité. Ou alors, un personnage de fable, porteur d'une morale pouvant servir d'exemple, allez savoir. Sorte de Candide téléporté dans l'Amérique de la première moitié du XXe siècle, il avance, malgré tout.
Et, jusqu'aux dernières pages, jusqu'à ce dénouement ouvert, qui peut, surtout au bout de 900 pages, sembler s'achever en queue de poisson, il conserve cet espoir de parvenir au bonheur. Il n'y est pas encore, lorsqu'on le laisse, on l'abandonne partant dans le crépuscule, tel Lucky Luke, se dirigeant vers de nouvelles aventures, dont nous ne serons pas les témoins.
De nouvelles expériences, différentes des précédentes, mais dont il retirera de nouveaux enseignements utiles pour, un jour, peut-être, trouver enfin ce bonheur qui le fuit, qui le nargue, qui lui fait un signe du doigt avant de disparaître de sa vue et de se faire désirer. Augie cherche et cherchera encore. Longtemps ? Peut-être toujours, même si on lui souhaite, un jour, de trouver l'apaisement.
Augie March est un homme libre, qui ne se laisse jamais enfermer, qui conserve toujours le contrôle de sa vie, à défaut de celui de son destin. Oui, la notion est subtile, mais elle me semble pertinente : il décide de ses choix, des moments où il change de cap, mais il ne peut rien pour maîtriser les événemets qui se produisent autour de lui ou la personnalité de ceux qu'ils rencontrent.
Il y a, chez ces hommes et ces femmes qui influent sur l'existence d'Augie, une espèce de dépendance. Jamais Augie n'est en position de force, en particulier lorsqu'il se trouve auprès de personnes possédant l'opulence, le pouvoir que confère l'argent. Mais, même dans les moments de dèche, il ne sera que rarement le meneur, une seule fois, peut-être, et encore, brièvement.
La quête d'Augie, c'est aussi cette recherche d'une émancipation, d'une vie qui ne dépendrait de rien d'autre que de lui-même, dans tous les choix, matériaux et sentimentaux, entre autres. Peu importe l'aisance ou qui vous accompagne, si l'on ressent l'épanouissement. Et si l'on est pas lié à qui que ce soit, qu'on peut évoluer comme il nous chante.
Il serait amusant de faire la comparaison entre Augie March et un de ses contemporains littéraires, Holden Caulfield, le personnage central de "l'Attrape-coeur", de J.D. Salinger. Ce dernier paraît en 1951, "les aventures d'Augie March" en 1953. Et mon sentiment, mon modeste sentiment, c'est que, tout en étant le fruit d'une même époque, ils sont diamétralement opposés, tout en pourchassant des buts qui pourraient être proches.
Augie March se complique la vie. Ses exigences sont peut-être incompatibles avec l'existence humaine. Qui sait ? Il en devient attachant, dans cette quête courageuse. Qui résisterait à l'idée d'hériter d'une affaire prospère ou d'intégrer une famille adoptive où l'argent coule à flots ? Augie, lui, n'y trouve pas son compte et creuse son sillon.
Il y a, dans le roman de Saul Bellow, quelque chose de très contemporain. Si, dans la forme, l'Amérique et le monde entier ont forcément changé, dans le fond, les principes restent les mêmes, exacerbés, plus puissants encore. Plus oppressants, aussi. Et Augie March pourrait parfaitement poursuivre sa quête dans un pays qui connaît de nouveaux soubresauts et entre dans une nouvelle ère de turbulences.
Il est finalement un archétype, il traverse les époques, sa quête demeurant, en tous temps et en tous lieux, quelque chose d'actuel. Sans doute croise-t-on de nous jours bien plus de Simon, pragmatiques et capables de trouver leur bonheur dans le confort matériel et l'ambition d'avoir toujours plus, toujours mieux.
Mais, il reste aussi bien des Augie March, qui rêve d'une vie autre, loin des conventions, des concessions et des contraintes. Enfin loin des cons, quoi. Des mots commençant par con-, vous m'aviez compris, évidemment... Hum... Oui, l'idéalisme perdure, et c'est un vrai sacerdoce. Soyons attentifs, peut-être frôlons-nous chaque jour Augie poursuivant son inlassable quête. Sans jamais renoncer.