Le chagrin des vivants
Anna Hope
Traduit de l’anglais par Elodie Leplat
Gallimard
383 pages
Première guerre mondiale en Angleterre. 5 jours (du 7 au 11 novembre 1920) dans la vie de trois femmes. Elles ne se connaissent pas, elles ne se croiseront pas mais on découvrira au fur et à mesure quel lien les unit.
Deux d’entre elles vivent dans le souvenir d’un homme mort à la guerre et pendant ces quelques jours, on assistera à leur propre libération. Faire danser les anciens soldats est le travail de la troisième qui, une fois rentrée chez elle, doit affronter la présence d’un frère revenu de la guerre dans un bien piteux état, il n’est pas mort mais il n’est pas vivant non plus.
J’ai trouvé l’histoire de la mère à qui on n’a jamais dit dans quelles circonstances était mort son fils, particulièrement touchante.
Trois vies, trois portraits passionnants que l’on suit avec un grand intérêt. J’ai aimé cette vision plurielle de la vie après guerre, de la reconstruction personnelle de chacun, aussi bien homme que femme. Et cette vision féminine donne un regard nouveau sur cette période de l’Histoire tant racontée en littérature. Toute souffrance est légitime et les atrocités de la guerre rejaillissent inévitablement dans le quotidien des vivants, et des survivants.
La construction du roman contribue à sa réussite. Chaque petit chapitre dédié à une des trois femmes distille petit à petit des informations qui finiront par apporter un éclairage sur les comportements des unes et des autres et sur ce qui leur arrive. Leur alternance crée le désir d’en connaître toujours davantage, de comprendre les situations et ménage un certain suspense.
Un bon roman, sensible et intelligent.
Idée de lecture piochée chez Luocine.