Rose (Valérie Vernay – Emilie Alibert – Denis Lapière – Editions Dupuis)
Rose, une jeune femme plutôt réservée, habite une petite ville sur la côte basque, où elle travaille comme gardienne dans un musée. La plupart des gens la trouvent bizarre, car elle a régulièrement des moments d’absence. Ce que tout le monde ignore, c’est que la jeune femme, dont la mère est morte peu après sa naissance, a le pouvoir de se dédoubler. Depuis qu’elle est toute petite, elle est capable de quitter son corps à tout moment pour se transformer en une sorte de double fantômatique et invisible, grâce auquel elle peut passer à travers les murs et aller où elle veut sans être vue ni entendue. Personne n’est au courant du pouvoir très spécial détenu par Rose, et personne ne la croit jamais quand elle essaye de l’expliquer. Mais tout bascule le jour où le corps de son père, qui était détective privé, est retrouvé sur la plage. Ce n’est pas une mort accidentelle, car il a été abattu d’une balle dans la tête. Plus troublant encore: lorsque l’inspecteur Etchebarne, qui est en charge de l’enquête, montre à Rose une photo de la scène de crime, la jeune femme reconnaît l’un des tableaux du musée où elle travaille. Troublée, elle décide alors de reprendre la dernière enquête menée par son père avant sa mort, et découvre que d’autres morts suspectes ressemblent à d’autres tableaux du musée. Mais elle n’est pas au bout de ses surprises: en se rendant au bureau de son père, elle fait une rencontre pour le moins étonnante. Son double est, en effet, capable de communiquer avec 3 fantômes coincés depuis des années dans cet immeuble. Wanda, Bob et Achille, qui étaient les locataires de son père avant de mourir tous les trois la même nuit à cause d’une fuite de gaz, vont révéler à Rose quelques secrets de famille bien enfouis…
Le premier épisode de « Rose », qui en comptera trois au total, prend le temps de lentement installer l’intrigue, ainsi que les personnages, en dévoilant petit à petit les pièces du puzzle. Autant dire qu’on ressent une certaine frustration en arrivant au bout de ce premier album, car beaucoup de questions restent encore sans réponse. Mais si l’on éprouve ce sentiment de trop peu, c’est précisément parce qu’on s’est laissé embarquer par cette histoire originale et prenante, qui mêle drame familial, enquête policière et récit fantastique. Il faut dire que le duo de scénaristes derrière « Rose » a de la bouteille lorsqu’il s’agit de raconter une bonne histoire. Le prolifique Denis Lapière est notamment l’auteur de la saga « Charly » ou du magnifique « Bar du vieux Français », tandis qu’Emilie Alibert est la directrice d’écriture de la série télévisée « Plus belle la vie ». Quant au graphisme de la série « Rose », il est assuré par Valérie Vernay. La dessinatrice, originaire de la région lyonnaise, ne peut pas cacher qu’elle vient de l’univers de la BD pour enfants (on se souvient de sa série « Agathe Saugrenu »), mais son trait doux et coloré s’adapte à merveille au scénario plus adulte de Lapière et Alibert. Le fait de passer au noir et blanc lorsque Rose se dédouble est, par exemple, une excellente trouvaille graphique. Autant dire que ce premier album de la série « Rose » constitue l’une des bonnes surprises de ce début d’année. Et il y a fort à parier que d’autres rebondissements vont survenir, car on sait déjà que Rose va être amenée à enquêter sur une malédiction vieille de 500 ans… et sur le secret de sa naissance! A noter que la sortie du tome 2 est annoncée pour septembre 2017 et celle du tome 3 pour 2018.
La bande-annonce de « Rose »:
