L'univers moderne de Batman, que ce soit au cinéma ou dans les bandes dessinées, est oppressant de noirceur. On ne plaisante pas, le drame survient à chaque coin de rue, et le propos est ultra sérieux. Aussi ce Lego Movie constitue-t-il une sorte de parodie salutaire. Dans l'univers Lego, Batman est un justicier complètement mégalomane, qui à travers sa lutte contre le crime, recherche avant tout sa propre réalisation, son propre plaisir personnel. C'est un moyen de faire aboutir son égoïsme, de gérer ses obsessions récurrentes. Avec un tel modus operandi, il n'y a bien entendu de place pour personne dans sa vie, et l'essentiel de ses pensées sont dirigées vers sa propre personne. Pas de place pour l'amour ni même pour la haine, une sorte ataraxie totale et de repli loin des affects, qui finit par blesser son principal ennemi, le Joker, qui lui pensait avoir noué une relation unique et spéciale avec le Dark Knight. Comme souvent, blesser un amoureux transi -même si cet amour confine à la haine- finit très souvent par provoquer des dégâts incommensurables. Ici le Joker va se lancer dans une croisade catastrophique contre Gotham, libérer des forces mystiques et extraterrestres, emprisonnées par Superman dans la zone fantôme, et pour que Batman parvienne à sauver sa ville, il lui faudra compter sur des alliés, pire encore, vu comment raisonne le héros, sur une véritable famille! C'est d'ailleurs un concept extrêmement vendeur en ce moment au cinéma, une espèce de retour aux valeurs d'autrefois, qui rassurent le public. Dans cet animé, les personnages sont clairement définis et s'adaptent à cette attente du consommateur moyen. Nous avons le fils adoptif, à la recherche désespérée d'une figure paternelle (Robin), une femme capable d'expédier le boulot d'un homme, et de devenir dignement un bras droit efficace (Barbara Gordon), et la figure du mentor, à travers Alfred le majordome, qui est un peu la conscience et le géniteur que Bruce Wayne n'as jamais eu. C'est forcément caricatural, le trait est grossi, mais comme on s'amuse beaucoup et que les blagues font mouche, embrassant au passage les plus jeunes, avec de grands moments absurdes et cocasses, mais aussi les parents ou les lecteurs de comics, avec de multiples références et clins d'oeil bien pensés... bref il y en a pour tout le monde est le seul absent dans ce film c'est l'ennui.
Bien entendu, pour que le film fonctionne, il faut que la technologie soit efficace et employée à bon escient. Ici l'univers des Lego prend vie, et on y croit vraiment, avec quelques belles intuitions et beaucoup de rythme, surtout au début du film. Les premières minutes sont menées tambour battant, on est très vite introduit dans le quotidien du Dark Knight, qui est dans cette incarnation une véritable star dans Gotham, fait une fixation sur ses abdominaux, et utilise ses accessoires pour épater la galerie. L'autodérision est présente de manière presque incontournable, et d'ailleurs des l'introduction et les logos qui défilent lors de l'ouverture, le spectateur comprend que tout sera à prendre au second degré. L'univers des super-héros est passé au crible de l'ironie, l'écriture de cette animé se concentre sur les tares, les contradictions, les tics (et tocs) scénaristiques qui accompagnent habituellement les récits de justicier et d'encapés, tous engagés dans une lutte contre le mal, et qui ont tendance à se prendre trop au sérieux. On pouvait craindre beaucoup pour le doublage en français, notamment le fait de recourir à de pseudos stars, ou des joueurs de foot, en lieu et place de véritables doubleurs, comme si leur métier n'en n'était pas un véritable. Certes en VO également ce sont des acteurs admirés du grand public qui se sont collés à la tâche, mais nous les français, nous retrouvons tout de même avec Stéphane Bern pour incarner vocalement Alfred, ou pire encore Antoine Griezmann, qui est Superman! Finalement les invités ne s'en sortent pas trop mal, et Bern devient un choix pertinent, cela me fait mal, mais je l'admets sans problème! Inversement, l'attaquant vedette des Bleus n'est vraiment pas à sa place, et récite son rôle comme un gamin de 5e qui aurait mal appris sa poésie du jour. Tiens d'ailleurs, puisqu'on parle de Superman, une des clés humoristiques de tout le film est le contraste entre Batman et le Kryptonien... les deux ne s'aiment pas du tout (enfin c'est surtout Batman qui n'aime pas l'autre) et Chris McKay et son équipe utilisent cette corde pour nous faire bien rire rire. Car c'est bien de cela dont il s'agit, être capable de divertir sans ennuyer, de proposer un produit d'entertainment adapté au plus jeune public, sans oublier que les fans les comics attendent vaillamment la projection, pour renverser des litres de fiel sur ce qu'ils vont voir. Nous sommes très durs avec notre passion, nous autres, et avons des exigences construites avec le temps. Et bien vous savez quoi... à 42 ans je suis sorti de la salle en me disant que ça en valait le coup, véritablement. Un bon signe non?
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Batman Little Gotham, pour les kids, chez Urban Comics
Bien entendu, pour que le film fonctionne, il faut que la technologie soit efficace et employée à bon escient. Ici l'univers des Lego prend vie, et on y croit vraiment, avec quelques belles intuitions et beaucoup de rythme, surtout au début du film. Les premières minutes sont menées tambour battant, on est très vite introduit dans le quotidien du Dark Knight, qui est dans cette incarnation une véritable star dans Gotham, fait une fixation sur ses abdominaux, et utilise ses accessoires pour épater la galerie. L'autodérision est présente de manière presque incontournable, et d'ailleurs des l'introduction et les logos qui défilent lors de l'ouverture, le spectateur comprend que tout sera à prendre au second degré. L'univers des super-héros est passé au crible de l'ironie, l'écriture de cette animé se concentre sur les tares, les contradictions, les tics (et tocs) scénaristiques qui accompagnent habituellement les récits de justicier et d'encapés, tous engagés dans une lutte contre le mal, et qui ont tendance à se prendre trop au sérieux. On pouvait craindre beaucoup pour le doublage en français, notamment le fait de recourir à de pseudos stars, ou des joueurs de foot, en lieu et place de véritables doubleurs, comme si leur métier n'en n'était pas un véritable. Certes en VO également ce sont des acteurs admirés du grand public qui se sont collés à la tâche, mais nous les français, nous retrouvons tout de même avec Stéphane Bern pour incarner vocalement Alfred, ou pire encore Antoine Griezmann, qui est Superman! Finalement les invités ne s'en sortent pas trop mal, et Bern devient un choix pertinent, cela me fait mal, mais je l'admets sans problème! Inversement, l'attaquant vedette des Bleus n'est vraiment pas à sa place, et récite son rôle comme un gamin de 5e qui aurait mal appris sa poésie du jour. Tiens d'ailleurs, puisqu'on parle de Superman, une des clés humoristiques de tout le film est le contraste entre Batman et le Kryptonien... les deux ne s'aiment pas du tout (enfin c'est surtout Batman qui n'aime pas l'autre) et Chris McKay et son équipe utilisent cette corde pour nous faire bien rire rire. Car c'est bien de cela dont il s'agit, être capable de divertir sans ennuyer, de proposer un produit d'entertainment adapté au plus jeune public, sans oublier que les fans les comics attendent vaillamment la projection, pour renverser des litres de fiel sur ce qu'ils vont voir. Nous sommes très durs avec notre passion, nous autres, et avons des exigences construites avec le temps. Et bien vous savez quoi... à 42 ans je suis sorti de la salle en me disant que ça en valait le coup, véritablement. Un bon signe non?
Un très grand merci une fois encore au Pathé Masséna de Nice, pour avoir organisé l'avant-première, et nous y avoir invité. On se retrouvera tous ensemble à nouveau pour la sortie de Logan, à la fin du mois.
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