Courage, filons… les carottes son cuites

Courage, filons… les carottes son cuites

François en avait gros sur la patate. La rumeur lui donnait des coups en vache. Il regarda sa douce moitié qui avec son air de ne pas y toucher, était loin de nager dans le potage.

" Ne vous en faites pas mon ami, lui dit-elle. On va s'en tirer. Vous et moi, nous sommes comme pain et beurre depuis tant d'années que nous allons n'en faire qu'une bouchée de tous ces jobs fictifs. Quand on veut se faire de l'oseille, il faut savoir raconter des salades. Dans l'affaire, je joue la poire. Le public et les médias me prennent pour une truffe et en font leurs choux gras. Je serais la cerise sur votre gâteau. Vous m'auriez utilisée à mon insu et exprimée comme une orange. Je serais même victime d'un pervers narcissique. En fait, prévenue que l'on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs, je me suis caviardée moi-même l'existence pour mieux faire le pigeon ramier, histoire de brouiller les pistes au cas où la mayonnaise ne prendrait pas et qu'un jour, la populace nous mette à toutes les sauces de son indignation. Et dire que c'est un canard enchaîné qui nous a pressé jusqu'au sang, tel le fameux plat de la Tour d'Argent ! Tous ces bouffeurs de grenouilles et autres snails* ! Mais pourquoi cet injuste dégraissage ? Serions-nous les seuls dindons de cette farce ? Vous et moi savons très bien qu'il n'en est rien et que dans le poulailler, ils sont nombreux à mener les poules pisser et à tapiner le veau d'or. J'eusse préféré, François, que toutes les poubelles de cet office soient dûment vidées et qu'à remuer les casseroles et pour certains, les batteries, on en fisse une débauche médiatique. Que la messe soit dite enfin ! Mais bienheureusement mon ami, vous n'êtes pas sans ignorer que dans la course à l' échalote, on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre. Alors de grâce, mettez de l'eau dans votre vin. Ne jetez pas d'huile sur le feu. Donnez une prune pour deux œufs. Mangez votre chapeau et ne vous mettez pas la rate au court-bouillon. Vous n'êtes pas sans ignorer que la politique est au peuple ce que le sel est au sucre. L'un et l'autre se dissolvent dans l'eau.

© L'Ombre du Regard Ed., Mélanie Talcott - 09/02/ 2017
Aucune reproduction, même partielle, autres que celles prévues à l'article L 122-5
du code de la propriété intellectuelle, ne peut être faite de l'ensemble de ce site sans l'autorisation expresse de l'auteur.
Courage, filons… les carottes son cuites This entry was posted in La saveur des mots and tagged bouffeurs de grenouilles, Canard Enchaîné, fillon, parodie, penelopegate, presse à canard, Tour d'Argent.