La vie rêvée de Virginia Fly écrit par Angela Huth

Par Krolfranca
La vie rêvée de Virginia Fly

Ecrit par Angela Huth

Traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff

Edité par Quai Voltaire

Paru en 2017 en France mais en 1972 au Royaume-Uni

217 pages

" Vous savez ce que c'est, le réel. Il détruit toujours nos illusions avec une extrême cruauté. Une cruauté dévastatrice. "

Une vieille fille de trente ans, vierge, qui rêve d'épouser celui avec qui elle correspondait depuis longtemps, puis qui rêve d'épouser celui qu'elle a rencontré grâce à une tierce personne, puis qui... chut...

Il est terrible ce petit roman, terrible et en même temps très drôle par moments. Et puis il agace aussi.

Je développe.

Qu'est-ce qui agace ? Le personnage de la mère, insupportable, celle qu'on n'aimerait pas avoir, celle qui se mêle de la vie de sa fille à outrance, qui régit tout, celle qui dirige la vie de son mari. Et donc, forcément, le comportement de la fille face à sa mère exaspère le lecteur. On a envie de lui dire : " pars, pars loin de chez toi, décide de tes actes, ne te laisse pas mener par le bout du nez. Tu as trente ans, bazar de bazar ! "

Mais voilà, nous sommes au début des années 70, et non en 2017. La vie n'est pas la même et on se souvient de quelle manière notre propre grand-mère dirigeait notre mère quand nous étions enfant...

Qu'est-ce qui est drôle ? Certains passages sont particulièrement cocasses. Notamment la scène sexuelle entre cette tendre ingénue et l'homme avec qui elle correspondait depuis une dizaine d'années. Angela Huth maîtrise l'art de la description et de l'analyse d'une situation pour le moins surprenante. Elle sait faire naître des images en nous. On vit cette scène à travers les yeux de l'héroïne et cela crée un décalage très drôle.

On ne s'ennuie pas dans ce roman, on s'amuse, on fulmine, on se désespère.

Et puis terrible, parce que finalement Virginia ne vivra jamais la vie qu'elle a rêvée... Bien au contraire, et l'image finale n'en est que plus cruelle. Avec un humour grinçant, Angela Huth nous transmet un message plutôt pessimiste, plutôt pathétique.

" Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu fais comme les enfants : tu fermes les yeux et tu t'imagines que les autres ne peuvent pas te voir. Je te vois, tu sais. Et tu as un petit corps magnifique. "

" Il se tenait dans le carré de lumière de la lampe : jambes écartées, mains sur les hanches, cheveux toujours ridiculement décoiffés, sourire sarcastique, ventre proéminent, énorme érection violacée prête à lui voler à jamais sa virginité, sans oublier les chaussettes en angora bleues. "