Retrouver une série qu'on a un peu perdue de vue, c'est toujours intéressant. En 2007, son premier volet avait été couronné par le prestigieux prix du Quai des Orfèvres, puis deux autres thrillers avaient suivi (dont "Dent pour dent", évoqué sur ce blog) avant une éclipse. Plus de quatre années entre "Déjeuner sur l'herbe" et ce nouveau roman, "Copier n'est pas jouer", dont nous allons parler aujourd'hui. Un long laps de temps, et un changement d'éditeur. Frédérique Molay, la créatrice de cette série construite autour de Nicolas Sirsky, patron de la Crim' au 36, quai des Orfèvres, a quitté Fayard pour... Amazon Publishing. Une vraie curiosité, la filiale édition du géant américain n'étant installée en France que depuis assez peu de temps. Mais, simplement, l'envie de retrouver Sirsky et son équipe, pour une nouvelle enquête prometteuse.
A quelques jours du pont de l'Ascension, Nicolas Sirsky, le patron de la Crim', la brigade criminelle, basée au mythique 36, quai des Orfèvres, espère goûter un repos bien mérité en ce doux weekend de mai. Mais, un flic comme lui ne dételle jamais et, lorsque son téléphone sonne, il abandonne l'idée d'un pique-nique dominical en amoureux avec la femme qu'il aime, Caroline.
Direction le bureau. Et pas pour rien. Une affaire qui promet d'être éprouvante, la découverte au Square du Temple, en plein coeur de Paris, du corps d'une petite fille. Celui qui l'a transporté là a fait preuve d'une violence et d'un sadisme qui révoltent même les durs à cuire du 36. Le hic, c'est que l'assassin n'a pas laissé d'indice derrière lui...
Sirsky mène ses hommes avec son charisme habituel. Il est urgent de comprendre ce qui s'est passé, d'autant que certains détails, révélés à l'autopsie ont de quoi laisser très perplexe... L'idée d'un criminel machiavélique et certainement capable de récidiver se dessine, même si l'objectif est bien sûr de le mettre hors d'état de nuire au plus vite.
Pas le temps de souffler. Dès le lendemain, deuxième découverte macabre. La victime est un adolescent, retrouvé dans une salle de son collège. La scène est horrible, un vrai massacre. "Taillé en pièces", c'est l'expression qu'utilise son subordonné pour décrire les faits à Sirsky... En moins de 24 heures, cela fait beaucoup.
Difficile d'imaginer un lien entre ces affaires, les modes opératoires sont très différents et, en dehors de la jeunesse des deux victimes, rien ne colle. Mais la coïncidence est énorme et les hommes du 36 sont non seulement sur la brèche, mais obligés de mener de front ces deux éprouvantes enquêtes. Avec toujours aussi peu d'éléments matériels à exploiter.
Impossible de passer à l'action, il faut ronger son frein et se contenter d'un travail d'investigation précis mais difficile. Mais qui donne des fruits. Reste à comprendre ces indices minimes, comme des cailloux laissés derrière lui par un Poucet dément. Quant au tueur, il s'amuse, produit ses effets, nargue les enquêteurs, se moque ouvertement d'eux...
Alors qu'il se pose de plus en plus de questions sur son couple, inquiet du comportement de Caroline, et que son ado de fils, Dimitri, le préoccupe de plus en plus, Nicolas Sirsky doit pourtant se concentrer sur son enquête. Il doit retrouver un tueur capable de tout et qui leur promet un bain de sang s'ils ne réussissent pas à anticiper ses prochains faits et gestes.
On pédale dans la semoule, au 36, on est surtout terriblement vexé de se laisser ainsi berner par un tueur cynique qui se fait appeler "le Maître du jeu". Et l'on n'a pas envie de se retrouver face à de nouvelles scènes de crime aussi horribles... Pourtant, tous le savent, chaque nouveau crime permettra d'affiner les recherches. Affreux constat...
Combien y aura-t-il de morts avant que Sirsky et ses hommes ne parviennent à déchiffrer les intentions du tueur ? Combien de temps faudra-t-il pour cerner un meurtrier qui semble avoir élaboré son plan avec une minutie diabolique qui ne ressemble pas vraiment aux agissements d'un tueur en série classique ? L'arrêteront-ils, tout simplement ?
Quel rythme ! Ce thriller est vraiment mené tambour battant, un page-turner redoutable d'efficacité, effrayant, captivant, déroutant, aussi. Attention, dans les lignes qui viennent, on va entrer dans certains détails que vous pourriez ne pas avoir envie de connaître avant de lire "Copier n'est pas jouer", soyez prévenus.
Au coeur de ce thriller, la figure du serail killer. Oui, je sais, le sujet est battu et rebattu, difficile de se démarquer dans ce domaine. Mais Frédérique Molay a trouvé un angle assez original. Dans le cours du livre, on apprend que cette expression, "serial killer", est assez récente, créée dans les années 1970 par Robert Ressler, agent du FBI.
Régulièrement, se pose la question de savoir s'il s'agit d'un phénomène strictement américain. Si les critères mis en évidence par le FBI pour profiler les serial killers agissant sur le territoire américain peuvent être transposés ailleurs dans le monde. Une sorte de protectionnisme criminel, assez troublant, comme si, dans ce domaine aussi, l'Amérique voulait affirmer sa prédominance...
Pourtant, les assassins multiples ne connaissent pas de frontières, l'Europe, et certainement tous les continents, ont connu leur lot de tueurs agissant selon un rituel bien défini. Une macabre nomenclature qui est pourtant au coeur de "Copier n'est pas jouer", où de sinistres hommages sont rendus à des figures criminelles de la vieille Europe.
C'est en effet la conclusion la plus importante à laquelle Sirsky et ses équipes parviennent : ils ont affaire à un imitateur, quelqu'un qui s'inspire de tueurs célèbres (et, malheureusement, particulièrement prolifiques) pour tuer en plein Paris... Là encore, il existe un mot anglais pour ce genre de tueur : le copycat.
Et une appellation qui, elle aussi, est sujet à controverse. Pas la même que pour le serial killer, puisque c'est l'existence même des copycats qui est remise en cause par certains spécialistes : un tueur en série agit par lui-même, pour lui-même, à sa manière et pas à celle d'un autre, question d'ego, hypertrophié chez ces meurtriers multiples.
Alors ? Qui est donc le tueur que recherche Sirsky ? Un tueur en série, un copycat, un assassin parfaitement sensé qui joue avec les enquêteurs comme le chat avec une souris ? Parce qu'il est clair qu'il n'imite pas un, mais bien un cénacle de tueurs en série... D'où le titre de ce billet, gentiment provocateur, que j'ai choisi.
L'image du serial killer comme croquemitaine contemporain (une de mes marottes, j'en parle souvent sur ce blog) transparaît aussi dans le cours de l'enquête. Il me semble même me souvenir que le mot est écrit quelque part dans le roman. Bref, Frédérique Molay propose une variation très intéressante sur ce sujet casse-gueule, car souvent traité.
Laissons la trame principale de côté pour nous intéresser au personnage central : Nicolas Sirsky. Jeune quadra, occupant un poste de prestige, à la tête de la brigade criminelle. Une pression folle, une autorité naturelle et une présence sur le terrain qui lui valent le respect de ses hommes. Il reste un flic, avant tout, il n'est pas un rond-de-cuir.
Il est beau, fort, compétent, pas du tout énervant, donc, bref, c'est un héros, un vrai. Oui, c'est vrai qu'on est pas loin du cliché, mais, après tout, le genre du thriller réclame cela. Pourtant, s'il se montre très sûr de lui dans sa vie professionnelle, même lorsque la pression s'accroît terriblement, dans sa vie privée, c'est plus compliqué.
On découvre ses doutes, évoqués plus haut : son inquiétude pour son couple et la difficulté à communiquer avec Caroline est un des fils conducteurs de la trame secondaire. Pour être franc, on se doute de son aboutissement, mais Sirsky a sans doute trop de craintes en tête pour envisager ce dénouement-là.
Et puis, il y a son fils, Dimitri. Adolescent, désormais, avec tout ce que cela implique, une mère absente, un père qui y tient comme à la prunelle de ses yeux et une belle-mère qui a su instaurer une vraie complicité. Mais, Nicolas est un père anxieux, au point d'être limite étouffant pour le garçon. Il en est touchant, notre super flic, sans cesse en train de se demander si son rejeton va bien.
Il gère l'entrée dans l'adolescence de Dimitri comme il peut, avec son activité si prenante, il redoute de négliger son fils, de ne pas réussir à le protéger contre les dangers de ce monde et cela le ronge sans arrêt. J'ai eu l'air d'ironiser, parce que le décalage entre le flic dur et intraitable et le papa poule est assez amusant, avec un Dimitri qui vit simplement sa vie.
Mais, dans ce contexte, avec ces deux premiers crimes sordides qui viennent forcément s'incruster dans l'esprit du chef de la Crim', on se met à la place de Sirsky : Dimitri pourrait lui aussi tomber sur le genre de monstres qu'il est chargé de poursuivre... Une inquiétude d'autant plus forte que, lors de son enquête précédente, la famille Sirsky s'était retrouvée au coeur de la tempête...
Je ne vais pas bouder mon plaisir, j'ai lu avec appétit cette nouvelle enquête de Nicolas Sirsky, qui réserve pas mal de surprises. "Copier n'est pas jouer" est habilement mené, le lecteur est captivé et se laisse prendre à cette enquête épineuse, complexe et ultra-violente. Mais, je vais quand même tempérer mon enthousiasme par un bémol.
Il ne concerne pas l'intrigue et son dénouement en eux-mêmes, mais le final du livre. Je l'ai trouvé très abrupt, très frustrant. Je ne pense pas qu'un développement autour du meurtrier aurait été de trop, bien au contraire. Certains éléments à son sujet aurait, me semble-t-il, mérité d'être creusé un peu. Peut-être est-ce plus le boulot du juge Becker, qui forme un sacré tandem avec Sirsky.
Mais, pour le lecteur que je suis, il aurait été intéressant d'aller plus loin, d'ajouter une vraie dimension psychologique à cette histoire. C'est mon ressenti, je l'ai vu partagé par d'autres, mais on peut aussi ne pas être en phase avec ce souhait. L'action, juste l'action. Je crois pourtant que terminer en approfondissant la question de ce tueur bien particulier n'aurait pas nui au rythme de "Copier n'est pas jouer".
Cela ne remet rien en cause, et je viens de voir sur les réseaux sociaux que Frédérique Molay travaillait d'arrache-pied à la prochaine enquête de Nicolas Sirsky que je serai ravi de découvrir lorsqu'elle sera en librairie. Pour profiter d'une nouvelle montée d'adrénaline aux côtés des flics du 36 et de leur chef, qui devraient d'ailleurs bientôt déménager, me semble-t-il...
A quelques jours du pont de l'Ascension, Nicolas Sirsky, le patron de la Crim', la brigade criminelle, basée au mythique 36, quai des Orfèvres, espère goûter un repos bien mérité en ce doux weekend de mai. Mais, un flic comme lui ne dételle jamais et, lorsque son téléphone sonne, il abandonne l'idée d'un pique-nique dominical en amoureux avec la femme qu'il aime, Caroline.
Direction le bureau. Et pas pour rien. Une affaire qui promet d'être éprouvante, la découverte au Square du Temple, en plein coeur de Paris, du corps d'une petite fille. Celui qui l'a transporté là a fait preuve d'une violence et d'un sadisme qui révoltent même les durs à cuire du 36. Le hic, c'est que l'assassin n'a pas laissé d'indice derrière lui...
Sirsky mène ses hommes avec son charisme habituel. Il est urgent de comprendre ce qui s'est passé, d'autant que certains détails, révélés à l'autopsie ont de quoi laisser très perplexe... L'idée d'un criminel machiavélique et certainement capable de récidiver se dessine, même si l'objectif est bien sûr de le mettre hors d'état de nuire au plus vite.
Pas le temps de souffler. Dès le lendemain, deuxième découverte macabre. La victime est un adolescent, retrouvé dans une salle de son collège. La scène est horrible, un vrai massacre. "Taillé en pièces", c'est l'expression qu'utilise son subordonné pour décrire les faits à Sirsky... En moins de 24 heures, cela fait beaucoup.
Difficile d'imaginer un lien entre ces affaires, les modes opératoires sont très différents et, en dehors de la jeunesse des deux victimes, rien ne colle. Mais la coïncidence est énorme et les hommes du 36 sont non seulement sur la brèche, mais obligés de mener de front ces deux éprouvantes enquêtes. Avec toujours aussi peu d'éléments matériels à exploiter.
Impossible de passer à l'action, il faut ronger son frein et se contenter d'un travail d'investigation précis mais difficile. Mais qui donne des fruits. Reste à comprendre ces indices minimes, comme des cailloux laissés derrière lui par un Poucet dément. Quant au tueur, il s'amuse, produit ses effets, nargue les enquêteurs, se moque ouvertement d'eux...
Alors qu'il se pose de plus en plus de questions sur son couple, inquiet du comportement de Caroline, et que son ado de fils, Dimitri, le préoccupe de plus en plus, Nicolas Sirsky doit pourtant se concentrer sur son enquête. Il doit retrouver un tueur capable de tout et qui leur promet un bain de sang s'ils ne réussissent pas à anticiper ses prochains faits et gestes.
On pédale dans la semoule, au 36, on est surtout terriblement vexé de se laisser ainsi berner par un tueur cynique qui se fait appeler "le Maître du jeu". Et l'on n'a pas envie de se retrouver face à de nouvelles scènes de crime aussi horribles... Pourtant, tous le savent, chaque nouveau crime permettra d'affiner les recherches. Affreux constat...
Combien y aura-t-il de morts avant que Sirsky et ses hommes ne parviennent à déchiffrer les intentions du tueur ? Combien de temps faudra-t-il pour cerner un meurtrier qui semble avoir élaboré son plan avec une minutie diabolique qui ne ressemble pas vraiment aux agissements d'un tueur en série classique ? L'arrêteront-ils, tout simplement ?
Quel rythme ! Ce thriller est vraiment mené tambour battant, un page-turner redoutable d'efficacité, effrayant, captivant, déroutant, aussi. Attention, dans les lignes qui viennent, on va entrer dans certains détails que vous pourriez ne pas avoir envie de connaître avant de lire "Copier n'est pas jouer", soyez prévenus.
Au coeur de ce thriller, la figure du serail killer. Oui, je sais, le sujet est battu et rebattu, difficile de se démarquer dans ce domaine. Mais Frédérique Molay a trouvé un angle assez original. Dans le cours du livre, on apprend que cette expression, "serial killer", est assez récente, créée dans les années 1970 par Robert Ressler, agent du FBI.
Régulièrement, se pose la question de savoir s'il s'agit d'un phénomène strictement américain. Si les critères mis en évidence par le FBI pour profiler les serial killers agissant sur le territoire américain peuvent être transposés ailleurs dans le monde. Une sorte de protectionnisme criminel, assez troublant, comme si, dans ce domaine aussi, l'Amérique voulait affirmer sa prédominance...
Pourtant, les assassins multiples ne connaissent pas de frontières, l'Europe, et certainement tous les continents, ont connu leur lot de tueurs agissant selon un rituel bien défini. Une macabre nomenclature qui est pourtant au coeur de "Copier n'est pas jouer", où de sinistres hommages sont rendus à des figures criminelles de la vieille Europe.
C'est en effet la conclusion la plus importante à laquelle Sirsky et ses équipes parviennent : ils ont affaire à un imitateur, quelqu'un qui s'inspire de tueurs célèbres (et, malheureusement, particulièrement prolifiques) pour tuer en plein Paris... Là encore, il existe un mot anglais pour ce genre de tueur : le copycat.
Et une appellation qui, elle aussi, est sujet à controverse. Pas la même que pour le serial killer, puisque c'est l'existence même des copycats qui est remise en cause par certains spécialistes : un tueur en série agit par lui-même, pour lui-même, à sa manière et pas à celle d'un autre, question d'ego, hypertrophié chez ces meurtriers multiples.
Alors ? Qui est donc le tueur que recherche Sirsky ? Un tueur en série, un copycat, un assassin parfaitement sensé qui joue avec les enquêteurs comme le chat avec une souris ? Parce qu'il est clair qu'il n'imite pas un, mais bien un cénacle de tueurs en série... D'où le titre de ce billet, gentiment provocateur, que j'ai choisi.
L'image du serial killer comme croquemitaine contemporain (une de mes marottes, j'en parle souvent sur ce blog) transparaît aussi dans le cours de l'enquête. Il me semble même me souvenir que le mot est écrit quelque part dans le roman. Bref, Frédérique Molay propose une variation très intéressante sur ce sujet casse-gueule, car souvent traité.
Laissons la trame principale de côté pour nous intéresser au personnage central : Nicolas Sirsky. Jeune quadra, occupant un poste de prestige, à la tête de la brigade criminelle. Une pression folle, une autorité naturelle et une présence sur le terrain qui lui valent le respect de ses hommes. Il reste un flic, avant tout, il n'est pas un rond-de-cuir.
Il est beau, fort, compétent, pas du tout énervant, donc, bref, c'est un héros, un vrai. Oui, c'est vrai qu'on est pas loin du cliché, mais, après tout, le genre du thriller réclame cela. Pourtant, s'il se montre très sûr de lui dans sa vie professionnelle, même lorsque la pression s'accroît terriblement, dans sa vie privée, c'est plus compliqué.
On découvre ses doutes, évoqués plus haut : son inquiétude pour son couple et la difficulté à communiquer avec Caroline est un des fils conducteurs de la trame secondaire. Pour être franc, on se doute de son aboutissement, mais Sirsky a sans doute trop de craintes en tête pour envisager ce dénouement-là.
Et puis, il y a son fils, Dimitri. Adolescent, désormais, avec tout ce que cela implique, une mère absente, un père qui y tient comme à la prunelle de ses yeux et une belle-mère qui a su instaurer une vraie complicité. Mais, Nicolas est un père anxieux, au point d'être limite étouffant pour le garçon. Il en est touchant, notre super flic, sans cesse en train de se demander si son rejeton va bien.
Il gère l'entrée dans l'adolescence de Dimitri comme il peut, avec son activité si prenante, il redoute de négliger son fils, de ne pas réussir à le protéger contre les dangers de ce monde et cela le ronge sans arrêt. J'ai eu l'air d'ironiser, parce que le décalage entre le flic dur et intraitable et le papa poule est assez amusant, avec un Dimitri qui vit simplement sa vie.
Mais, dans ce contexte, avec ces deux premiers crimes sordides qui viennent forcément s'incruster dans l'esprit du chef de la Crim', on se met à la place de Sirsky : Dimitri pourrait lui aussi tomber sur le genre de monstres qu'il est chargé de poursuivre... Une inquiétude d'autant plus forte que, lors de son enquête précédente, la famille Sirsky s'était retrouvée au coeur de la tempête...
Je ne vais pas bouder mon plaisir, j'ai lu avec appétit cette nouvelle enquête de Nicolas Sirsky, qui réserve pas mal de surprises. "Copier n'est pas jouer" est habilement mené, le lecteur est captivé et se laisse prendre à cette enquête épineuse, complexe et ultra-violente. Mais, je vais quand même tempérer mon enthousiasme par un bémol.
Il ne concerne pas l'intrigue et son dénouement en eux-mêmes, mais le final du livre. Je l'ai trouvé très abrupt, très frustrant. Je ne pense pas qu'un développement autour du meurtrier aurait été de trop, bien au contraire. Certains éléments à son sujet aurait, me semble-t-il, mérité d'être creusé un peu. Peut-être est-ce plus le boulot du juge Becker, qui forme un sacré tandem avec Sirsky.
Mais, pour le lecteur que je suis, il aurait été intéressant d'aller plus loin, d'ajouter une vraie dimension psychologique à cette histoire. C'est mon ressenti, je l'ai vu partagé par d'autres, mais on peut aussi ne pas être en phase avec ce souhait. L'action, juste l'action. Je crois pourtant que terminer en approfondissant la question de ce tueur bien particulier n'aurait pas nui au rythme de "Copier n'est pas jouer".
Cela ne remet rien en cause, et je viens de voir sur les réseaux sociaux que Frédérique Molay travaillait d'arrache-pied à la prochaine enquête de Nicolas Sirsky que je serai ravi de découvrir lorsqu'elle sera en librairie. Pour profiter d'une nouvelle montée d'adrénaline aux côtés des flics du 36 et de leur chef, qui devraient d'ailleurs bientôt déménager, me semble-t-il...