Les mots qu’on ne me dit pas, Véronique Poulain

Les mots qu’on ne me dit pas, Véronique PoulainRésumé :

« “ Salut, bande d’enculés ! ”
C’est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison.
Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu’ils sont sourds.
Je vais leur prouver que je dis vrai.
“ Salut, bande d’enculés ! ” Et ma mère vient m’embrasser tendrement. »

Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte.
Son père, sourd-muet.
Sa mère, sourde-muette.
L’oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot.
Le quotidien.
Les sorties.
Les vacances.
Le sexe.
D’un écartèlement entre deux mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie.
D’une famille différente, un livre pas comme les autres.

Mon avis

Je n’aurai sans doute jamais eu l’occasion  de découvrir ce roman de Véronique Poulain si ma copinaute Belina ne me l’avait pas envoyé dans le cadre d’un swap livresque. J’ai de suite été amusée par le résumé et je n’ai pas résisté bien longtemps à l’envie de le lire. J’ai ainsi passé un très bon moment avec ce livre qui n’a pas manqué d’être un coup de coeur pour moi aussi !

Véronique Poulain  est née de parents sourds muets en étant entendante elle-même. Elle nous livre à travers son roman un témoignage cru sur son quotidien dans une famille pas tout à fait comme les autres. Entre les difficultés et obstacles de communication, les moments embarrassants et le regard des autres, l’auteur nous dépeint par le biais d’anecdotes à la fois drôles et touchantes, son ressenti vis à vis de cet handicap et la manière dont elle l’a vécu dutant son enfance et son adolescence.

J’ai été prise dans le récit dès la première page. La brièveté des phrases les rend d’autant plus accrocheuses et percutantes. L’auteur ne s’embrasse m’as de fioritures à l’instar de la langue des signes qui va droit à l’essentiel et nous transmet les émotions de manière brute mais toujours avec délicatesse. Bien que le sujet abordé spot délicat, on ne tombe jamais dans le pathos et l’auteur réussi à nous en apprendre plus sur cet environnement incompris de nous autres entendant,  sans tabous ni faux semblants.

Je n’ai toutefois pas eu de mal à imaginer les sentiments de honte et d’injustice qu’a pu ressentir l’auteur en étant adolescence face à des parents plus bruyants que la moyenne et qui ne passent pas toujours inaperçus. Elle, qui voulait par moment avoir des parents « normaux » oscillait entre fierté, colère, admiration et gêne. L’humour fait également partie intégrante du récit et apporte une touche de légèrété à l’ensemble. J’ai plus d’une fois ftd usée mat certaines anecdotes que nous partage l’auteur.

La plume de l’auteur est légère au ton tendrement acerbe et particulièrement décomplexée. Son style aussi tranchant que spontané rend la lecture d’autant plus fluide et prenante. Il faut dire que l’on a tôt fait d’arriver à la fin du roman.

En bref, Les mots qu’on ne me dit pas est un roman mordant et sensible à la fois. Véronique Poulain signe avec ce témoignage autobiographique une véritable déclaration d’amour à ses parents. Je ne peux donc que vous conseiller de le lire !