Syngue sabour

Par Marjogch

Atiq Rahimi

L'histoire :

Cette pierre que tu poses devant toi..devant laquelle tu te lamentes sur tous tes malheurs, toutes tes misères..à qui tu confies tout ce que tu as sur le coeur et que tu n'oses pas révéler aux autres...Tu lui parles, tu lui parles. Et la pierre t'écoute, éponge tous tes mots, tes secrets, jusqu'à ce qu'un beau jour, elle éclate. Elle tombe en miettes. Et ce jour-là, tu es délivré de toutes tes souffrances, de toutes tes peines....Comment appelle-t-on cette pierre ?

Mon avis :

Quelque part en Afghanistan, sur fond de guerre, le décor est réduit à une chambre sans meuble, un homme grièvement blessé silencieux, une femme qui le soigne, et dans la pièce à côté deux petites filles au début de l'histoire.

On ne connaît pas le prénom des protagonistes, l'atmosphère est étouffante, le tête à tête entre cette femme et son mari est angoissant.

Le monologue de cette femme, un constat presque clinique qui déroute, le récit de sa courte vie faite d'humiliations, de mariage imposé avec un homme plus âgé qui passe son temps à faire la guerre, ses rancoeurs, son enfermement, l'aliénation des femmes par les femmes (belle-mère), la solitude, l'absence de communication.

Ce monologue est très violent, très cru, sa haine pour la vie qu'on lui impose.

Très peu d'autres personnages traversent cette histoire, le mollah, les petites filles, les soldats qui envahissent sa maison et lui volent son coran, et le jeune soldat qui va revenir la voir.

Il y a de très furtifs éclairs de tendresse dans les paroles de cette femme, pour sa tante et son beau-père. La femme confie son immense douleur à une "pierre de patience" parler pour mourir enfin libre.

La fin de ce récit est effrayante, j'avoue que j'ai eu du mal avec cette lecture, mais il faut lire ce livre, car il est important de découvrir comment vivent ces femmes.

Ce livre est le prix Goncourt 2008, je l'ai découvert très tardivement à l'occasion d'un café littéraire, dont le thème était l'oeuvre de cet écrivain.