Aujourd'hui nous repartons en 1973, grâce au numéro 122 de Amazing Spider-Man, scénarisé par Gerry Conway et dessiné par Gil Kane. Ce numéro historique fait bien évidemment suite à la mort de Gwen Stacy, puis au combat vengeur entre Spider-Man et le Bouffon Vert. A l'époque, le lecteur pense que ce dernier s'est tué par accident, et que donc l'histoire de ce cinglé criminel s'arrête là. Et à la fin de l'épisode, c'est un Parker complètement détruit qui rentre dans son appartement : on le voit brisé, sans espoir, au point qu'il est désagréable, et envoie sur les roses Mary Jane Watson, qui paraît pourtant vouloir le consoler. C'est qu'à l'époque la belle rouquine est le plus souvent dépeinte comme une jeune fille superficielle, qui n'a pour autre occupation que de s'amuser, fréquenter les night-clubs, et rechercher la compagnie des jolis garçons. C'est d'ailleurs ce que Peter lui reproche, lorsqu'elle essaie de se rapprocher de lui. C'est donc ce que semble penser notre héros, lui aussi a une vision négative et incomplète de la personnalité de Mary Jane, il n'a pas encore appris à en connaître la profondeur cachée. La force de la dernière planche de l'épisode, que nous vous montrons ci-dessous, réside toute entière dans l'instant d'hésitation que marque la rouquine, au moment de quitter la pièce. C'est probablement cet instant-là qui va définir toute l'histoire de la relation commune et intime, que vont nouer les deux personnages, jusqu'au mariage.
Elle s'apprête à franchir cette porte, déçue et repoussée, amère et blessée, mais l'amour-propre de MaryJane est moins important que l'affection, voir l'amour, qu'elle ressent déjà pour Peter, et son envie de l'aider à dépasser la tristesse du moment. La main referme la porte dans un claquement bref, et elle se tourne vers son ami en larmes. Magnifique. Juste à côté, vous pouvez voir la version préparatoire de Gil Kane : toute la scène de la porte en était éludée, et la planche perdait complètement de son impact émotionnel, avec à la fin Mary Jane qui prend Peter dans ses bras, ce qui est trop direct, beaucoup moins subtil. Les premières cases de la page, elles, sont identiques. La version finale est bien plus intéressante, avec un comportement de Mary Jane qui peut être interprété de deux manières. Est-elle vraiment là pour aider Peter, poussée par ses propres sentiments, sa compassion, ou simplement parce qu'elle a été piquée au vif par les paroles de son ami, et qu'elle veut lui prouver qu'elle n'est pas celle qu'il pense avoir en face de soi. En fin de compte, c'est véritablement cette dernière page qui symbolise à merveille ce que sera désormais l'histoire sentimentale de Peter Parker / Spider-Man, telle que nous avons appris à la connaître, et qui va projeter le personnage dans le monde adulte, en même temps que les comics Marvel tourneront une nouvelle page de leur longue histoire. Une porte. Franchie, ou pas.
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