Récit de Santiago GARCIA
Dessins de Javier OLIVARES
Traduit de l'espagnol par Hélène DAUNIOL-REMAUD
Editions Futuropolis, mars 2015. (Espagne, 2014)
Il est des mots qui agissent comme des aimants.
Des lieux, des consonances, des noms qui attirent, qui fascinent.
Parmi eux, " Les Ménines ", " Velázquez ", " Picasso ", " Espagne " sont sûrs de m'alpaguer.
Cet épais roman graphique, pour nous raconter l'histoire de ce tableau emblématique, suit l'enquête menée en 1658 par un Chevalier du Saint Ordre de Saint-Jacques pour savoir si Diego Velázquez peut être anobli comme il le souhaite et comme le veut le Roi d'Espagne, Philippe IV (sur le trône de 1621 à 1665).
Lui, unique peintre de la Cour, portraitiste sans complaisance du Roi et de sa famille, à qui furent confiés tant de charges et de pouvoirs, n'est en réalité qu'un " simple domestique " de ce Roi féru d'art et de culture, mais si faible sur le plan politique.
On remonte donc la vie de Velázquez au gré de trois parties ( La Clé ; Le Miroir ; La Croix) et d'une chronologie chamboulée pour raconter la genèse de son chef-d'œuvre peint en 1656, devenue icône et symbole culturels, à l'influence certaine et insaisissable (CF en fin d'article).
Le passé, le futur se mêlent au présent pour nous dévoiler le cheminement de cet artiste mystérieux, sa conception de l'Art, ses rencontres, ses pérégrinations, ses inspirations (Le Caravage, Rubens, Le Titien, Tintoret...), ses contemporains et successeurs (Cano, Murillo, Juan de Paruja, Raphaël...) et jusqu'à son rayonnement actuel.
Artistes, écrivains, philosophes se disputent son héritage dont beaucoup occupent une place dans cet album, directement nommés ou subtilement amenés : Foucault, Picasso, Baltasar Gracian, Dali, Antonio Buero Vallejo...
Pour saisir les allées et venues temporelles, le dessin vif, cubiste et tout en angles au trait noir et épais se pare de quelques aplats monochromes : gris, gris/bleu ou kaki/ocre, ou bien de plusieurs couleurs.
Le style BD en case laisse aussi la place à des pages de journaux, des gros plans. J'aime beaucoup cette narration entrecoupée, qui donne rythme et vivacité au récit.
Cette BD m'a littéralement happée et je ne peux que vous encourager à la découvrir!J'ai redécouvert ou appris des choses sur Velázquez, ses contemporains, et davantage encore sur les résonnances de ce tableau qui n'en finit pas de fasciner et de garder certains secrets.
Ce grand coup de cœur participe au RDV la BD de la Semaine, qui se déroule chez Noukette aujourd'hui (Retrouvez-y toutes les participations du jour - CLIC)Belles lectures et découvertes,
Blandine.
Retrouvez-moi sur Facebook, Twitter, Pinterest, Instagram, tumblr et Google+ Voici Quelques oeuvres directement inspirées des Ménines. Pablo Picasso réalisa même une série de 58 Ménines en 1957.