Deux mains qui se tiennent du bout des doigts dans la pénombre. Baignant dans le sang des autres, Fred et celle qu'il prénomme Elisa. Nous sommes le 13 novembre 2015, dans la fosse du Bataclan. Ils étaient venus pour le concert des Eagles of Death Metal, mais l'ambiance bascule soudainement dans une tragédie historique. Deux heures durant, leur vie ne tient qu'à un fil. Fred s'emploie à réconforter sa jeune voisine blessée à la jambe. Le récit de l'après-attentat témoigne de façon bouleversante, mais toujours digne, de sa vie en mille morceaux qu'il lui faut reconstituer comme un puzzle. Durant des mois, Fred a l'impression étouffante d'être encore prisonnier du Bataclan. Graphiste professionnel, il reprend peu à peu le crayon et le fil de ses idées. Il raconte ses amis rescapés, les réactions de sa famille, l'indicible, ses phobies et ses sentiments intimes de survivant, ses relations avec la police, la justice et sa psy, le jour où il a été reconnu victime, son retour difficile au travail, son enfance en banlieue sensible et le mouvement salafiste, sa tolérance, ses convictions politiques et ses passions rock. Fred Dewilde avec son envie de dessiner, de témoigner et de faire récit, démontre aussi que l'on peut résister à l'horreur, et sortir définitivement du Bataclan.
Le 13 Novembre 2015 est une date impossible à oublier. Elle a marqué l'esprit de tous les français et continuent à hanter nos pensées des mois après cette terrible soirée.
Fred Dewilde est graphiste de métier. Père de trois enfants. Homme marié. Et un rescapé de la terrible attaque du Bataclan. C'est avec des images de bandes dessinées et des mots que Fred Dewilde tente d'exorciser les démons qui l'habitent depuis cette terrifiante nuit.
En se rendant au concert des Eagles of Death Métal avec ses amis, Fred Dewilde n'a pas pensé une seule seconde que quelques heures plus tard, ils seraient allongés sur un sol couvert de sang à tenir la main d'une inconnue blessée par balles à raconter une blague de pingouin pour tenter d'occulter le bruit des balles qui sifflent au dessus de leurs corps, les cris de douleurs et les voix des terroristes.
Les planches de dessins qui composent la BD sont bouleversantes. Mon regard n'a pas su se détacher d'elles avant de les avoir longuement scrutées. Fred Dewilde ne cherche pas à toucher un public, à faire du voyeurisme morbide ou que sais-je encore. Il a posé sur du papier ses peurs, ses douleurs, ses ressentis, ses souvenirs...
Mon Bataclan n'est pas une BD. Mon Bataclan n'est pas un roman. C'est un témoignage bouleversant dans lequel Fred Dewilde livre à lui même avant tout puis à ses lecteurs ce qu'il a vécu et ce qu'il doit combattre pour tenter de vivre normalement aujourd'hui. La reconstruction est longue, l'oubli inenvisageable, les souvenirs enfouis.
Ce témoignage m'a profondément touché et marqué. Plusieurs années après cette horrible attentat qui a marqué la France, il est très difficile de faire refluer les émotions qui s'emparent de moi encore aujourd'hui quand j'y pense, quand j'entends les témoignages ou quand je lis celui de Fred Dewilde qui avec ses mots et ses images m'a intensément émue et bouleversée.
Extrait du livre
" J'ai vu assez de cadavres ce soir du 13 novembre, j'ai vu assez de sang, assez de corps mutilés, brisés, déchirés, explosés, assez de larmes, d'angoisse pour plusieurs vies. J'ai vu ce qu'amenait la haine, alors pour une fois, soyons moins cons ... pour une fois, choisissons la vie. "
Quantifier le témoignage d'une vie n'est pas quelque chose d'envisageable.
L'horreur, la douleur, la (re)construction ne se mesurent pas.