Laëtitita ou la fin des hommes de Ivan Jablonka

Publié le 17 février 2017 par Carocaro

Laëtitia a tout juste 18 ans. Elevée en famille d’accueil après avoir été retirée à une mère dépressive d’avoir vécu trop de violence, et à un père défaillant, elle a retrouvé une certaine stabilité et prend peu à peu son envol.

C’est alors que sa route croise Tony, homme violent, délinquant, négligé, mais sans doute aussi charmeur. Au cours d’une folle journée, Laëtitia le suit jusqu’à l’horreur. Un meurtre, peut-être précédé d’un viol, puis le démembrement de son corps.

En janvier 2011 ce « fait d’hiver » m’avait beaucoup marqué. Non seulement parce qu’il avait été stigmatisé comme résultant des manquements de la justice, mais également parce que cela se passait en Loire-Atlantique, près de chez moi donc.

Contrairement à La maladroite ou à Chanson douce, où la part de fiction tenait l’horreur à distance, ici ce n’est pas un récit distancé, édulcoré mais au contraire circonstancié. Beaucoup de détails émaillent le récit, rendant certes les portraits plus réalistes, mais aussi plus tragiques et durs à lire.

En tous les cas le pari de l’auteur, exprimé dès le début, de rendre hommage à Laëtitia en mettant la vie de la jeune fille en relief, avec ses failles, ses difficultés, mais aussi ses avancées et ses espoirs, est bien tenu. Du sordide il veut revenir à la dignité, et c’est vrai que là aussi la réussite est au rendez-vous.

Ce livre documentaire est également un plaidoyer en faveur de l’institution judiciaire, malmenée par les médias et les politiques.

Un livre juste, des portraits humains et touchants, mais un récit difficile aussi, à mettre dans des mains averties. Si le livre se lit comme un roman, il n’en est pas un et reflète une réalité tragique…

Ivan Jablonka est un écrivain et historien français né en 1973.

Laëtitia ou la fin des hommes est paru aux éditions du Seuil en août 2016 (21€).

Morceau choisi :

« Si l’on ne s’occupe pas des morts, si on ne les aime pas, si on ne le respecte pas, si on ne les protège pas, que deviendront-ils ? »


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