Finalité de l’histoire — La pensée néolibérale m’horripile. L’humain n’est pas une ressource parmi d’autres, dont peuvent disposer les organisations, fussent-elles publiques ou privées. Il est la fin de l’économie et de l’histoire. C’est pour lui que banques, industries et toutes institutions existent — ou devraient exister.
Éducation — On a permis à une bureaucratie centralisatrice de spolier les parents et les instances locales de leurs droits de regard sur l’éducation ; et on a laissé des apprentis sorciers à diplômes, inféodés à des idéologies plus ou moins confuses, effectuer réforme après réforme et, par ce faire, abrutir trois générations de Québécois. On a privé les jeunes des richesses éthico-culturelles de leur passé et on les a laissés nus, sans habiletés ni goût pour la réflexion, dans une société où 50 % des citoyens sont des analphabètes fonctionnels, malgré les milliards que les contribuables y engouffrent.
Nous, les baby-boomers, sommes coupables de ce crime culturel.
Perte de monopole — Les communautés intello-médiatiques des métropoles sont bouche bée. Leurs sondages, prévisions et prédictions en période électorale ne fonctionnent plus. Québec, Canada, France, USA… les mêmes ébahissements de leur part. On y nage dans la confusion.
Les médias officiels et traditionnels (télé, radio, papier…) ont perdu le monopole qu’ils exerçaient sur les masses votantes. Les blogues, bulletins électroniques, Facebook, Twitter et autres rejetons d’Internet, s’adressent aux électeurs avec une intermédiarité restreinte. Journalistes d’opinion et autres commentateurs patentés sont devenus des influenceurs de second ordre, même s’ils s’essaient à reproduire leurs écrits orthodoxes sur les plateformes numériques.
Dans le même ordre d’idée, les téléphones mobiles ont rendu incrédibles et caducs nos rassurants, mais dépassés, sondages d’opinion.
Marche en hiver — Les skieurs glissent, les marcheurs se parlent, gesticulent et se regardent. Tous se hâtent sous les conifères chargés de blanc.
Qui prendra la peine de s’arrêter, de se pencher pour lire cette neige où s’inscrivent les événements, parfois les drames, de la nuit ? Fuites, captures ou balades pour fins de nutrition.
L’auteur : Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose ont ensuite paru chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale(2003), Jakob, fils de Jakob (2004), Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique(Triptyque, 2005), Les versets du pluriel(Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan,Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux(MBNE) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur. On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com).
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