Il parle du début à la fin. Il monologue. La quarantaine bien entamée, il est atteint du syndrome d’Asperger et vit avec son père. Sa vie, c'est le scrabble, l'étude des catastrophes aériennes et Sophie Lachenal, pour qui il éprouve depuis l'adolescence un amour inaltérable (et non partagé!).
Les funérailles de sa grand-mère sont le point d’allumage de sa mordante logorrhée. Cette journée de deuil sert de prétexte à lever le voile sur les faux-semblants. Toute la galerie familiale y passe. De la grand-mère morte aux tantes insipides, en passant par le cousin Henry et la cousine Mary, le portrait est sans pitié!Un portrait parmi d’autres, celui de la tante Lorraine, «qui ne s’intéresse qu’à des futilités et ment comme elle respire.» Dieu ait son âme!D’après elle, ce que veulent les femmes tient en trois mots: manger sans grossir. Elle-même se voulant mince contre toute évidence, elle boudine ses quatre-vingts kilos dans des vêtements de jeune fille qui lui scient la graisse et dont j’ai toujours peur que les coutures craquent. Comme elle a lu dans des magazines que les couleurs sombres affinent la silhouette, elle s’introduit dans des pantalons noirs trois tailles en dessous de la sienne et dans des chemisiers serrés qui épousent les bourrelets de son ventre. En général, son décolleté fait pigeonner ses seins généreux, qu’elle appelle ses atouts majeurs et qui bougent lorsqu’elle marche comme un flan qu’on secoue.Il traque l’hypocrisie, les flatteries, les sournoiseries et les simagrées. À bas les masques. À bas la comédie sociale. Sa lucidité est à toute épreuve. Sa solitude sans fond. Heureusement, il s’en accommode plutôt bien…Pour une surprise, c'en est toute une! Ce roman est à la fois drôle et cruel.La lucidité et l’intransigeance du personnage revigorent. Cette dénonciation des travers de la comédie sociale, servie par un humour décapant, m'a totalement enchantée. Il faut dire que le style d'Emmanuel Venet y fait pour beaucoup.Je n’en dis pas plus. Ces mots parlent d’eux-mêmes…