L'an dernier, je m'étais fort marrée à la lecture de L'homme idéal existe, il est Québecois. Diane Ducret revient avec un roman d'un autre genre. Mais ce n'est pas une première, puisque sa première publication était Femmes de dictateurs, qui trône sur l'une de mes étagères, et qui, je le suspecte, doit s'éloigner ostensiblement de la légèreté de L'homme idéal existe (cela dit, je peux me tromper. Il y a certainement des choses drôles à colporter sur la vie des femmes de dictateurs).La couverture est jolie, Diane aussi d'ailleurs, tous les feux sont donc au vert pour s'enquérir de son dernier roman.
Libres pensées
Je suis toujours bluffée, et, par extension, fan, des auteurs qui inscrivent leur oeuvre dans la diversité, et parviennent à s'affranchir de règles tacites mais prégnantes selon lesquelles un auteur est nécessairement spécialiste d'un domaine particulier de la littérature, et que toute incartade est vouée à l'échec, et sera sévèrement punie (je parle bien sûr de châtiments corporels dûment mérités).
J'ai donc naturellement abordé Les indésirables avec une bonne dose de bienveillance, encouragée en cela par les souvenirs émus de L'homme idéal existe, tout en sachant (et en espérant) que j'allais trouver là quelque chose de différent.
En effet, je confirme, c'est un roman très différent.
L'histoire est celle de deux jeunes femmes qui, au début de la Seconde Guerre Mondiale, font partie des milliers de femmes déportées par l'Etat Français et internées dans le camp de Gurs, au cœur des Pyrénées.
Au crédit de Diane, il faut souligner que le sujet choisi a été - à ma connaissance - relativement peu traité dans tout ce que l'on a pu lire et voir au sujet de la Deuxième Guerre Mondiale : parler de ces "indésirables" permet donc de revenir sur une période par ailleurs largement commentée, sous un angle neuf.
En outre, contrairement à ce que l'on connaît sur le sujet de la déportation, le ton est léger, le récit s'apparente à une comédie ; les rebondissements sont ceux que l'on peut attendre d'une structure classique, les émotions aussi.
Diane Ducret joue sur les épisodes tristes et ceux plus heureux qui ponctuent la vie de la petite communauté retranchée dans ce camp, et met en scène des personnalités finalement assez lisses : les protagonistes sont des victimes, mais savent se montrer résilientes, altruistes, sentimentales, il y a dans leur entourage d'autres femmes qui se répartissent les rôles évidents de toute bonne comédie (la rigolote, la vieille dame, etc...), des amoureux en puissance, et, bien évidemment, des méchants fort méchants, qui ne rencontrent guère de circonstances atténuantes (Raymond Grumel, pour ne pas le nommer).
Pour ces motifs, Les indésirables m'a fait l'effet d'une lecture relativement facile, les ingrédients et ressorts utilisés sont sommaires, le sujet reste intéressant, c'est pourquoi le roman peut néanmoins séduire, mais ne restera pas dans mes annales personnelles (une phrase à manier avec précaution).
Pour vous si...
"Et on ose les appeler les indésirables! Sans elles, plus un seul tableau, plus un seul poème ne s'écrit, toutes les muses des Français sont ici! "
"Eva songe aux longues processions de femmes, chargées de paquets, sur les quais de gare au départ des soldats, mouchoirs à la main, faisant signe à leur mari... Mais pas un mari à l'horizon. Un genre disparu, terré, aspiré par la guerre ou par la fuite. Des trains pour déporter des femmes seules, voilà ce que la modernité et l'industrie ont enfanté."
Note finale2/5
Libres pensées
Je suis toujours bluffée, et, par extension, fan, des auteurs qui inscrivent leur oeuvre dans la diversité, et parviennent à s'affranchir de règles tacites mais prégnantes selon lesquelles un auteur est nécessairement spécialiste d'un domaine particulier de la littérature, et que toute incartade est vouée à l'échec, et sera sévèrement punie (je parle bien sûr de châtiments corporels dûment mérités).
J'ai donc naturellement abordé Les indésirables avec une bonne dose de bienveillance, encouragée en cela par les souvenirs émus de L'homme idéal existe, tout en sachant (et en espérant) que j'allais trouver là quelque chose de différent.
En effet, je confirme, c'est un roman très différent.
L'histoire est celle de deux jeunes femmes qui, au début de la Seconde Guerre Mondiale, font partie des milliers de femmes déportées par l'Etat Français et internées dans le camp de Gurs, au cœur des Pyrénées.
Au crédit de Diane, il faut souligner que le sujet choisi a été - à ma connaissance - relativement peu traité dans tout ce que l'on a pu lire et voir au sujet de la Deuxième Guerre Mondiale : parler de ces "indésirables" permet donc de revenir sur une période par ailleurs largement commentée, sous un angle neuf.
En outre, contrairement à ce que l'on connaît sur le sujet de la déportation, le ton est léger, le récit s'apparente à une comédie ; les rebondissements sont ceux que l'on peut attendre d'une structure classique, les émotions aussi.
Diane Ducret joue sur les épisodes tristes et ceux plus heureux qui ponctuent la vie de la petite communauté retranchée dans ce camp, et met en scène des personnalités finalement assez lisses : les protagonistes sont des victimes, mais savent se montrer résilientes, altruistes, sentimentales, il y a dans leur entourage d'autres femmes qui se répartissent les rôles évidents de toute bonne comédie (la rigolote, la vieille dame, etc...), des amoureux en puissance, et, bien évidemment, des méchants fort méchants, qui ne rencontrent guère de circonstances atténuantes (Raymond Grumel, pour ne pas le nommer).
Pour ces motifs, Les indésirables m'a fait l'effet d'une lecture relativement facile, les ingrédients et ressorts utilisés sont sommaires, le sujet reste intéressant, c'est pourquoi le roman peut néanmoins séduire, mais ne restera pas dans mes annales personnelles (une phrase à manier avec précaution).
Pour vous si...
- Vous n'aimez pas les surprises ;
- Vous n'êtes jamais rassasié en matière de bons sentiments, et si ça dégouline, tant mieux.
"Et on ose les appeler les indésirables! Sans elles, plus un seul tableau, plus un seul poème ne s'écrit, toutes les muses des Français sont ici! "
"Eva songe aux longues processions de femmes, chargées de paquets, sur les quais de gare au départ des soldats, mouchoirs à la main, faisant signe à leur mari... Mais pas un mari à l'horizon. Un genre disparu, terré, aspiré par la guerre ou par la fuite. Des trains pour déporter des femmes seules, voilà ce que la modernité et l'industrie ont enfanté."
Note finale2/5