Abîme

Par Gaiange @rachelgaiange
Auto Edition

De nature acariâtre, inadapté social chronique, le bougre a du mal à trouver une vraie place dans la société, une place qui en tous cas lui convienne...peut être d'ailleurs n'en existe-t-il pas pour cette espèce là...à lui de se créer sa propre niche donc, ou d'amener sa touche personnelle à une niche existante.
Animal étrange, de moeurs plutôt nocturnes, peu enclin à la discussion orale...pour la simple et bonne raison qu'il ne dispose que d'un langage très rudimentaire, et d'une élocution pour le moins aléatoire, faisant ressembler son phrasé à un gloubiboulga sonore, inaudible pour le commun des mortels.
L'écouter étant un calvaire, il vaudra mieux le lire. Tel un bègue oubliant son handicap en chantant, Cetro trouve dans l'écriture un moyen d'expression dans lequel il est nettement plus à l'aise, et dans tous les cas, plus compréhensible.
Il appréciera à n'en pas douter le fait d'être lu. Se livrer et s'exhiber sans se montrer, voilà bien ce qui le motive.
Une exhibition pudique donc,pour mettre à nu ses drôles de pensées, et non son étrange physique.
Le voir est le fuir, le lire est l'adopter.
Adeptes du politiquement correct, passez votre chemin. Cetro ne se censure que très peu, et vous livre des textes bruts, sans concession faite à la bienséance.
Si vous aimez être bousculés, foncez, il est l'auteur qu'il vous faut.
Vous pourrez retrouver son actualité sur son site auteur: www.cetro.fr

David, 14 ans ne connaît pas l'insouciance de l'adolescence. Sa vie est rythmée par le harcèlement dont il est victime, les humiliations et les coups que lui dispensent ses pairs sans compter. Le monde qui l'entoure n'a que mépris pour lui, et c'est dans l'indifférence générale qu'il vit un cauchemar au quotidien. Il ne doit son salut mental qu'à ses moment où, seul, il se retire dans un petit bois abritant un étrange gouffre, sorte de puis naturel apparemment sans fond. Il se déleste là, dans la profondeur et l'obscurité de la terre, de ses chagrins et ses mauvaises pensées. Mais que recèle vraiment ce gouffre, nommé par les locaux "le chaudron du mal" ? Quels effets auront sur lui ces descentes quotidiennes sous la surface ?

Nombre de pages : 280

Après un mois de février un peu tristounet niveau lecture, un abandon et des lectures sans plus voici que j'ai enfin eu mon coup de coeur. Le monde de l'auto-édition frappe encore et je remercie Muriel ma soeur de coeur littéraire de ce beau cadeau, en m'offrant ce roman.

Cetro est un auteur avec un univers bien à lui. Un mélange de plusieurs genres font leurs apparitions à mesure que les pages tournent. J'ai pu trouver dans ce roman un style noir, thriller, psychologique et fantastique, rien que ça hein?! Tant de genres mélangés peuvent paraître un vrai bazar, un champ de mines où on peut vite basculer dans du grand n'importe quoi... mais pas avec Cetro.... Il a su me captiver dès la première phrase, je suis rentrée dans un univers glaçant de monstruosité humaine (le harcèlement moral et physique), un univers oppressant, entre la peur quotidienne pour David et la douleur des mots et des coups infligés par ses bourreaux. J'ai pu ressentir rapidement une tension et une masse menaçante au dessus de David, cette chose qu'on arrive pas à identifier mais qu'on sait qu'elle plane et ne demande qu'à apparaître, ce côté fantastique m'a de suite séduite... qu'elle est cette menace qui veut du mal à David?! Pendant longtemps on imagine divers scénarios plus tordus les uns que les autres, l'auteur joue avec ses lecteurs.

Ce roman n'est pas un voyage chez les Bisounours. Il est humain, profond... il m'a prit aux tripes... on peut s'identifier facilement à l'un des personnages, tantôt David tantôt sa mère... j'ai encore une fois vécu mes personnages au plus profond de moi... encore une fois j'en ressors pas indemne, il m'aura fallut reprendre pieds pour mettre mes mots sur les maux de ce roman.

Je suis une novice dans le genre fantastique donc j'ai eu mon petit WTF final, je me suis laissée avoir en beauté et je me dis qu'une suite me plairait beaucoup. Ceci est mon premier roman de Cetro et je peux dire que ce ne sera pas le dernier. Je suis séduite par sa plume, sa sensibilité pour approcher les choses tout en les rendant fortes, cruelles et si réelles. Cetro a su me bouleverser, me prendre aux tripes, réveiller en moi la haine des oeillères humaine, la douleur et la peur d'un enfant, la sensation de vengeance... la roue des sentiments tourne en même temps que les mots/maux défilent à travers les pages.

Un grand bravo, monsieur Cetro !