Le calepin de Marc-André Lévesque…

Le calepin de Marc-André Lévesque…

Je sens encore la chaleur de sa main dans la mienne lorsque l’hiver nous marchions ensemble sur le trottoir du village. Nos pas amoureux nous portaient vers la patinoire où les notes d’une valse de Tchaïkovski tentaient de se mêler à l’air provenant du fleuve. Je ne sais pas comment nous avions pu alors mettre nos patins puisqu’il ne m’avait pas semblé avoir quitté sa main chaude. Nous nous sommes donc retrouvés sur la patinoire tenant encore et toujours nos mains ensemble et nous avons ainsi fait le tour de la patinoire au rythme de la musique. Soudés l’un à l’autre dans une passion musicale, nous avions été transportés dans une autre dimension, seuls au monde, aux confins de nos sentiments. J’ai souvent l’impression que ça a duré plus de 50 ans, un amour qui n’a pas d’âge. Même s’il s’agit de souvenirs, il me semble que je n’ai jamais connu de moments aussi forts depuis et ma main garde toujours la tendre chaleur de la sienne.

Invisible…

Il m’arrive d’être invisible. Ça me permet de visiter des endroits rares. Je ne suis pas le seul àLe calepin de Marc-André Lévesque… l’être. Il existe plusieurs formes d’invisibilité : celle que nous connaissons le plus, par le biais de légendes, est la forme spectrale, d’autres s’y réfugient pour ne pas se mouiller, d’autres encore sont des manipulateurs nés et ils disparaissent en mentant, moi, je me laisse porter par ma pensée qui me place là d’où je viens et là où je vais, c’est un passage étroit ente la réalité et la mémoire, comme un lieu éclairé par la noirceur. Je suis devenu et en devenir. Je ne suis pas malheureux je peux créer et recréer sans être vu ni connu. J’ai un ami qui dit être capable de sentir ce que vaut une personne qu’il rencontre. Pas en termes d’argent, en termes de sensibilité. Je crois que lui aussi peut avoir accès à une invisibilité. Nous n’y avons plus le même âge, en fait nous n’avons plus d’âge. Ça nous permet d’être plus libres, libres de mouvement. Ce qui est le plus difficile, c’est de voir les peines se dérouler devant nous sans pouvoir intervenir. Avec encore un peu d’exercices, je réussirai peut-être.

L’auteurLe calepin de Marc-André Lévesque…

Né à Saint-Ulric, près de Matane, sur la rive sud du fleuve, j’ai été créé par les images de ce désert d’eau qui change de forme selon les saisons.  Je lancerai bientôt (le 23 novembre) Des mots sur des couleurs, mon premier recueil de récits, en collaboration avec l’artiste peintre Pierre Morin de Varennes qui appartient, tout comme moi, aux paysages de la Matanie, mon pays, mes amours.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)

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