Titre et auteur : Le cabanon jaune de Christelle Angano
Date de publication : 14/02/16
Nb pages : 204
Résumé :
Après la disparition de son père, marin pêcheur confirmé, au large des côtes Normandes, Cloé Lebon a besoin de comprendre. Qu a-t-il bien pu se passer cette nuit-là, alors qu il faisait si beau ? Petit à petit le doute s installe avec ce sentiment confus mais obsédant qu on lui cache quelque chose. D Honfleur aux îles Marquises, en passant par l Irlande, voyage initiatique, la jeune fille est en quête d une réponse.
Nous rencontrons Cloé, fille de marin à Honfleur. Jean, son père, part en mer un soir et ne revient jamais. Depuis, les habitants semblent étranges, le monde de Cloé vascille. Et puis, il y a Harold, qui arrive et qui permet un nouveau départ à Cloé.
En lisant le résumé, ça m'a tout de suite fait penser à la saga des Sept sœurs de Lucinda Riley, avec le père des protagonistes qui part un jour en mer et disparait. Le point de départ est le même et cela m'a enjouée. En commençant le roman, je me suis rendue compte que ça ressemblait en réalité un peu plus à Soudain le large de Julien Decoin : une jeune fille un peu perdue, un étrange marin dont personne ne connait rien qui arrive à quai, et puis l'histoire d'amour avec son lot d'intrigues.
Je vais commencer par les points qui m'ont déplu. J'ai tout d'abord été un peu déroutée par la narration au départ. Tout est raconté de manière très succinte, alors qu'on pourrait s'attendre à un récit un peu plus lent avec tout ce que le drame engendré par la disparition du père de Cloé peut entrainer de douleur et d'introspection. Or, tous les chapitres sont très courts et ne relatent que les événements les plus importants. Il n'y a pas vraiment d'atermoiements, pas de fioriture. Si j'apprécie cela en général, j'ai trouvé en l'occurrence que ça manquait un peu d'émotions, j'ai eu le sentiment que chaque chapitre mériterait d'être un peu plus approfondi pour permettre une meilleure appréhension des personnages.
J'ai été aussi à plusieurs reprises décontenancée par les personnages. Cloé vient de perdre son père, il est évident et normal qu'elle pose des questions à sa famille et son entourage pour en apprendre plus sur lui et comprendre cette disparition. Or, dès qu'elle demande la moindre information, la plus innocente qui soit, tout le monde l'envoit sur les roses avec une violence inouïe, ce qui a provoqué à chaque fois une incompréhension chez moi. Je me disais que ces réactions étaient totalement inappropriées et véritablement violentes envers Cloé, qui, en deuil, se retrouve en plus face à un entourage froid et réfractaire à tout soutien moral, autre que superficiel. Tous les personnages qui gravitent autour de Cloé, Pierrick, Marie, ou Charlotte paraissent adorables au premier abord et se révèlent à chaque fois un peu plus susceptibles, complètement fermés aux questions de Cloé. C'est terriblement perturbant au début et il faut en réalité poursuivre le récit pour comprendre à la fin que ces réactions n'ont en fait rien d'excessif et qu'elles peuvent se comprendre par une certaine panique. Néanmoins, ça n'enlève pas vraiment le fait qu'un sentiment d'incompréhension et de malaise se soit immiscé chez moi au départ.
Ici s'arrête ce qui m'a déplu dans ma lecture. En réalité, le récit comporte trois ambiances : celle d'Honfleur, celle de la Polynésie et celle de l'Irlande. La première est particulièrement chargée de tension et c'est un véritable soulagement de voir Cloé partir pour se ressourcer en compagnie d'Harold, son nouveau compagnon. On se sent allégé et l'atmosphère change du tout au tout. J'ai adoré toute la partie qui se déroule en Polynésie française car si Cloé se sent un peu mal, on ne peut que comprendre son mal du pays, son deuil encore douloureux et l'on ressent beaucoup d'empathie à son égard. J'ai adoré les paysages que l'auteur nous décrit avec un rendu très réaliste. On a la sensation d'être auprès de Cloé et d'Harold, et de constater l'étendu du sublime devant eux. J'ai également aimé la chaleur polynésienne dans son sens social. L'accueil de l'ex-femme d'Harold, de son mari et dans une moindre mesure, de sa fille, fait chaud au cœur et l'on se sent tout de suite à l'aise. Résulte de ce périple polynésien un changement d'air véritablement bienvenu et apaisant.
Le voyage en Irlande quant à lui m'a encore plus plu. Le récit prend à nouveau un autre tournant et moi qui apprécie beaucoup ce pays, j'ai pu me réjouir de l'atmosphère rendue et des décors. De plus, c'est ici que tout se joue, que les secrets éclatent, que les vérités apparaissent et cela offre à l'histoire un rythme très prenant. Le suspens qui était présent en filigrane durant le roman, incarné par le personnage d'Harold, de la disparition du père de Cloé, des habitants de Honfleur, se transforme en vérités qui éclatent enfin en plein jour et la lumière se fait finalement sur les comportements de tous les protagonistes. Ce moment de l'histoire est particulièrement captivant !
En définitive, je dirais que le récit est construit sur un rythme ternaire. La première partie à Honfleur m'a moyennement plu. Je n'arrivais pas à comprendre les personnages, leurs comportements et l'incompréhension était le sentiment qui trônait lors de ma lecture. La seconde partie en Polynésie est beaucoup mieux à mon sens, avec une chaleur très appréciable qui s'en dégage. Pour finir, la partie en Irlande est encore plus intéressante, véritablement captivante ! C'est donc sur une bonne note que s'est terminée ma lecture malgré un début laborieux à mon sens.
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