Whoua quelle claque! J'adore la plume de Sophie Jomain, déjà lue de nombreuses fois.
Suivre le parcours de Camille, jeune femme dépressive et mélancolique, ce n'était pas gagné pour moi, que les dépressifs agacent un tantinet .. Et pour couronner le tout, Mademoiselle veut se donner la mort, de façon digne et légale en Belgique... Alors que je savoure la vie plus que tout et que je voudrais pouvoir ne jamais mourir (si vous connaissez des vampires, je suis preneuse...). Ma rencontre avec Camille était quasiment compromise.
Et pourtant, l'auteure sait faire des miracles puisque j'ai été complètement subjuguée par cette histoire, Camille ne m'a pas à un seul moment énervée. J'ai pris en pleine face sa souffrance, terriblement bien racontée. C'est un sujet (très) lourd, qui demande une grande réflexion, une abnégation certaine, et une humanité exceptionnelle. Ce livre décrit tout cela, vraiment.
Chapeau bas à Sophie Jomain, car il en faut du talent pour parler de l'euthanasie de cette façon. Seule la fin m'a frustrée, mais j'imagine que c'est voulu ( la coquine!).
Un beau coup de coeur, une fois de plus.
" On m a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m' enfonce une épine dans le pied, décrire l'échauffement d'une brûlure, parler des noeuds dans mon estomac quand j ai trop mangé, de l'élancement lancinant d'une carie, mais je suis incapable d'expliquer ce qui me ronge de l'intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n'est en mesure de m'aider. Dieu, la science, la médecine, même l amour des miens a échoué. Ils m'ont perdue. Sans doute depuis le début.
J'ai vingt-neuf ans, je m'appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016.
Par euthanasie volontaire assistée. "