La Trilogie du Siècle, Ken Folett

Par Sevxilian

J'ai récupéré le premier tome de cette trilogie chez une amie qui déménageait à l'étranger, et qui devait donc se débarrasser de quelques volumes encombrants. J'ai été conquise à la lecture de ce premier tome, et me suis bien sur ruée sur les deux suivants, dès qu'ils ont été disponibles.

Résumé et avis en bref: On suit les destins croisés des membres de cinq familles en occident, tout au long du 20è siècle: une famille russe, une famille américaine, une famille anglaise, une famille galloise, et une famille allemande.

Le premier tome est consacré à la première guerre mondiale, le second, à la seconde guerre mondiale, et le dernier, à la guerre froide et à l'époque moderne.

Ken Follet place ses personnages dans des positions stratégiques, ce qui fait que l'on a accès aux coulisses de la Grande Histoire. Soit cela, soit le personnage représente un courant de pensée, un courant artistique.

Exemple: deux frères russes, ouvriers dans une usine de sidérurgie. L'un est super droit dans ses bottes et participera à la naissance du mouvement bolchevique. Le second, joueur et magouilleur, part tenter sa chance aux Etats-unis, où il se fera une place au soleil en prenant la place du parrain mafieux russe local.

J'ai beaucoup aimé cette trilogie, mais je reproche à Follett " d'utiliser " un peu trop ses personnages. Il n'y en n'a pas un qui ne soit un citoyen lambda. Tous ont des destins exceptionnels. Je suis bien consciente que c'est précisément le but de l'auteur, mais à la fin du troisième tome, j'étais contente que ça s'arrête.

J'ai été enthousiasmée par la plupart des personnages, surtout Ethel, dont je suis une fan inconditionnelle. Et j'ai appris plein de choses (je devrais dire " révisé "), donc niveau histoire moderne, je suis calée maintenant!

Je recommande cette trilogie à tous ceux qui aiment les romans historiques. C'est un magnifique panorama de l'histoire occidentale moderne, et on est touchés par les développements, notamment amoureux, de certains personnages.

J'ai vécu par ces livres des heures intenses, pleines de suspense.

Mon avis: C'est une chronique un peu difficile à écrire car elle me faisait tellement peur que je l'ai repoussée un peu trop longtemps... et du coup mes souvenirs ne sont plus aussi frais.

J'ai lu le premier tome en juillet 2014, quelques mois après la naissance de ma fille, et lors de ma convalescence suite à une opération. Autant vous dire que je n'étais pas au top, j'avais juste besoin de prendre un peu de temps pour moi, et donc j'ai pris au pif ce gros pavé dans ma PAL. J'ai été emballée et je l'ai lu en moins d'une semaine (ce qui est assez rapide étant donné les circonstances dans lesquelles je me trouvais).

Je garde de mes sessions de lecture un souvenir très doux, hors du temps: je lisais tôt le matin sur mon balcon, alors que toute la maisonnée dormais encore, après m'être réveillée pour la tétée du petit matin - celle de 5h30/6h.

Les autres volumes ont été achetés et lus au fur et à mesure: le tome 2 en français, offert par ma soeur à la gare alors que j'attendais mon Thalys; le tome 3 attendu avec impatience et acheté à la librairie anglaise du coin.

Comme dans Les Pilliers De La Terre, du même auteur, on a tôt fait de comprendre l'ambition de Ken Follett: nous faire traverser les grands moments qui ont marqué le 20è siècle. Un projet d'envergure!

Pour cela, Follett place ses personnages à des endroits stratégiques. C'est la seule chose qui me chiffonne un peu, tous les personnages de cette saga ont des destins exceptionnels, sans faute. On sent que Follet s'est dit " bon, il me faut un bolchevique, une suffragette, un représentant de l'aristocratie ", et puis il a distribué ses personnages là où il fallait, quand il fallait. Ce n'est pas un tort en soit, mais on sent un peu trop que c'est calculé.

Par exemple, pour le personnage " bolchevique ": il s'agit d'un personnage fictif qui est presque à l'origine de la révolution et de la création de l'URSS. Je pense que j'aurais préféré le destin d'un citoyen russe lambda traversant tous les remous de l'histoire, plutôt que celui d'un général soviétique.

On a aussi la maîtresse noire de JFK. Elle cumule, elle: représentative du combat des femmes, du combat des noirs aux USA, et en plus maitresse secrète du président. Elle a vraiment beaucoup de casquettes 😉

Ca n'empêche pas que les personnages sont très attachants et humains. Oui, ils sont un prétexte à redécouvrir l'histoire de notre monde, ses deux guerres mondiales successives et sa guerre froide, mais on vibre avec eux.

Le foisonnements de personnages, surtout dans le dernier tome, m'a un peu gênée aussi. On part en effet de cinq familles, sur trois continents, dont les destins vont se croiser et se mêler. Ils font des enfants, qui ont eux mêmes des enfants, etc... Après près de 100 ans, ça commence à faire pas mal de cousins à suivre. On a même un personnage qui arrive à avoir le patrimoine génétique de TOUS les protagonistes d'origine à la fin de cette saga!

Chaque tome est consacré à l'une des grandes guerres qui ont secoué le monde au 20è siècle: première guerre mondiale, seconde guerre mondiale, guerre froide.

Je dois avouer que tout se mélange un peu maintenant, j'ai un souvenir confus et diffus de cette saga car cela fait un an que je l'ai finie! Mais certains personnages m'ont plus marquée que d'autres.

Ma préférée, c'est Ethel: fille de mineur au Pays de Galle, travaillant pour Fitz, l'aristocrate local, elle tombe enceinte de ce dernier et décide de prendre sa vie en main. Elle refuse la somme que l'avocat de son amant lui propose pour se taire et disparaître, et négocie pour son enfant une somme bien plus haute. Elle part à Londres, où personne ne la connaît, et lance son entreprise de modiste.

En se rendant compte de l'injustice dont souffrent les femmes, elle participe au mouvement des suffragettes et devient députée. Ethel finit sa carrière au Parlement en s'engageant pour les droits des homosexuels.

Tout sa vie, elle oscillera entre l'amour véritable qu'elle porte à Fitz, sentiments qu'elle ne peut combattre, et le fait que leurs opinions soient incompatibles. L'amour physique, entre eux, n'a duré que quelques mois. Mais tout au long du reste de leur vie, à chaque fois qu'ils se croisent (souvent au Parlement, d'ailleurs), c'est électrique. Ethel représente l'évolution des moeurs et le socialisme, tandis que Fitz est l'incarnation du conservatisme. Rien ne peut les réconcilier, même dans la vieillesse.

Son fils, Llyod, va combattre en Espagne contre Franco et s'engage lui aussi en politique. Le fils de Llyod, dyslexique, rate sa scolarité mais devient d'abord rocker avant de devenir businessman.

Vous voyez ce que je veux dire, avec cet exemple, quand je vous dit qu'on explore tous les recoins de l'histoire du monde? Non seulement les évènement politiques, mais aussi culturels - ici avec l'explosion du rock et du mouvement hippie à San Fransisco pour la dernière génération.

Comme je l'ai dit, Ken Follett place ses personnages de manière ciblée. On part au début du siècle avec cinq familles: une famille de mineurs gallois, une famille de l'aristocratie anglaise, une famille de la haute société américaine, une famille de l'aristocratie allemande, et une famille d'ouvriers russes. Vous pouvez déjà voir que l'aspect " diversité socio-culturelle " est bien couvert, rien qu'avec ce postulat de départ!

Après, chaque famille a au moins deux enfants, qui ont souvent des positions ou des vues opposées. Les ouvriers russes: un frère intègre qui va faire carrière dans l'armée bolchevique et épouser la fille que son frère laisse derrière lui, enceinte; un frère magouilleur, joueur, roublard, débrouillard, qui va chercher fortune aux USA et y parviendra. Les aristocrates anglais: Fitz, le frère aîné, est super conservateur; alors que Maud, sa soeur, est anti-conventionelle et supporte le droit des femmes.

Toute l'histoire moderne y passe: Pearl Harbor, la Baie des Cochons, la guerre des tranchées avec le joli moment de la trève de Noël (mais si, vous savez, il y a même eu un film là dessus), l'homosexualité dans l'armée (ouais y'a du lourd!), la corruption des politiques, la mafia russe (en URSS ou aux USA), le droit des travailleurs (la mise en place des syndicats) ou des femmes (les suffragettes), le droit des noirs aux Etats Unis (Youpi, Ku Klux Klan et compagnie! (attention ceci est une remarque sarcastique)), la légende de JFK, l'autre non moins légendaire poids lourd politique de l'autre côté du rideau de fer Nikita Krouchtchev, la chute du Mur de Berlin, le mouvement Hippie (Sex Drug and RocknRoll), les exterminations nazies (où est donc passé cet enfant handicapé? hein?), les viols de guerre, Martin Luther King, les Black Panthers, le goulag... TOUT.

Un passage qui m'a fortement intéressée, et que je ne connaissais pas du tout, c'est la course à l'armement nucléaire entre la Russie et les USA. Le Projet Manhattan, ça vous dit quelque chose? Ben moi moi que tchi, jusqu'à ce que ce bon vieux Ken Follett vienne éclairer ma lanterne. D'ailleurs il y a une série inspirée de ces évènements, qu'il faut que je regarde.

Je vous rassure, cette saga n'est pas juste un cours d'histoire magistral. Non , c'est bien mieux que cela! On a des histoires d'amour, des aventures palpitantes, des retrouvailles, du suspense, et des fois même les yeux qui se mouillent.

C'est la beauté même du roman historique: on apprend en se divertissant. Follet a fait un travail de recherche DE FOU. Juste, un truc de malade quoi.

Le dernier tome, comme je l'ai dit, m'a moins convaincue... peut-être le foisonnement de personnages, ou peut-être que Follet en avait lui aussi marre et voulait juste finir. La fin est très chouette, avec l'élection d'un président américain que l'on regrette aujourd'hui tous... L'apogée de la lutte du Dr King.

Il n'en reste pas moins que c'est une saga qui m'a transportée comme jamais et fait réviser mon histoire moderne. En plus c'est bien écrit, ça se lit vite, malgré le fait que ce soient des pavés.

L'auteur: Né en 1949 à Cardiff, Ken Follett écrit des romans d'espionnage et historiques. Follett commence sa carrière en tant que journaliste, puis il se lance dans l'édition. Il écrit à ses heures perdues, et publie son premier roman d'espionnage en 1974 pour payer les frais de réparation de sa voiture. Cette petite anecdote montre déjà qu'il a un sens de l'humour bien british Son roman " L'Arme à l'Oeil ", publié en 1978, lui assure le succès. Depuis, il se consacre à l'écriture.

Son style d'écriture journalistique permet au lecteur de s'immerger dans l'époque dans laquelle Follet veut nous emmener. Les détails foisonnent, et ses recherches très poussées permettent à l'intrigue de ses livres d'être très vraisemblables.

Le site de Ken Follett, très complet, vous en dira plus sur cet auteur que j'apprécie énormément: http://ken-follett.com/fr/

L'histoire: Une fois n'est pas coutume, je vous renvoie à Wikipédia pour le résumé de l'histoire, car c'est juste trop pour moi. Bon, ce n'est pas aussi détaillé que je l'aurais souhaité, mais cela vous donnera une idée de l'intrigue (enfin DES intrigues) - et si vous ne voulez pas de spoilers, il suffit de ne pas cliquer!

Tome 1: La chute des Géants

Tome 2: L'Hiver Du Monde

Tome 3: Aux Portes de L'Eternité

PS: en ces temps contrariés, cette saga historique permet de remettre les choses un peu en perspective... les mouvements de population ont toujours existé et continueront d'exister. Les descendants des personnages de cette saga forment une famille arc-en-ciel... un peu d'anglais, de gallois, de russe, d'allemand, et d'afro-américain. Un beau mélange 🙂