Embouchure —. Endroit où se termine un fleuve ; endroit où un fleuve ou une rivière se jette dans la mer, dans un lac. Mot magnifique et évocateur. Mais parlerait-il faux pour les cours d’eau ? L’embouchure (parent du mot « bouche ») fait référence à l’endroit où débute un processus : l’ingestion, l’assimilation des aliments. En géographie, on lui fait désigner la fin d’un phénomène, là où un cours d’eau se termine, comme la magnifique embouchure de la rivière Ashuapmushuan qui se jette dans le Piékouagami. On propose delta et estuaire comme synonymes. Un peu pompeux. J’en cherche un autre. Si vous avez des suggestions, chers lecteurs, je les recevrai avec plaisir.
Par contre, et pour me contredire moi-même, si on délaisse la géographie physique pour une vision plus anthropomorphique des choses, l’embouchure peut alors désigner le début d’un processus, celui du voyage vers la source d’un cours d’eau, à rebours de courant.
Voilà comment on tergiverse pour montrer la photo d’une rivière qu’on adore…
La langue —. Deux phrases qui ont des pieds et des mains. « La carte n’est
Par où commencer ? Dans les écoles, faire lire aux jeunes des auteurs qui ont du vocabulaire et savent écrire autre chose qu’une série de dialogues mal ficelés. Les bons auteurs abondent dans nos deux langues officielles, qu’on y puise. Mais encore faut-il que les enseignants les connaissent, les fréquentent…
Un enseignant qui arrivait sur le marché du travail me déclarait : « J’ai fini d’étudier. Je vais enfin pouvoir me débarrasser des maudits livres pour faire un peu de place dans le salon de ma femme. » Quelle matière enseignait-il ? Le français. Vous trouvez cela incroyable ? Moi, également. Si je ne l’avais pas entendu de mes propres oreilles et ne m’étais pas assuré qu’il ne plaisantait pas, je ne le croirais pas.
L’auteur : Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose ont ensuite paru chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale(2003), Jakob, fils de Jakob (2004), Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre