Editions Frimousse, collection "Maxi Boum", novembre 2016.
Notions abordées : passion/détestation, transmission, pouvoir de la lecture.
Albert déteste les livres, leurs mots, leurs couvertures, leur vision. Et surtout le plaisir qu'ils procurent. Comme à ses parents ou à sa sœur qui les adooorent.
Eux, ils les aiment tellement qu'il y a des livres partout, qu'ils lisent constamment et par tous temps et qu'ils en parlent inlassablement.
Alors forcément, Albert les déteste encore plus.
Son loisir préféré ?
Je vous le donne en mille : la télévision ! On peut se vautrer devant ou jouer à des jeux vidéo.
Avec elle, il y a de l'action, des créatures terrifiantes, des émotions fortes, des histoires palpitantes...
Grâce à elle, Albert perd ses sourcils froncés et son air renfrogné !
Mais le hic, c'est qu'on lui en offre, toujours, des livres, dans un espoir vain mais tenace.
Alors, pour se protéger de leur vue, Albert les entrepose dans la cabane au fond du jardin.
Un jour, en voulant déposer un nouvel arrivant, Albert voit un petit lapin lire SES livres à LUI!
Il est furieux, ce sont SES livres et personne n'a le droit d'y toucher puisque LUI ne les aime pas.
Quand même, quel culot ce lapin !
Vivement qu'il aille se trouver une bibliothèque ailleurs !
Le problème, c'est que le lapin n'a nullement envie de s'en aller et qu'il en devient même intriguant à rire, à s'absorber comme ça dans SES livres. Ilpleure, il est étonné, il s'esclaffe... Toutes sortes d'émotions s'emparent de lui.
Albert veut comprendre. Mais pour comprendre, il lui faut lire...
Il s'y résout, il le faut bien...
En cachette, dans le noir, la nuit. Faudrait pas qu'on le voie !
Et arrive ce qui devait arriver...
Derrière leur apparente simplicité, les illustrations cachent quelques clins d'œil qui prolongent le texte.
Leurs dessins très peu colorés mais vifs, combinent plusieurs techniques et supports, inversent les points de vue.
Avec un tel propos qui encense les livres et la lecture, et bien qu'il soit un peu caricatural avec les jeux vidéo, cet album ne pouvait que me plaire!
Oui la lecture a un pouvoir. Mais encore lui faut-il trouver son angle d'approche. La réticence du lecteur ne se laissant pas amadouer facilement.
Ici, c'est par le biais de la jalousie matérielle qu'il s'infiltre en Albert. Un désir de possession en apparence inutile mais qui reproduit celui de sa famille et qui, in fine, ne profite pas qu'à lui seul.
Car ce pouvoir sait se répandre. Il est contagieux.
Plaisir solitaire de lecture mais besoin impérieux de partages.
J'en ai déjà parlé ICI au-travers de l'album de Malika Doray : Ce livre-là.