Paula Fox. (c) Avery Hudson.
On apprend le décès, le mercredi 1er mars à Brooklyn, de la romancière américaine Paula Fox, âgée de 93 ans. Elle était née à Manhattan le 22 avril 1923. Fille d'un père irlandais et d'une mère espagnole, elle a grandi en Californie, à Cuba et au Québec. Après des études à l'université de Columbia, qu'elle a abandonnées pour se consacrer au piano, elle a exercé divers métiers, dont celui de reporter en Europe. Elle en fera un livre, soixante ans après. Dans les années soixante, elle a enseigné à l'université de New York et de Pennsylvanie et a commencé à écrire à cette époque.
En 1967 paraît son premier roman pour adultes, "Poor Georges!" ("Pauvre Georges!", traduit de l'américain par Marie-Hélène Dumas, Fayard, 1989). Suivent "Desperate characters" en 1970 ("Personnages désespérés", traduit de l'américain par Marie-Hélène Dumas, Fayard, 1988), qui subjuguera Jonathan Frantzen, "The Widow's Children" en 1976 ("Les Enfants de la veuve", traduit de l'américain par Marie-Hélène Dumas, Robert Laffont, 1979, 224 pages).
En 1996, l'écrivain Jonathan Frantzen publie un article où il évoque longuement Paula Fox, dont tous les titres sont alors épuisés aux Etats-Unis. L'éditeur américain W. W. Norton, séduit, décide de la republier. En 2004, Joëlle Losfeld fait de même en français, la traduire et republier les épuisés. Elle commence avec "Le Dieu des cauchemars" ("The God of Nightmares", 1990, traduit de l'américain par Marie-Hélène Dumas, 224 pages), poursuit en 2005 avec "La légende d'une servante" ("A Servant's Tale", 1984, traduit de l'américain par Marie-Hélène Dumas, 432 pages), et en 2007, avec "Côte Ouest" ("The Western Coast", 1972, traduit de l'américain par Marie-Hélène Dumas, 456 pages). En parallèle, elle rend à nouveau disponible les titres épuisés.
Elle poursuit aussi avec la publication des deux essais de Paula Fox: en 2008, "Parure d'emprunt" ("Borrowed Finery", 2001), ses mémoires, et en 2012, "L'hiver le plus froid" ("The Coldest Winter: A Stringer in Liberated Europe", 2005, traduit de l'américain par Marie-Hélène Dumas, 128 pages), le récit de son voyage dans l'Europe dans l'immédiat après-guerre.
Depuis un peu plus de dix ans, Paula Fox est rendue à sa juste valeur!
Six de ses titres existent en collection Folio.
Du côté de la jeunesse, cela a été différent. Dès ses débuts d'écrivain, Paula Fox s'est partagée entre lecteurs adultes et lecteurs enfants. Si elle obtint un double succès critique aux Etats-Unis, pendant longtemps, on l'a mieux connue chez nous, et depuis plus longtemps, pour ses romans jeunesse. Elle obtint en 1978 le prix Andersen, considéré alors comme l'équivalent jeunesse du Nobel de littérature.
Ce plaisant roman, aujourd'hui épuisé, destiné aux lecteurs dès 7 ans met en scène un enfant plus vrai que nature. Sa chambre est à la fois zoo et espace d'exposition pour de multiples collections. Peu convaincus, ses père, mère et oncle s'y mettent chacun à leur manière pour l'obliger à tout ranger et se ranger. Mais Maurice résiste...
Les autres textes de Paula Fox s'adressent aux ados. Extrêmement forts et humains, ils sont écrits avec autant de précision que de sensibilité. Ils touchent au cœur, font naître de belles émotions, justes, vraies. On y pleure parfois, on y sourit aussi car l'auteur ne cherche pas les effets. Bien placée pour savoir que la vie n'est pas un long fleuve tranquille, elle raconte l'existence, avec vivacité et en demi-teintes, et laisse place au destin. Comme si rien n'était définitivement blanc ou noir.
Ce livre, comme tous ceux de Paula Fox, fait grandir.